Dans la course à la présidentielle, François Fillon n’est pas bien parti. Pourquoi ? Est-ce parce que la meute hurlante des chiens de garde du Système le saigne en abondance et va finir par le tuer ? Parce qu’il s’affirme « à contre-courant », ce que le dit Système ne peut tolérer ? Parce que sa tête de gendre idéal est une insulte au Système ? Ces raisons sont-elles les bonnes raisons ? Non, sans doute, ou pas seulement ces raisons : les vraies motifs de son possible échec sont à rechercher ailleurs.
Première raison : lorsque l’on veut donner l’image du gendre idéal, il faut être… un gendre idéal. Il ne faut donc pas se comparer aux innombrables politiciens qui ne sont pas des gendres idéaux, quand bien même ils sont gendres. Il faut être en revanche dans la posture de l’homme irréprochable. Les Français le sentent intuitivement : de Gaulle n’aurait jamais employé Tante Yvonne, même s’il avait pu le faire en toute légalité. Légalité et moralité sont deux choses différentes. La majorité des électeurs gagnent moins de 2000 euros nets par mois : à tort ou à raison, nombre d’entre eux n’accepteront jamais un système dans lequel l’épouse d’un homme politique peut gagner le double de leur salaire, ce système fut-il légal. Ainsi, François Fillon ne pourra récupérer des centaines de milliers de voix de droite, désormais un peu plus écoeurées par la classe politique. C’est ainsi. Or, ces voix lui manqueront cruellement au printemps prochain.
Seconde raison : Pénélope est évidemment une femme importante, mais les vrais sujets du jour sont-ils là ? L’erreur de François Fillon est de n’avoir pas compris que les Français veulent un chef de guerre, qui affiche une détermination sans faille à renverser la table pour redresser la France. Or, la posture de François Fillon a plutôt consisté à essayer de redresser sa table branlante en donnant des gages à la meute déchaînée du Système. Il s’est donc, d’une certaine façon, soumis au Système, qu’il fallait probablement brusquer avec force et courage, attaquer sans relâche, démolir autant que possible : les Français de droite auraient apprécié. Fillon s’est posément ajusté au Système, de façon défensive : il ne s’est pas révélé être un chef.
Troisième raison : en quelques semaines, certaines positions du candidat ont pu sembler contradictoires ou malhabiles, donnant, là encore, le sentiment que l’homme était inféodé à un Système auquel il voulait donner des gages, alors que le dit Système se moque des gages comme de sa dernière chaussette, puisque son seul et unique objectif est de tuer politiquement cette candidature. Fillon renouvelle de façon éclatante l’incroyable erreur de Sarkozy : ma droite étant assurée, j’ouvre à gauche. Cela peut lui valoir d’être sorti sèchement de la vie politique, tout comme l’a été Sarkozy, qui semble d’ailleurs n’avoir toujours rien compris, démontrant à l’envi que l’aveuglement des dirigeants politiques actuels prend des proportions effrayantes. Car aujourd’hui, il n’est pas du tout sûr que la droite de Fillon soit si bien assurée. Elle est même, à ce jour, assez peu assurée. Or, Fillon ne mordra jamais sur la gauche, mais Macron mordra très certainement sur la droite.
De tout cela, il résulte que François Fillon peut perdre au premier tour de la présidentielle : son score pourrait tourner autour de 20% seulement, quand Marine caracolera certainement entre 25 et 30% des suffrages, et Macron entre 20 et 25% peut-être. Si tel est le cas, François Fillon devra s’en prendre prioritairement à lui-même, le déchaînement du Système n’ayant été, finalement, que le coup de pied de l’âne.
François Billot de Lochner,
président de la Fondation de Service politique,
de Liberté politique et de France Audace.
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