Source [Le Salon Beige] Le Monde constate que les Français ne connaissent pas cet européiste fanatique.
Sa voix, douce et monocorde, est étouffée par le masque. Le patron de la Licorne a beau tendre l’oreille, il n’entend pas bien Michel Barnier venu visiter sa brasserie vendredi 22 octobre à Saverne (Bas-Rhin).Silhouette élancée, costume impeccable et cheveux argentés, le candidat à l’investiture du parti Les Républicains écoute, appliqué, ce « brasseur de père en fils » lui parler amidon et céréales. En partant, il croise deux salariés. « J’ai visité votre entreprise, les hèle le Savoyard, sympa et pro !
– Vous avez goûté nos bières, alors ?, gloussent-ils.
– Oh, il ne faut pas que je boive trop…, vous savez ! », sourit Barnier.
Les salariés lui lancent un regard interdit. L’invité comprend qu’il doit se présenter : « Michel Barnier, candidat à la présidence de la République. » Ses interlocuteurs écarquillent les yeux, puis s’esclaffent : « Ah bon ? Ce n’est pas Zemmour, le candidat ? »
Peu connu en France, l’ancien négociateur du Brexit a du chemin à faire avant le congrès de LR qui désignera son candidat le 4 décembre. Il a installé son QG juste derrière l’Elysée, et confié la direction de sa campagne à l’ancienne conseillère de Jacques Chirac, Marie-Claire Carrère-Gée, secondée par un noyau de parlementaires, dont Brigitte Kuster, Arnaud Danjean, Patrick Hetzel, François Cornut-Gentille, Olivier Marleix, ou encore le trésorier du parti, Daniel Fasquelle. Le maire de Meaux Jean-François Copé pourrait annoncer son soutien, lui aussi. […]
L’accord du Brexit a pesé lourd dans sa décision de se présenter à la présidentielle en France, qu’il a pourtant quittée quinze ans au profit de la technostructure bruxelloise. […]
Lui affiche cette méthode concertation et sens du collectif pour se démarquer sur la forme d’Emmanuel Macron dont il n’a jamais été très éloigné sur le fond, quoi qu’il en dise aujourd’hui. « Vous ne pouvez pas diriger la France sans mettre tout le monde dans le mouvement » , répète Barnier, qui dénonce une présidence « verticale, arrogante et solitaire » . A l’Elysée, on ironise sur cette soudaine ambition présidentielle, alors que l’ex- « M. Brexit » avait surtout rêvé de prendre la tête de la Commission européenne. Convaincu que Macron ne l’a pas soutenu en 2019, Barnier en garde une amertume. « Je ne suis jamais dans le fatalisme ou le regret, assure-t-il, j’ai appris ça de ma mère, qui disait : “Il ne faut jamais se retourner”. » Mais ses détracteurs à LR continuent de le faire passer pour un « macroniste déçu » , rappelant qu’il a été approché pour Matignon, quand Edouard Philippe est parti. Une condition était posée par l’émissaire de l’Elysée : quitter LR, ce qu’il a refusé.
[…] Il n’a pas hésité, en revanche, à changer de pied, en appelant sur les questions migratoires à « retrouver une souveraineté juridique pour ne plus être soumis aux arrêts de la Cour de justice de l’UE ou de la Cour européenne des droits de l’Homme ». Destinés à plaire à LR, ces propos ont suscité l’incompréhension à Bruxelles, où l’ancien commissaire s’est vu accusé de cynisme et de démagogie. […]
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