Un fait divers sordide survenu à Minneapolis, à savoir la mort d’un certain George Floyd, afro-américain, au moment de son arrestation, par la faute d’un policier blanc, Derek Chauvin, met depuis une dizaine de jours les États-Unis dans un état de chaos, et l’onde de choc en vient à toucher toutes les capitales du monde occidental bien-pensant.
La mort de cet homme – qui n’était pas l’innocent qu’on voudrait nous dépeindre – n’est certes pas glorieuse, et le policier responsable avait fait l’objet de dix-huit plaintes en interne. Il fait aujourd’hui l’objet d’une accusation pour meurtre sans préméditation. Donald Trump, dès l’annonce de la nouvelle, a eu des mots très clairs pour condamner la violence de l’interpellation ayant conduit à la mort de Floyd. Mais peu importe, le discernement n’est pas à l’ordre du jour : George Floyd est noir, Derek Chauvin est blanc, et ce drame est devenu l’allume-feu idéal d’un brasier international de bonne conscience sur fond de délires racialistes. En quelques jours, des vagues de violence urbaine, parties de Minneapolis, sont venues submerger les États-Unis, pour protester contre la dictature blanche, le racisme, et bien sûr, contre Trump.
Les émeutes raciales ne sont guère une nouveauté outre-Atlantique. Cette fois, leur ampleur et leur diffusion sur tout le territoire étonnent, mais il faut y regarder de plus près. De nombreuses manifestations, émanant des communautés noires, se sont faites de manière pacifique. Mais s’y sont greffés des groupes antifas, des agitateurs d’extrême-gauche aux méthodes révolutionnaires et violentes, prêts à tout pour déstabiliser le pouvoir. Nous connaissons bien ce mécanisme, que nous avons pu observer en France à la faveur de la crise des Gilets jaunes. Des membres de l’élite bourgeoise endossent leur costume d’émeutiers pour souffler sur les braises. Il s’agit bien d’une lutte politique, et le premier objectif visé à travers la mort de George Floyd est la déstabilisation de Donald Trump. Dans les États gouvernés par les démocrates, les autorités ne font pas grand-chose pour obtenir le retour à l’ordre.
Le plus grave dans les événements américains est la contagion du politiquement correct qui s’en est suivie jusque chez nous. À Hyde Park comme place de la République, on vocifère contre le racisme. Nos sociétés sont bien promptes à s’américaniser pour le pire, et rarement pour le meilleur. Depuis quelques jours, on doit subir un torrent d’absurdités à la faveur de déclarations dégoulinantes contre la haine, des amalgames insensés entre la situation américaine – où il existe chez certains un racisme structurel, complexe, hérité de l’histoire, mais loin d’être universellement répandu comme on voudrait nous le faire croire – et la situation française, avec des tensions résultant d’une immigration récente incontrôlée, qui n’a rigoureusement rien à voir. Le sommet a été atteint avec la résurrection de manifestations de soutiens à Adama Traoré, décédé à la suite d’une interpellation policière en 2016. Le jugement avait conclu à l’innocence des policiers dans sa mort, mais tout est permis en termes d’amalgame quand c’est pour la bonne cause ! George Floyd, Adama Traoré, même combat… Etudiants, gauchistes et artistes importent avec allégresse des slogans venus de l’extrême-gauche américaine, comme « Black Lives Matter », qui font tout pour sur-raciser les individus au mépris de la dignité de la personne. Ils atteignent ainsi à coups de hashtags l’extase mystique de la bien-pensance facile, pourquoi donc s’en priver ?
Pour l’instant, aux États-Unis, la violence est partout, et peut inquiéter toute une frange décisive de l’électorat de Donald Trump, une classe moyenne blanche qui aspire au retour au calme. Cela sera-t-il suffisant ? Joe Biden, l’adversaire démocrate de Trump pour la présidentielle, grimpe en flèche dans les sondages. Si l’affaire Floyd finissait par avoir raison du président sortant, les conséquences seraient pour tous gravissimes. Ce serait un coup d’arrêt radical à une reconquête conservatrice qui avait déjà envoyé des signaux extrêmement puissants d’inversion de la tendance politiquement correcte : que l’on se rappelle la participation de Trump à la Marche pour la vie à Washington, ou encore, récemment, le refus des Etats-Unis de financer la douteuse OMS. La lutte se fait dans la rue, mais aussi sur les réseaux sociaux, qui dévoilent enfin leur vrai visage, pour ceux qui auraient encore des doutes, avec la censure assumée par Snapchat ou Twitter des propos de Trump. La défaite de Trump, encore difficilement envisageable il y a quelques semaines compte tenu de ses excellents résultats économiques, serait un formidable encouragement à la reprise des élucubrations progressistes, au contrôle de la parole, aux idéologies genrées et racialistes, et tout cela à l’échelle internationale. Il y a là un sérieux motif d’inquiétude.
Constance Prazel
Rédactrice en chef de la revue Liberté politique