Jeudi matin, à Annecy en Haute-Savoie, un individu syrien d’une trentaine d’années a attaqué des enfants au couteau au bord du lac. Un crime abject qui a été suivi d’un traitement médiatique et politique écœurant.

La scène a fait le tour des réseaux sociaux, filmée par des passants, commentée par le tout-venant. Des enfants dans des poussettes ont été poignardés par un individu portant une sorte de turban et arborant, semble-t-il, une croix autour du cou. Immédiatement, les messages d’élus sur les réseaux sociaux ont foisonné. La prise de parole du député de la majorité Aurore Bergé (présidente du groupe Renaissance) a mis le feu aux poudres. Interrogée à l’Assemblée nationale, elle a dénoncé les oppositions qui continuaient de débattre de la réforme des retraites évoquant « une espèce de bataille de chiffonniers sur une recevabilité ou non d’amendements nous paraît en total décalage par rapport à l’effroi qui […] submerge notre pays. »

 

Guerre de récupération

 

Ces déclarations indignes ont suscité des réactions en chaîne dans les oppositions. Le Rassemblement National a été accusé de « récupération » car évoquant le phénomène migratoire ; la Nupes en a profité pour écorcher la majorité et le RN ; certains éléments de la France Insoumise se sont même félicités que l’individu soit chrétien et pas musulman… Chacun a joué sa petite musique alors que quatre enfants et deux adultes ont été poignardés. L’immédiateté induite par les réseaux sociaux et les chaînes en continue profitent, pour ce genre de drame, à une suraccumulation de réactions aussi inutiles qu’affligeantes.

 

La dignité implique parfois de se taire

 

Il sera bien temps, plus tard, de tirer les leçons du drame. En focalisant sur les récupérations des uns et des autres, on en vient à saborder la compassion que l’on se doit d’éprouver pour les victimes. La colère est légitime mais elle devra servir de moteur plus tard. Le personnel politique commente tout, ce qui n’a pas d’importance comme ce qui est dramatique, avec la même grille de lecture et une froideur inquiétante. La colère populaire est légitime et s’explique par l’impuissance des citoyens ; le guignol tragique des politiques quant à lui a quelque chose d’écœurant.

 

Quand un drame a lieu, il faut savoir prendre ses responsabilités et rester humble. C’est ce qu’a fait l’évêque d’Annecy, Yves Le Saux, qui dira une messe vendredi 9 juin à la cathédrale à 18h à l’intention des victimes et de leurs familles.

 

Olivier Frèrejacques

Délégué général de Liberté Politique

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