Le Prix à payer est le récit terrifiant de la conversion d'un Irakien au christianisme. C'est en même temps une magnifique leçon d'espérance.

Tuez-le et jetez-le dans le Basel ! C'est la mère de Mohamed qui hurle ainsi. Ivre de fureur, elle vient d'apprendre que son fils aîné s'est converti au christianisme. Elle enjoint ses fils de jeter leur frère dans un canal souterrain qui draine l'eau salée, de façon qu'il disparaisse à jamais, sans laisser de traces. Serions-nous au Moyen Âge? Non. Cette scène se passe en Irak, en 1997.
Mohamed, aujourd'hui réfugié en France, a décidé de raconter son incroyable histoire. Celle-ci commence en pleine guerre avec l'Iran. Jeune homme de bonne famille, bon musulman (chiite), Mohamed se retrouve pendant son service militaire, ô horreur, dans la même chambre qu'un chrétien, Massoud. Le premier moment de méfiance et d'effroi passé, il décide... de le convertir. Surprise : non seulement Massoud ne sent pas mauvais, ce qui est curieux pour un chrétien, mais il est plutôt sympathique. Bref le dialogue s'engage entre les deux hommes. Et tel est pris qui croyait prendre : Mohamed rencontre le Christ et n'a plus qu'une idée en tête : se faire baptiser et manger le pain de vie dont lui a parlé Massoud.
C'est le début des ennuis ! En Irak, ce pays laïc dirigé alors par Saddam Hussein, les chrétiens sont tolérés mais on ne plaisante pas avec la conversion au christianisme : la mort pour le converti, la mort pour celui qui a converti. La charia est appliquée à la lettre. Mohamed sera jeté en prison, interrogé, torturé, avant de réussir, après d'innombrables difficultés, à sortir de son pays avec sa famille. Jusqu'au bout, son père et ses frères essaieront de le retenir, lui faisant miroiter une vie tranquille dans une belle maison, avec des domestiques à son service et sa famille à proximité. Il a préféré une vie d'exil et de pauvreté.
Le prix à payer est un livre terrible. On songe en le lisant à la fameuse apostrophe de sainte Thérèse d'Avila : Seigneur, pas étonnant que vous ayez si peu d'amis, vue la façon dont vous les traitez ! C'est un témoignage de première main sur l'intolérance qui règne dans les pays d'islam à l'égard des chrétiens, sur l'ignorance abyssale où sont tenus les musulmans sur le christianisme (les chrétiens se réunissent le dimanche dans les églises pour se livrer à des orgies, disait le père de Mohamed à ses enfants), sur la terreur qui permet de maintenir une religion basée sur la soumission, la peur et le respect des règles.
Et en même temps c'est un très beau livre — qui se dévore d'une traite. On ne sait ce qu'il faut admirer le plus chez Mohamed — devenu Youssouf lors de son baptême : son honnêteté intellectuelle, qui l'a fait douter de son ancienne religion, son engagement sans faille au service du Christ, son courage dans les épreuves, sa détermination inébranlable, sa foi, simple comme celle d'un enfant, qui guide sa vie et force notre admiration. Il donne une superbe leçon de courage et d'espérance aux chrétiens repus et blasés que nous sommes.

Son livre est à lire, à diffuser et faire lire autour de soi. D'urgence !

Joseph Fadelle,
Le Prix à payer,
L'Œuvre, 25 mars 2010, 221 p., 18 €

 

 

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