Dimanche 4 décembre, en région parisienne, messe dominicale dans une grande église bien remplie. Sermon d’un jeune vicaire. Etonnement de l’assemblée : le prêtre crie sa colère contre la déferlante pornographique, puis contre les atteintes à la vie. Les mots employés dramatisent la situation, comme la puissance du ton  et le fond du discours. Pas un bruit dans l’église. Les fidèles écoutent. Peut-être se disent-ils : enfin ! Du moins faut-il l’espérer…Car il se fait rare d’entendre de tels sermons, sur des sujets pourtant essentiels. Posons clairement la question : ce prêtre courageux n’est-il pas trop seul ?

Disons les choses en vérité : trop souvent, dans nos combats pour les valeurs, nous nous sentons seuls. Très seuls. Beaucoup trop seuls. Terriblement seuls. Que nous soyons violemment critiqués par ceux que nous combattons, cela est dans la logique des choses. Mais que nous soyons régulièrement contrés, voire puissamment attaqués par ceux qui, de façon logique, devraient former avec les résistants que nous sommes un front uni de résistance, voilà qui, pour le moins, pose problème.

Quelques exemples, parmi tant d’autres :

  • Lorsque nous luttons de toutes nos forces et avec les moyens qui sont les nôtres contre le tsunami pornographique, nous aimerions que l’Eglise nous épaule de tout son poids en hurlant avec nous sa colère : nous n’entendons, sporadiquement, que de biens faibles, de trop faibles cris.
  • Lorsque nous organisons  pendant des années des conférences mensuelles à l’Espace Bernanos de Paris, et que nous sommes brutalement évincés par le curé propriétaire des lieux, qui nous considère désormais  personnae non gratae, alors que nos derniers invités étaient les responsables de l’Aide à l’Eglise en détresse, ou de Radio Notre Dame, ou de la Fondation Lejeune ou de tant d’autres institutions de « résistance catholique », nous sommes attristés par tant de soumission au politiquement correct.
  •  Lorsqu’un magazine s’affichant catholique refuse de publier notre notation des candidats à la primaire de novembre, alors que le mieux noté est un catholique revendiqué, nous ne pouvons que nous poser des questions sur le sens du mot « catholique ».
  •  Lorsqu’il nous faut créer en septembre dernier le collectif On Ne Lâche Rien, pour que l’abrogation de la funeste loi Taubira reste au cœur du combat politique pour les élections du printemps 2017, nous sommes pour le moins dubitatifs sur la capacité de ceux qui se disent résistants à cette loi épouvantable à vouloir résister vraiment à cette loi épouvantable...
  •  Quand les évêques publient en septembre dernier une Lettre qui est à la résistance aux forces de déconstruction ce que la ligne Maginot fut à la résistance à l’invasion allemande, nous pouvons raisonnablement nous poser la question importante : qui résiste vraiment, aujourd’hui.

Un dernier exemple, en forme de cerise sur le gâteau : quand le Tribunal Populaire Ecclésial de Bayonne, composé de quatre vingt dix prêtres s’autoproclamant juges, met en accusation l’évêque du lieu, le très courageux Monseigneur Marc Aillet, ce retour inattendu des vents mauvais de mai 1968, ou, peut-être pire, du Tribunal révolutionnaire de 1793, ne peut que nous laisser pantois.

Le sermon du 4 décembre du jeune prêtre ci-dessus cité ravive la flamme de l’Espérance : l’héroïque père Popiełuszko a fait des émules. Car celui-ci, luttant avec son seul micro contre les Forces du Mal qui ensanglantaient la Pologne, ne s’embarrassait pas de mais, oui mais, si, peut-être : il disait la Vérité, déshabillée de toutes  les scories qui la travestissent. Prenant tous les risques pour lui-même, il fustigeait quotidiennement le dramatique régime communiste qui tentait d’étouffer son pays. A cause de cela, il fut torturé puis tué, dans des conditions atroces. Son sacrifice n’a pas été vain : il a grandement contribué à l’écroulement brutal d’une épouvantable dictature.

Si notre pays continue de s’effondrer, il faudra beaucoup moins de mais, oui mais, si, peut-être, et beaucoup plus d’authentiques résistants disant les choses en vérité, à leurs risques et périls.

A cet égard, le sermon du 4 décembre est une belle lumière dans la nuit que vit actuellement la France, nuit de soumission d’une immense majorité des élites au politiquement correct, et donc au déclin assumé de notre pays.

 

François Billot de Lochner,

président de la Fondation de Service politique,

de Liberté politique et de France Audace.