Source [Le Figaro] Qui oserait les interpeller ou seulement les interroger ? Ils sont intouchables.
Ils ont 16, 18 ans, parfois 40. Ils vont à vélo, à trottinette, ou encore au petit trot. Sur les trottoirs encombrés des villes, ils doublent et croisent des piétons dits «vulnérables» - mères de famille accompagnées de bambins, handicapés, personnes âgées- qu’ils aspergent généreusement de leurs gouttelettes de sueur, quand ils ne les bousculent pas et ne les renversent pas.
Mais pourquoi s’en soucieraient-ils ? Il y a bien plus important dans la vie que de protéger ses concitoyens. Leur téléphone mobile tenu devant les yeux, nos «joggers» contrôlent à chaque instant le rythme de leur foulée et le nombre de mètres parcourus. C’est capital, de se maintenir en forme. Même si l’on ne sait plus très bien dans quel but , sinon pour diffuser sur Facebook des photos de son corps athlétique.
D’ailleurs qui oserait les interpeller ou seulement les interroger? Ces «joggers», cyclistes et «trottinettistes» sont nos nouveaux intouchables, symboles d’un «nouveau monde» du chacun pour soi.
Dans la nouvelle guerre mondiale que nous traversons, celle du Covid 19, on aurait pu croire que des millions de jeunes allaient organiser la résistance et se porter volontaires en première ligne afin de protéger et soigner non seulement leurs aînés, mais les enfants et adolescents du monde entier: un milliard d’entre eux ne sont-ils pas touchés par les fermetures d’écoles et d’universités? Et plusieurs centaines de millions, privés du même coup non seulement de repas, mais peut-être d’avenir professionnel? Les 16-40 ans, qu’on sait généreux et très engagés pour sauver la planète, allaient donc se mobiliser pour gagner cette guerre sanitaire mondiale.
Certains le font: ils sont pompiers volontaires, élèves infirmières et futurs médecins ou membres d’associations. Ils méritent notre admiration et notre reconnaissance: leur courage est grand, en ces temps de «fake news» et d’appel à la désobéissance civile , de prendre le risque d’être comparés à de ridicules boy-scouts du temps jadis.
Mais, de la Lozère à la Vendée en passant par la Seine-Saint-Denis et Paris, combien de milliers d’autres revendiquent d’abord , en pleine crise sanitaire, le droit de «faire la fête» en organisant des «rave parties» et des rassemblements de supporters de foot et en exigeant une dispense de port de masque quand ils circulent à vélo ou au petit trot? Pour leur défense, atteste Edmond Grégoire, premier adjoint à la Maire de Paris «Quiconque a fait du jogging dans sa vie sait que c’est impossible de le faire avec un masque» !
Le poissonnier, la coiffeuse ou le garçon de café sont, eux, contraints de porter leur masque huit heures par jour même s’ils respirent mal et si la peau de leur visage finit par en être irritée.
On voit bien que M. Grégoire n’a pas rencontré souvent de modestes électeurs comme le poissonnier, la coiffeuse ou le garçon de café contraints de porter leur masque cinq jours sur sept et huit heures par jour même s’ils respirent mal ainsi et si la peau de leur visage finit par en être irritée. Mais voilà: s’il leur arrive de courir en tous sens, ces citoyens-là ne sont pas assez ludiques. Ils n’appartiennent pas à ce «lobby jeunes» si influent dans les grandes villes écolos et en particulier à Paris, où cyclistes et trottinettistes constituent la clientèle préférée de la maire socialo-écolo, Anne Hidalgo. Ce n’est donc pas pour eux que le Préfet de police a dû, moins de 48 heures après avoir publié une circulaire imposant le port du masque dans tous les espaces publics, faire machine arrière en annonçant: «S’agissant des personnes exerçant une activité physique au titre de course à pied ou de vélo, le port d’un masque ne sera pas exigé».
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