Le diocèse de Lyon diffuse le texte de la conférence de Mgr Philippe Barbarin, transmis à l’occasion du symposium organisé pour le cinquantième anniversaire de la mort de Robert Schuman, à Metz, samedi 7 septembre 2013. Le cardinal dresse le portrait de l’homme politique chrétien, et ce que l’on peut attendre de lui.
« Pour remercier l’Institut Saint Benoît de cette invitation à laquelle je ne peux répondre comme je l’aurais souhaité — mais je suis sûr que vous pardonnez mon absence —, je voudrais commencer par un épisode « bénédictin », si je puis dire, qui reste gravé dans ma mémoire.
C’était le 19 avril 2005. Il était à peine plus de 17h30 dans la chapelle Sixtine et le conclave prenait fin au moment où le nouveau Pape, Benoît XVI, venait d’accepter sa charge. On lui demanda alors quel nom il choisissait, et il répondit « Benoît ». Pour expliquer les raisons de son choix, il rappela que le dernier à avoir porté ce nom, Benoît XV, avait eu un pontificat court (c’était une manière de dire qu’il n’oubliait pas son âge) et qu’ayant commencé sa mission en 1914, il avait surtout travaillé à la paix. « Je voudrais moi aussi, poursuivit alors Benoît XVI, vivre un pontificat de paix et de réconciliation, un pontificat de travail…. qui sera sans doute aussi chargé de souffrance. »
Il fit ensuite allusion à saint Benoît, évoquant l’importance de la contemplation dans la vie de l’Eglise et rappelant qu’il est le patron de l’Europe. Dans son enfance et sa jeunesse, Joseph Ratzinger, proche en cela de Robert Schuman, avait vécu très durement les conséquences de ces conflits répétés, aussi cruels qu’absurdes entre sa patrie, l’Allemagne, et la France qu’il a toujours estimée et dont il aime tellement la culture. La construction de l’Europe est pour Benoît XVI une victoire magnifique, puisqu’elle donne à nos deux peuples, partenaires de nombreuses nations voisines, la certitude que jamais plus désormais, ils ne se feront la guerre. Il exprima le souhait que cette initiative incite d’autres parties du monde à établir ainsi des coopérations régionales pour mettre fin à ces conflits entre pays limitrophes qui ensanglantent encore trop souvent notre planète. Puis il termina en parlant du Christ, exprimant son désir de Le suivre, de Le servir, de L’annoncer et si possible … de Le montrer par toute sa vie.
Je tiens aussi à vous remercier de cette demande qui m’a permis, en réfléchissant à la mission de l’homme politique chrétien, de découvrir la figure de Robert Schuman, de faire vraiment connaissance avec lui, à l’occasion du 50ème anniversaire de son décès.
Je voudrais vous proposer une réflexion en trois temps : porter d’abord notre attention sur ces deux adjectifs accolés dans l’expression « un homme politique chrétien », puis, dans un second temps, réfléchir à ce que l’on attend d’un homme politique en général, et d’un chrétien, en particulier. Enfin, dans une troisième partie, j’évoquerai le décalage entre la logique du monde et celle du Royaume. C’est une tension, et souvent une souffrance, puisqu’un disciple du Christ cherche à comprendre et à aimer le monde dans lequel Dieu l’envoie, sans en épouser la logique, puisqu’il prie pour que le Règne de Dieu vienne « sur la terre comme au ciel ».
Le texte intégral de la conférence est disponible en téléchargement (pdf)