source[La libération de Raqqa par les forces démocratiques syriennes, soutenues par les frappes aériennes de la coalition menée par Washington.
La libération de Raqqa par les forces démocratiques syriennes, soutenues par les frappes aériennes de la coalition menée par Washington, s'est faite au prix de «bombardements barbares» qui ont lourdement touché les populations civiles, selon Moscou.
Le ministère russe de la Défense s'est vivement ému le 22 octobre du sort de la ville de Raqqa, ex-fief du groupe Etat islamique en Syrie, qui a subi les «bombardements barbares» de la coalition. Le ministère a en effet estimé que le «destin de Raqqa rappel[ait] celui de [la ville allemande de] Dresde en 1945», rasée par les bombardements américains et britanniques sans discernement pour les vies civiles.
3 900 tonnes de bombes avaient alors été larguées sur la ville contrôlée par les nazis, provoquant la mort d'environ 25 000 civils. La nécessité militaire d'une telle action avait été remise en cause par plusieurs personnalités, dont l'ex-Premier ministre britannique Winston Churchill qui estimait qu'elle avait eu pour objectif de terroriser les Allemands.
Raillant les «déclarations triomphalistes» des Etats-Unis, le ministère russe de la Défense a assuré que l'aide occidentale affluait désormais pour restaurer Raqqa de façon à effacer l'étendue de sa destruction. Il a par ailleurs déploré que les propositions d'aide humanitaire faites par Moscou aient été rejetées.
«Il n'y a qu'une seule [raison] à cela. Celle d'effacer les traces des bombardements barbares de l'aviation américaine et de la "coalition" qui ont enterré sous les ruines des milliers de citoyens pacifiques "libérés" par les Etats-Unis», a accusé le ministère, rappelant que Moscou n'avait pas «distingué les "bons" des "mauvais" Syriens» dans le cadre de son offre d'assistance.
Le ministère a en outre laissé entendre que les Etats-Unis exagéraient l'importance stratégique de la chute de Raqqa, qualifiant la ville de «provinciale», de valeur moindre par rapport à Deir ez-Zor, où s'activent les troupes du gouvernement syrien appuyées par Moscou contre des combattants de Daesh.
Stratégie de la destruction à Raqqa ?
Les forces démocratiques syriennes (FDS), une alliance anti-djihadistes à forte composante kurde, ont commencé le siège de Raqqa en juin, soutenues par la coalition internationale dirigée par Washington. Cette dernière a donc mené d'intenses frappes aériennes mais a aussi fourni aux FDS des armes ainsi qu'une assistance au sol, en terme de renseignement et d'entraînement.
Les combats, très âpres, ont causé un exode massif de civils, plus de 270 000 personnes ayant fui vers des camps de réfugiés dans la province, selon une estimation d'Airwars, une organisation de journalistes analysant les frappes aériennes de la coalition contre Daesh. Entre 1 800 et 1 900 civils ont été tués dans les affrontements, dont au moins 1 300 par la coalition, toujours d'après l'organisation. L'ONU estime que plus de 80% des bâtiments de la ville sont désormais inhabitables, et les témoignages sur place confirment qu'aucun bâtiment n'a été laissé indemne.
Cette victoire des FDS à Raqqa, au coût humain très élevé, soulève en outre de fortes interrogations quant à l'avenir politique de la région. Les FDS ont en effet fait part de leur volonté de voir les provinces qu'ils ont libérées dans le nord de la Syrie décider de leur propre avenir «dans le cadre d'une Syrie décentralisée, fédérale et démocratique», dans des propos rapportés le 20 octobre par l'agence de presse Reuters.
Les FDS se sont d'ailleurs engagées à «protéger les frontières de la province contre toutes les menaces extérieures» et à transférer le contrôle de la ville à un conseil civil local.
Avec le recul de Daesh, le risque de nouveaux affrontements, cette fois entre les FDS et l'armée syrienne, est bien réel.