Source [Le Figaro] Pharmaciens et industriels appellent à relocaliser la production en Europe.
Depuis l’apparition du coronavirus, la crainte de pénuries de médicaments resurgit dans les pays occidentaux. Cette peur est légitime, la Chine étant l’un des principaux fabricants de principes actifs, c’est-à-dire de la molécule qui confère au médicament ses propriétés thérapeutiques ou préventives. Elle a beau être utilisée en très faible proportion, elle n’en est pas moins indispensable. Or, depuis vingt ans, la plupart des laboratoires pharmaceutiques ont fait le choix de délocaliser leur production dans des pays à bas coût de main-d’œuvre et soumis à des exigences réglementaires et environnementales moindres Aujourd’hui, 80 % des fabricants de principes actifs se situent hors de l’Union européenne, contre 20 % il y a trente ans. Environ 60 % de la production s’effectue en Chine et en Inde. Outre les principes actifs, une part importante des excipients - ces ingrédients qui facilitent l’absorption et la dissolution du médicament dans l’organisme - et des produits intermédiaires de synthèse y sont aussi produits. En Chine, la plupart de ces usines, environ 2500, situées surtout sur la côte Est, sont aujourd’hui à l’arrêt.
Les laboratoires peuvent toutefois compter sur des stocks de sécurité. Et les plus gros jonglent entre différents fournisseurs. «Il n’y a pas de risque de rupture dans les trois à six mois, indique donc Bernd Schneider, spécialiste de l’industrie chimique au sein de la banque Alantra. En revanche, si le virus continuait à se propager et que les usines ne redémarraient pas, la situation pourrait devenir critique.» Des spéculateurs pourraient aussi profiter de la situation.
«Nous suivons de très près nos stocks», indique ainsi Olivier Laureau, directeur général de Servier. «À court terme, ça va, mais évidemment c’est quelque chose que nous devons continuer à surveiller. Nous sommes préparés pour ce genre de problèmes», a déclaré Emma Walmsley, directrice générale du britannique GSK. Si la situation se dégradait franchement, les labos devraient s’appuyer sur de nouveaux fournisseurs et obtenir leur validation par les autorités de santé.
Les trente-cinq molécules de base en oncologie sont produites en Orient, notamment en Chine, par trois fabricants
Catherine Simonin, secrétaire générale de la Ligue contre le cancer, dans un récent rapport sénatorial
La crise du coronavirus remet aussi sur le devant de la scène le problème récurrent des ruptures de stock de médicaments. En juin dernier, 2318 étaient «en tension» dans les 21. 000 officines de l’Hexagone. «Les trente-cinq molécules de base en oncologie sont produites en Orient, notamment en Chine, par trois fabricants», notait Catherine Simonin, secrétaire générale de la Ligue contre le cancer, dans un récent rapport sénatorial sur le sujet. La situation est encore plus critique pour la fabrication de génériques, encore plus massivement délocalisée. En revanche, les principes actifs les plus complexes, qui entrent dans la composition des médicaments les plus innovants, sont fabriqués dans les pays occidentaux.
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