En première ligne pour défendre les émeutiers de banlieue, La France Insoumise a entrepris une stratégie électoraliste risquée. Lâché par ses alliés et rattrapé par ses contradictions, le parti de Jean-Luc Mélenchon pourrait s’enfermer dans une logique communautaire et quasi-sectaire.
Illusions perdues de la Nupes
Il y a un an, les Insoumis réussissaient le pari fou d’unir sous leur coupe les communistes, les socialistes et les écologistes pour envoyer une délégation de 151 députés à l’Assemblée, répartis en quatre groupes sous la bannière Nouvelle Union Populaire Écologique et Sociale. Depuis, les divergences idéologiques mais aussi stratégiques et électorales ont entamé l’alliance. Pour les sénatoriales, les Insoumis, dépourvus de maillage territorial, ont été snobés et pour les élections européennes, les autres formations ne semblent pas disposées non plus à une alliance. Sur le terrain idéologique, les outrances du camp mélenchoniste semblent refroidir socialistes et communistes et des confrontations voient le jour à travers des personnalités comme Fabien Roussel et Raphaël Glucksmann
Une hypocrite obsession identitaire
Au cœur des derniers remous dans la Nupes, l’absence de condamnation des violences par les troupes mélenchonnistes. La LFI a adopté une lecture étonnante des violences urbaines, assimilant les émeutes à la lutte des classes. Une perception pour le moins contestable à considérer le niveau d’instruction, de politisation et plus simplement le jeune âge des délinquants durant les émeutes. Est pointé du doigt un « racisme systémique », autrement dit le racisme serait partout en France (sauf dans les populations « victimes » de racisme). Avec 8 députés non blancs sur 75, les Insoumis n’ont cependant pas vraiment de leçon à donner. Les têtes d’affiche de ce parti sont par ailleurs toutes blanches et si l’on regarde avec un peu de malice, on pourrait imaginer que ces blancs se servent de quelques « personnes issues de la diversité » pour assurer leur petite rente électorale…
Comme dans une certaine presse de gauche et dans un environnement universitaire et associatif de gauche toujours, les donneurs de leçon lavent plus blanc que blanc.
Enfin, en pointe dans le discours féministe, le parti a été éclaboussé par l’affaire Quatennens du nom du député du Nord accusé d’avoir fait subir « des violences physiques et morales » à son épouse.
De riches élus, révolutionnaires de salon
En posant avec des jeunes de banlieue sur un escalier, singeant leurs gestes des mains, le député Léaumant illustre les contradictions inhérentes au discours Insoumis. Avec des revenus dépassant les 5 000 euros mensuels, l’élu s’exhibe sur les réseaux sociaux, causant révolution, Robespierre et Commune. À l’instar de son compère Louis Boyard, il n’a cependant rien d’un quelconque révolutionnaire. Le jour où l’un de ces personnages recevra une correction, il se précipitera sur les plateaux télé du « grand capital » pour jouer les victimes, y compris si la chaîne appartient à Vincent Bolloré. Pour comprendre qui sont ces élus Insoumis, il convient aussi de s’intéresser à leur circonscription et à leur lieu de résidence. Lorsque l’on croise les informations, on pourrait se rendre compte que, par exemple, les députés de Seine-Saint-Denis n’y vivent pas nécessairement... Ce n’est pas illégal mais cela dénote d’un certain rapport au « territoire » et à l’électeur.
En tentant coûte que coûte à faire prendre une hypothétique « convergence des luttes », la France Insoumise s’est enfermée dans une radicalité qui pourrait la mener dans une impasse électorale. Rattrapé par ses contradictions, le parti voit ses alliés lui tourner le dos et surtout il dispose d’un temps limité. Car, un jour, son électorat voudra prendre sa place, remplacer les petits blancs de gauche, et il sera alors grand temps de faire de la place et/ou de disparaître…
Olivier Frèrejacques
Délégué général de Liberté Politique
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