Vicaire général de Paris, ancien curé de Saint-Germain-des-Prés, Mgr Benoist de Sinety est un homme important. Présenté par La Croix comme le bras droit du nouvel archevêque de Paris Mgr Aupetit, il s'est fait connaître du grand public à l'occasion de l'homélie qu'il a prononcée lors des funérailles de Johnny Hallyday. Nous avons été heureux d'y apprendre que malgré sa vie, disons un peu chaotique, nous n'avions pas de souci à nous faire sur le sort posthume du défunt, non plus que sur le nôtre d'ailleurs, ce qui est toujours une bonne nouvelle.
Modestement intitulée Il faut que des voix s'élèvent, et sous-titrée Accueil des migrants, un appel au courage, la copieuse épître – en fait un petit livre de 130 pages – de Mgr de Sinety a le mérite de la simplicité. Les catholiques français « petit club d'enfants gâtés…et cyniques » ont l'impérieuse obligation morale d'accueillir tous les immigrés qui se présentent à eux. Combien ? 1, 10, 100 millions ? Nul ne sait. Quand on aime, on ne compte pas ! Ceci parce que « chez l'individu, c'est l'éthique de conviction qui doit prévaloir » et parce que c'est le seul moyen de rester fidèle à « nos valeurs – liberté, égalité, fraternité » et à notre vocation de « patrie des droits de l'homme ». Voici une bien curieuse synthèse de l'Évangile. Cette obligation catégorique ne supporte ni limites ni réserves ! Mélange d'impératif moral kantien, par nature indiscutable, et de posture gaullienne : « L'intendance suivra » !
Cette statue du commandeur est cependant mise à mal par de fâcheuses omissions et d'étranges affirmations.
Ainsi, les mots islam ou musulman ne sont pas employés une seule fois. N'est-ce pas, malgré tout, une partie de la difficulté ? De même, la réalité que constitue l'utilisation de ces flux de migrants par des terroristes islamistes n'est à aucun moment évoquée.
Mgr de Sinety ne tarit pas d'éloges sur la générosité de la chancelière Angela Merkel, accueillant en 2015, en quelques mois, un million de migrants. Il n'est fait aucune mention des 1500 agressions sexuelles commises par des clandestins la nuit du Nouvel An 2016, principalement à Cologne, ni de celles perpétrées par des réfugiés lors de festivals Pop en Suède en 2017. Depuis, madame Merkel a sensiblement révisé sa position.
Des prélats, et non des moindres comme le cardinal guinéen Robert Sarah, dénoncent cette immigration massive : « Vous êtes envahis par d'autres cultures, d'autres peuples, qui vont progressivement vous dominer en nombre et changer totalement votre culture, vos convictions, vos valeurs ». Les lecteurs de Mgr de Sinety n'en sauront rien.
Benoîtement, le vicaire général de Paris affirme sans rire : « Nous n'avons rien fait pour accueillir les migrants » et « Les migrants en situation irrégulière n'ont aucun droit, aucun salaire minimum, aucune couverture sociale ». Quelques faits réfutent ces jugements à l'emporte pièce : l'AME (Aide Médicale d'Etat) réservée aux clandestins coûtera un milliard d'euros en 2018. Tout demandeur d'asile bénéficie de la CMU (Couverture Maladie Universelle). Un réfugié en attente d'une place dans un centre d'hébergement bénéficie d'une ATA (Allocation Temporaire d'Attente) de 340 € par mois. Une AMS (Allocation Mensuelle de Subsistance) variant entre 91 et 718 € par mois peut compléter le pécule, etc. La situation est à ce point dramatique pour les migrants qui souhaitent nous rejoindre, que leur flot ne tarit pas et qu'ainsi, par exemple en 2017, 262 000 titres de séjour ont été accordés.
Mgr de Sinety ne répugne pas à l'énoncé des lieux communs les plus éculés. Ainsi : « Cette terre (la France) a toujours été celle des migrations ». Nous savons depuis les travaux de Jacques Dupâquier (Histoire de la population française) que l'apport des étrangers dans la composition de la population française a été marginal, par rapport aux populations autochtones, jusqu'à la fin du XIXe siècle.
Le principe de non contradiction n'était sans doute pas au programme des études de monseigneur le vicaire général qui affirme : « Le devoir des immigrés de s'intégrer dans le pays d'accueil ne consiste pas à leur demander de devenir des “ gens comme nous ” ». Et « en même temps » : « Chacun de ces déracinés souhaite partager notre vie, espère que nous lui ferons un peu de place après un si long voyage pour qu'à son tour, lui aussi puisse vivre comme nous ». Comprenne qui pourra. Quant au souhait unanime des migrants de devenir « comme nous » sans doute serait-il bon que les sources de cette précieuse information soient mieux précisées ! On peut en effet s'interroger sur le fait de savoir si, vivre « comme nous », signifie adopter nos us et coutumes ou bénéficier de notre niveau de vie.
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