Source [Valeurs actuelles] Emmanuel Macron, en avouant aux lecteurs du Parisien avoir “très envie d’emmerder les non-vaccinés”, contraint ceux de son camp à s’aligner sur ses propos insultants. Si la grande majorité de ses députés le suit coûte que coûte, quelques voix discordantes se font entendre…
Jamais dans l’histoire de la République une majorité n’avait été si liée à son chef. Une relation dérangeante tant elle est fusionnelle, presque incestueuse. Les députés En Marche le savent, ils ne doivent leur siège qu’à la figure d’Emmanuel Macron. Pour la plupart, ils sont arrivés en politique par Internet, subitement placardés sur des pancartes A3 où ils partageaient l’affiche avec leur champion. « Votez machin, le candidat d’Emmanuel Macron ! ». Un mot d’esprit, si souvent répété, court toujours : en 2017, une chèvre aurait été élue avec l’étiquette En Marche. Des chèvres candidates, des députés moutons ?
La présidentialisation des législatives observe un double effet pervers. Depuis 2017, les députés marcheurs, novices pour la plupart, sont cornaqués. Le doigt sur la couture du pantalon, ils défendent davantage les intérêts de leurs clan que ceux du peuple souverain. Certains élus de l’opposition, comme Eric Ciotti, ne peuvent qu’observer avec indignation cet agglomérat servile lever et baisser la main selon la consigne gouvernementale. L’Assemblée n’est plus qu’une chambre d’enregistrement, un parlement bismarckien. La loi s’écrit bien davantage dans les travées de Bruxelles ou de Bercy que sous la coupole du Palais Bourbon.
Alors, évidemment, certains craquent. Depuis 2017, les dégoûtés de la Macronie sont légion. Le profil type des démissionnaires ? Des gens venus de la deuxième-gauche, qui imaginaient Macron en nouveau Rocard, épris d’un engagement sincère pour la sociale-démocratie ou la cause écologique. Ils avaient projeté leurs désirs et leurs idéaux sur cet homme au corpus encore flou. Le personnage n’était qu’une page vierge qui restait à inventer. Le temps aura eu raison de leurs illusions.
D’autres s’en vont tout simplement parce qu’ils ne supportent plus la pression d’un groupe parlementaire où le premier qui bouge est immédiatement rattrapé par la patrouille. Le groupe En Marche fonctionne à la verticalité. Il y a le chef, le sous-chef, le sous-sous-chef. Et à l’Assemblée, pourtant par essence le lieu des débats, il n’y a pas — il n’y a plus —à discuter.
Les récents propos du président de la République, empreints d’une violente vulgarité, sonnent comme un nouveau coup de boutoir. La veille de l’interview au Parisien, quel député marcheur se serait permis d’appeler à l’emmerdement des non-vaccinés ? Aucun. En prononçant ces quelques phrases, lancées à la volée sur l’air des tirades de bistrot, le président de la République a libéré la parole de sa majorité.
Le curseur de la violence verbale est monté d’un cran. Haro sur les non-vaccinés. Une partie de la majorité s’en donne à cœur joie. Ainsi, Coralie Dubost, députée LREM de l’Hérault (et ex-compagne à la ville d’Olivier Véran) s’est épanchée sur le plateau de CNews, se félicitant des « propos de vérité » (sic) tenus par le chef de l’Etat. Pascal Praud s’est immédiatement insurgé, qualifiant la députée de « totalement déconnectée » lorsque celle-ci évoquait sourire aux lèvres l’instauration du pass pour les mineurs à partir de 16 ans. Dans les transes, la députée réplique : « Si vous me dites que je suis folle je quitte le plateau ! »
Gabriel Attal reste le fidèle chien de garde du chef de l’Etat, toujours à la pointe pour défendre les intérêts de “l’homme de l’Élysée”. Rien ne l’arrête. A la fin de son point-presse hebdomadaire, il déclare, après un silence calculé : « On va se parler franchement… Qui emmerde la vie de qui aujourd’hui ? » Stratégie du bouc-émissaire et de l’affrontement de tous contre tous.
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