source[Boulevard Voltaire]Jusqu’au dernier instant, Nicolas II a été fidèle à la France.
Jusqu’au dernier instant, le tsar Nicolas II a été fidèle à l’alliance avec la France. Alors que la France lui fut infidèle, sans la moindre honte.
En février-mars 1917, il y a cent ans mais c’était hier, le tsar abdiqua sous la pression d’une rue manipulée par une coalition où les anciens terroristes le disputaient aux nouveaux riches si libéraux.
À Paris, l’opinion « éclairée » – la presse en général – s’enthousiasme pour le nouveau régime qui va certainement marcher dans les traces des grands ancêtres de la Révolution française et mobiliser le peuple russe pour rejeter l’envahisseur allemand…
Nos gouvernants, évidemment, pensent comme la presse, ou plutôt la presse pense comme les gouvernants. Depuis longtemps déjà, suivant les orientations d’outre-Manche et d’outre-Atlantique, l’une et les autres accablent la Russie, le tsar, la cour, de suspicions, reproches et critiques dont la légèreté le dispute à l’ignorance et l’égoïsme : la tsarine (une Allemande), Stürmer (le président du Conseil des ministres, au nom allemand), Raspoutine (le diable) constituent un trio qu’il faut abattre pour sauver la guerre !
En France, une seule idée : renforcer la Révolution et en finir avec l’autocratie. On envoie encore plus de capitaux et de matériel. Surtout, on envoie un ministre, représentant du gouvernement, Albert Thomas, socialiste patriote, orateur abondant mais renommé, et on le charge d’entraîner les sociaux-démocrates et socialistes révolutionnaires vers plus d’efforts, de sacrifices et de morts. Initiative catastrophique, car ses rapports à Paris, empreints de candeur et de naïveté, contredisent et infirment les mises en garde de Maurice Paléologue, notre ambassadeur, qui a les yeux ouverts sur le tourbillon sanglant qui s’annonce.
À aucun moment, ni Poincaré, président de la République – qui avait tant poussé Nicolas II à la guerre trois ans auparavant -, ni Alexandre Ribot, président du Conseil et ministre des Affaires étrangères, juriste éminent, esprit timoré, mais parfait centriste républicain, ni par la suite notre grand Clemenceau, inspirateur de Ribot, n’entreprirent la moindre démarche auprès de Kerenski, puis auprès des bolcheviks.
Certes, ils n’ont pas été pires que le roi d’Angleterre, George V, cousin germain du tsar, et son incertain Lloyd George, grand discoureur gallois, qui refusèrent publiquement l’asile à la famille impériale, alors que Kerenski les avaient sollicités.
Mais n’était-il pas du devoir des chefs de la France, que le sacrifice de la fleur de l’armée du tsar en août 14 à Tannenberg et aux lacs de Mazurie avait sauvée en permettant la victoire de la Marne, d’accueillir avec reconnaissance leur sauveur ?
Abandonnée par l’alliée, son pays livré à des exactions monstrueuses commises au nom d’une idéologie comme il n’y en eut jamais d’aussi féroce, seule, la famille du tsar ne pouvait pas ne pas finir dans la cave de la maison Ipatiev.
Ainsi débutèrent soixante-treize ans de martyre.
Ce qui donne aujourd’hui à la Russie sacrifiée, à son peuple, à ses dirigeants, le droit d’être infiniment respectée par les nations du monde entier, et tout d’abord d’Occident – la France en premier.