La France, patrie de la liberté, est-elle devenue le pays de la pensée conforme, surveillée par la police, encadrée par la justice, calibrée par l’État ? La question peut prêter à sourire. Pourtant, quand le vote d’une loi donne lieu à un millier de gardes à vue d’opposants pacifiques, dont le seul crime est d’avoir manifesté publiquement leur opinion, c’est qu’un désordre politique profond s’est installé dans le pays. Lorsque la justice se fait l’instrument du conditionnement de la parole et de l’esprit, c’est qu’il se passe quelque chose de nouveau. Un régime qui ne supporte pas la liberté d’expression des consciences de la société civile, est un régime gravement malade. Le mal est-il ancien ? La question est posée, au-delà de la fébrilité de circonstance d’un gouvernement dépassé par ses références idéologiques.
L’ouverture au monde
C’était le projet du concile Vatican II, voulu par Jean XXIII : approfondir la doctrine catholique « certaine et immuable » pour la présenter de la façon qui réponde le mieux aux exigences de notre époque. Joseph Ratzinger ne tarda pas à prendre la mesure du danger des interprétations données aux textes, notamment de Gaudium et Spes, lus dans une « herméneutique de la rupture » et non de la tradition. La pensée de Benoît XVI le Théologien aide à saisir le mystère pérenne de la mission de l’Église dans le monde, et la réalité du monde d’aujourd’hui, dans ses doutes et ses attentes.
À nos lecteursLa police de l’opinion, par Philippe de Saint-Germain
La répression de la pensée, de 2004 à 2013
François Billot de Lochner — En segmentant le respect des personnes selon leurs revendications, la loi de 2004 créait un cadre répressif absurde : elle interdisait la discrimination par la discrimination. Ce que pratique aujourd’hui sans retenue le pouvoir socialiste contre les opposants à la loi Taubira.
La judiciarisation de la pensée
Philippe Bilger — La vérité n’ayant plus de sens, la liberté d’expression ne ressemble plus qu’à un processus où le danger permanent de penser de travers emporte tout sur son passage. Au lieu de protéger la liberté de parler, le juge est chargé d’encadrer la pensée conforme.
La liberté de la conscience et l’État moderne sont-ils compatibles ?
Thibaud Collin — La légitimité de l’État moderne se fonde sur la séparation de la pensée et de l’action. L’unité personnelle entre la conscience morale et l’agir ne peut que lui être irréductiblement hostile. La laïcité qui sépare ne peut pas comprendre la catholicité qui unit.
La loi Taubira, un projet pré-totalitaire
Roland Hureaux — Quand la loi viole la nature et la langue, nous sommes en présence d’une démarche idéologique et totalitaire caractéristique : le déracinement culturel, le terrorisme intellectuel, le contrôle de la justice et de l’école.
Un joli mois de mai : la “manif” des consciences
Thierry Giaccardi — Les manifestations contre la loi Taubira ont pu prendre forme et de façon si particulière, parce que l’État a voulu s’en prendre au cœur de la société, et ce qui lui donne précisément sa forme, au sens de l’être : la famille.
Benoît XVI, théologien de la raison
Roland Hureaux — Benoît XVI a conduit son pontificat en théologien de la rationalité. En insistant sur le dialogue entre la foi et la raison, il a montré sa vision de la juste ouverture au monde.
Éric Iborra — Joseph Ratzinger et Gaudium et Spes : le concile Vatican II n’a pas voulu écarter le scandale de la Croix, il a essayé de le rendre plus accessible en purifiant l’Église de ses scandales secondaires. C’est là le vrai sens de l’aggiornamento.
Benoît XVI à l’Église de France : évangéliser, c’est civiliser
Pierre-Olivier Arduin — Le programme laissé par Benoît XVI aux évêques de France se résume en deux mots : enracinement et audace. La nouvelle évangélisation fait aussi œuvre de civilisation ; le chrétien, comme l’évêque, est appelé à témoigner pour bâtir, defensor civitatis.
La République des Veilleurs ou l’avenir de la liberté en France, par Henri Hude
La démocratie contradictoireÀ propos de Tsvetan Todorov, Les Ennemis intimes de la démocratie, par Emmanuel Tranchant
Le feuilleton politiqueLes failles inquiétantes de l’avis du Conseil constitutionnel sur la loi Taubira, par Nicolas Mathey
Le feuilleton bioéthiqueLoi Taubira : non possumus, par Pierre-Olivier Arduin
Le feuilleton internationalSi nous essayions de comprendre le problème syrien ? Par le général Jean-Germain Salvan
L’esprit du temps L’abolition du christianisme, un vieux programmeÀ propos de Gulliver et de la Crise de la conscience européenne, par Nicolas Bonnal
Les livresLes idées
Revue : La police de l'opinion
Prix de la revue seule : 20,00 €