Source [Le Figaro] Interrogé sur LCI, le philosophe a fustigé la décision de l'héritier Agatha Christie, symptomatique selon lui d'un «écrasement de l'opinion dissidente».
Raphaël Enthoven est certainement de ceux qui continueront à désigner le roman d'Agatha Christie par son ancien titre, Dix petits nègres, et non par le nouveau, Ils étaient dix. Interrogé mercredi soir par Darius Rochebin, la nouvelle recrue de LCI, le philosophe a jugé «misérable» la décision de débaptiser l'œuvre. James Prichard, l'arrière-petit-fils de la romancière, l'avait justifiée par le souci de «ne pas blesser».
Pour Raphaël Enthoven, le contexte actuel invalide l'argument selon lequel le changement de titre «était une volonté de l'auteur dès 1940». La décision de James Prichard intervient notamment quelques semaines après la polémique suscitée par le film Autant en emporte le vent .
«Comme si la décision en 2020, alors que l'on déboulonne les statues et que l'on débaptise des rues et des lycées, de changer le titre d'un classique de la littérature au nom de je ne sais quels bons sentiments était la conformation tardive au désir de l'auteur il y a 80 ans. C'est une arnaque, le résultat est monstrueux», estime le philosophe.
Interrogé par Darius Rochebin sur son éventuel «manque d'empathie» qui l'empêcherait de comprendre que des personnes puissent être blessées par l'emploi de certains termes, Raphaël Enthoven répond au contraire être dénué de «mépris». «Il faut mépriser les gens pour les croire incapables de faire la différence entre le racisme et Agatha Christie», estime-t-il.
«Je n'ai pas assez de mépris pour les gens pour considérer qu'ils sont incapables de comprendre que les Dix petits nègres sont un classique où il n'y a aucun élément de racisme, poursuit-il. Je n'ai pas assez de mépris pour les gens pour considérer qu'un musulman est incapable de faire la différence entre de l'humour et du blasphème».
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