[Communiqué] — Depuis quelques semaines les médias ont largement rapporté les polémiques suscitées par l'organisation d'une rave-party dans notre département (le Morbihan, Ndlr). Jusqu'à présent les querelles ont porté essentiellement sur le choix du lieu où elle pourrait être organisée.
Les agriculteurs refusent que leurs terres soient réquisitionnées. On comprend bien qu'ils ne souhaitent ni que leur outil de travail soit vandalisé ni que le fruit de leur labeur soit ruiné en quarante-huit heures. Le monde paysan connaît suffisamment de difficultés pour n'avoir pas à supporter cette épreuve supplémentaire. Le choix de l'aérodrome de Meucon pose d'autres difficultés et rencontre d'autres oppositions.
Toutefois, par delà la défense des intérêts légitimes de chacun, personne ne semble s'interroger sur les questions de fond qui m'apparaissent pourtant bien plus préoccupantes.
Zone de non-droit
Tout le monde connaît la nature de tels rassemblements et les débordements auxquels ils donnent lieu. Accepter la tenue d'une rave-party consiste à organiser, pour le profit de quelques-uns, et aux frais des contribuables, une zone de non-droit au cœur de laquelle toutes les déviances et tous les trafics sont favorisés.
Accepter la tenue d'une rave-party, ce n'est pas seulement mettre en péril l'écosystème : les premières victimes sont les jeunes eux-mêmes. Les accidents mortels dus à la consommation de substances illicites endeuillent fréquemment les manifestations de ce genre et les conséquences néfastes sur la santé physique et psychique des participants sont innombrables.
Accepter la tenue d'une rave-party, c'est banaliser la violence et soumettre à de graves dangers une jeunesse en manque de repères et de valeurs.
La liberté de s'amuser inclut-elle la liberté de se dégrader et de se détruire ?
Notre société n'a-t-elle rien d'autre à proposer à sa jeunesse ?
Un temps de prière et d'adoration
J'invite toutes les communautés chrétiennes du diocèse à se montrer attentives aux jeunes, à multiplier les occasions d'entrer en contact avec eux et à être à l'écoute des problèmes et des difficultés qui sont les leurs.
A la demande de nombreux parents, un temps de prière et d'adoration sera organisé pendant toute la durée du Teknival à la chapelle de la Maison du diocèse où le Saint Sacrement sera exposé du samedi 1er juillet à 20h00 au dimanche 2 juillet à 19h00.
J'invite aussi toutes les communautés religieuses, les maisons de retraite de prêtres, et les paroisses éloignées de Vannes à porter cette intention dans leurs prières.
*+ Mgr Raymond Centène,
évêque de Vannes,
le 20 juin 2006
Source : Diocèse de Vannes. Titre et intertitres de la rédaction.
Souvenir
C'était la "rave" géante de Paule : une gigantesque foire à la drogue
Décryptage, 7 août 2001
PAULE (Côte-d'Armor) — "Une rave, c'est tout sauf sympa !" Telle est la conclusion de Patrick Lijeour, maire de Paule, petite commune des Côtes-d'Armor, qui a subi l'invasion de 30 à 40000 "raveurs", en marge du Festival des Vieilles Charrues qui se déroulait à 15 km de là, à Carhaix, du 19 au 22 juillet.
Pendant trois jours, les "teufeurs" ont établi leur campement sur deux vastes prairies où les murs d'enceintes ont déversé leur musique sans interruption. La pluie s'étant mise de la partie, le site est devenu un gigantesque bourbier jonché d'ordures, dominé par une odeur nauséabonde.
Pour les habitants de la commune, c'est une expérience dramatique. "Maintenant, je suis comme au lendemain de l'ouragan de 1987, vidé", témoigne l'un d'entre eux à Ouest France. Un agriculteur exprime son dégoût : "En trois jours, on a vu tout ce qui est interdit se dérouler sous nos yeux... Nous avons dû monter la garde toute la nuit dans le hangar de mon voisin. Ils avaient froid, ils voulaient faire du feu... ça nous rend tous malades ici." Un père de famille témoigne lui aussi : "Mes enfants grandissent. Je commence à les mettre en garde contre la drogue. Pendant trois jours, ils ont tout vu de leur chambre. Des gens en train de se piquer, de dealer. Et le reste ..."
La drogue. Quatre dealers ont été arrêtés à Chateaulin : ils avaient de la cocaïne et de l'héroïne dans leur voiture et une somme de 62000 F, leur vente du week-end. "La drogue se vendait à ciel ouvert comme à la criée", déclarent-ils pour se disculper. Ils n'étaient évidemment pas les seuls à commercer. Bien sûr, tous les "teufeurs" n'étaient pas là pour se droguer. Le journaliste de Ouest France demande au maire : "Qu'est ce qui vous gêne le plus dans un rassemblement comme le Teknival ?" Réponse de bon sens : "Voir des jeunes qui pourraient être mes enfants venir là sans avoir forcément envie de consommer de la drogue. Mais une fois arrivés ici, ils ont tout ce qu'on peut imaginer à leur disposition. Le dernier jour les cachets d'ecstasy étaient vendus à 5 F seulement. J'ai peur que des jeunes d'à peine 18 ans ne résistent pas à un, deux ou trois week-end comme celui-ci... Il faut arrêter les discours lénifiants du type, les raves c'est sympa... Je pense à tous ceux dans l'Education nationale, dans les associations ou ailleurs qui dépensent beaucoup d'énergie à faire de la prévention. En un week-end tout ce travail est réduit à néant."
Autre question : Qui finance ces rassemblements ? Il faut un argent considérable pour mobiliser le matériel, le transporter, le mettre en place. Qui paie tout cela ? Les marchands de drogue ?
Toutes questions ou observations qui pourraient être transmises au ministre de l'Education nationale ou au secrétaire d'Etat à la Santé et à tous les députés qui ont refusé de mettre en place le moindre contrôle des raves. Les services publics se sentent évidemment concernés : la préfecture a mobilisé pompiers, gendarmes, CRS et personnel de l'Equipement, grâce à quoi "aucun incident grave n'a été à déplorer. L'attitude responsable des habitants et des élus locaux a permis aux forces de l'ordre d'éviter tous les débordements".
"Triste lendemain de rave à Paule," titre Ouest-France. Tristes fêtes où de jeunes Français, par dizaines de milliers, s'enfoncent dans la culture de mort. La fête voisine, "officielle," des Vieilles Charrues d'où sont venus une bonne partie des raveurs est, elle aussi, marquée par la mort : une jeune homme de vingt-quatre ans a été écrasé par un camion, le lundi matin. Il dormait, enveloppé dans des sacs poubelles, sur le site des concerts rock. © [Décryptage]
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