[Source : Boulevard Voltaire]
C’est une histoire stupéfiante que Victor Loupan, théologien orthodoxe, a racontée le 13 janvier dernier dans l’émission « Le Grand Débat »sur Radio Notre Dame. Les faits se sont déroulés le 24 décembre dernier, à la cathédrale de Sisteron, où il s’était rendu en famille pour assister à la messe de Noël. À la fin de la messe, le prêtre a annoncé que plusieurs musulmans étaient présents dans l’assistance et les a invités à monter au pied de l’autel. Là, après avoir fait applaudir par les fidèles des hommes dont la plupart étaient vêtus de djellabas, la tête coiffée de la calotte islamique, il leur a donné la parole.
S’en est suivie une scène hallucinante : leur chef, visiblement inspiré par la fête de la Nativité de Jésus-Christ, a expliqué que le Coran contenait de nombreuses sourates relatives au « prophète » Jésus et à sa mère Marie. Puis il a commenté ces sourates, gardant la parole pendant environ dix minutes. Loupan expose qu’il n’a pas pu rester jusqu’au bout et que l’assemblée semblait très gênée. L’affaire a fait grand bruit auprès de l’évêché, dont le vicaire général a expliqué, embarrassé, que ce prêtre était attaché au dialogue interreligieux mais que le moment n’était peut-être pas bien choisi. On ne saurait moins en dire.
Naïveté ? Inconscience ? « Vivrensemble » ? On peut tout imaginer. Mais la question n’est pas là. Une telle initiative, le soir de Noël, fête chrétienne de la Nativité, est plus qu’une faute : c’est une imbécillité sans nom.
Pour les chrétiens, Jésus-Christ, vrai homme et vrai Dieu, est Dieu incarné venu partager notre humanité pour nous faire participer à sa nature divine et nous sauver du péché.
Aux yeux des musulmans, cette foi en Jésus-Christ fils de Dieu est un blasphème. Or, que fêtons-nous à Noël, si ce n’est cette incarnation ? Nous ne fêtons pas l’amitié ou la fraternité entre les peuples, choses tout à fait respectables en soi. Nous ne fêtons pas la paix dans le monde, objectif partagé par tous les hommes de bonne volonté. Nous fêtons la nativité de Jésus-Christ. Oublier cela, c’est supprimer l’essence même de Noël. Inviter des musulmans aux accoutrements de salafistes à exposer la vision coranique de Jésus et de sa mère Marie, c’est relativiser notre foi, c’est renier cette foi. Si Jésus n’est qu’un prophète, comme le soutiennent les musulmans, Noël n’a aucun sens.
En faisant cela, ce prêtre n’a sans doute pas eu conscience un instant de l’importance symbolique de son acte. Pas plus qu’il n’a compris que le dialogue avec les autres religions n’avait pas sa place dans une église où il vient de célébrer le sacrifice de la messe. Mais, plus encore, il a oublié, lors de cette fête, les nombreux chrétiens qui ne mettent jamais les pieds à l’église, sauf deux ou trois fois par an. Ceux-là, pas forcément très instruits des mystères de la foi, ont assisté à ce spectacle incroyable de relativisme. Quel effet une telle scène a-t-elle produit sur eux ? Comment peut-on croire qu’une telle initiative les amènera à la foi, eux qui sont souvent des « tièdes » que l’Église a justement pour mission de réchauffer ?
Décidément, naïveté, inconscience ou bêtise, ce prêtre dont personne ne peut juger des intentions a commis une bourde monumentale. Espérons que l’Église de France, celle du père Hamel, ami des musulmans égorgé au pied de l’autel, comprendra un jour dans quelle impasse elle se fourvoie.
François Teutsch
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