L’acteur Mathieu Kassovitz, l’un des porte-paroles favoris de la bonne conscience de gauche, annonce l’apocalypse et la fin de notre civilisation si Donald Trump est réélu à la fin de l’année à la présidence des Etats-Unis. Ce Nostradamus à la petite semaine brille d’une rare intensité au firmament de l’anti-trumpisme (et de la stupidité) primaires qui caractérisent nos élites auto-proclamées…
L’anti-trumpisme est en effet une discipline très répandue en France, un passage quasi-obligé pour les journalistes, acteurs, auteurs, députés, diplomates ou même ministres, qui s’y adonnent avec passion. Ces observateurs inquiets de la vie politique américaine – à laquelle ils ne comprennent généralement rien, ou pas grand-chose – nous avaient déjà promis avec gourmandise, en 2016, la victoire d’Hillary Clinton, symbole de féminisme et de progrès. Quelle ne fut pas leur surprise et leur mauvaise humeur quand ils durent avaler la pilule empoisonnée de la victoire républicaine. Il y a quelques mois, à la suite de l’affaire George Floyd, ils reprenaient du poil de la bête : la bavure de la police de Minneapolis allait marquer, à coup sûr, la défaite de l’ignoble Trump, et la victoire des « gentils », à savoir les démocrates, anti-racistes, progressistes, socialistes, libertaires, et autres avorteurs.
La réalité du terrain est plus complexe. Depuis de longues semaines, les Etats-Unis sont secoués par des spasmes violents, manifestant un haut degré de tensions sociales et raciales – qui, cela dit, sont une constante de l’histoire de ce jeune pays, Trump ou pas Trump. Le mouvement #BlackLivesMatter a entraîné une cascade de troubles de grande envergure : guérilla urbaine, délires racialistes, destructions matérielles et symboliques sur tout le territoire. Les militants noirs de la première heure, réclamant la justice pour Floyd, ont très vite été dépassés par une cohorte d’antifas et de révolutionnaires professionnels dont l’objectif politique était on ne peut plus clair : empêcher la réélection de Trump à tout prix. Mais les choses, en politique, ne se passent jamais exactement de la manière attendue. Les flambées de violence et le chaos déplaisent fortement au citoyen américain moyen, amoureux d’ordre et de paix civile. La guerre la plus meurtrière qu’ont connue les Etats-Unis a été une guerre civile et a laissé de terribles souvenirs, encore bien vivants. Le désordre et la violence qui se déchaînent ne peuvent, à la longue, que pousser vers Trump des cohortes d’Américains moyens, démocrates comme républicains, qui n’ont aucune envie de voir leur pays ressembler à une banlieue française, d’autant que son adversaire, le quasi- grabataire Joe Biden, est bien en peine d’apparaître comme un recours dans une période de crise comme celle que nous traversons à l’échelle mondiale.
Dimanche, un « fait divers » survenu à Portland, dans l’Oregon, interprété avec une rare mauvaise foi par les médias français, est venu conforter un peu plus cette situation : un militant pro-Trump a été abattu par un activiste antifa. La presse française (comme Le Monde, au hasard) préfère nous parler d’un mort « en marge » de manifestations entre militants anti-racistes et trumpistes, sans s’appesantir sur les détails de ce crime. La ville de Portland plonge dans une anarchie profonde que bien peu d’Américains sont enclins à accepter : le coronavirus, et les questionnements sur sa gestion par les autorités fédérales, sont désormais bien loin, et il apparaît que Donald Trump a peut-être de bonnes chances d’être réélu.
À l’égard du président des États-Unis, la question n’est plus de savoir si nous le préférerions « plus ceci », ou « moins cela ». N’en déplaise à Monsieur Kassovitz, la victoire de Trump est indispensable si l’on veut espérer continuer à battre en brèche le monstre du politiquement correct et de la culture de mort qui sévit à l’échelle planétaire, et dont les Etats-Unis, par leur culture omniprésente et leur influence, restent la plus vivante des incarnations.
Le démarrage officiel de la campagne de Biden s’est accompagné du soutien massif des déconstructeurs de tous poils, sur tous les plans. Le démarrage de celle de Trump s’est accompagné de discours profondément émouvants et éblouissants d’une Sœur en habit de religieuse ou d’une femme d’exception, ex-reine de l’avortement devenue ardente combattante pour la vie, ou d'un magnifique Ave Maria de Gounod chanté devant Donald Trump et sa famille, depuis un balcon de la Maison-Blanche. En contemplant un tel spectacle, il n’est plus permis de désespérer : avec l’aide du Ciel, il est fort possible que les démocrates, dont les fondements sont à maints égards diaboliques, essuient un cuisant revers électoral dans quelques semaines. Nous devons l’espérer.
François Billot de Lochner
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