DISCERNER les signes des temps : voilà l’urgence pour les chrétiens, dans un monde où abondent les signes de la Grande Crise, à commencer par la confusion universelle qui en est le symptôme. La crise revêt des figures multiples : crise de la rationalité, crise de l’identité, crise de la dignité de la personne... Elle induit de nombreuses pathologies sociales aggravées par le nihilisme, l’individualisme et la désespérance devant un monde déboussolé. Sortir de cette confusion exige que ces signes soient ordonnés et interprétés à l’aune du magistère de l’Église. Le colloque de Nantes du 24 janvier 2015 de la revue Liberté politique et du Cercle Jean-Paul II, a proposé une réflexion sur ce kairos, ce moment de l’histoire, où Dieu nous fait signe à travers le résultat des libres œuvres de l’homme. Dans la douleur, nous changeons de paradigme culturel, économique, politique. À quel monde nouveau devons-nous nous préparer ? Quel sens eschatologique devons-nous y voir ? Quel doit être le rôle des chrétiens dans son enfantement ?
Comment l'élitisme républicain est-t-il devenu l'ennemi à abattre de ceux qui préfèrent l'égalité dans l'inculture à « l'égalité des chances » ? Les réformes des programmes d’histoire au collège se suivent et se ressemblent, accélérant la déconstruction, selon la logique des thèmes, idéologiquement sélectionnés. « C'est en France une vieille mode que d'utiliser l'histoire à des fins politiques. »
Les trois derniers papes opposent la vérité de l’Évangile à cette fausse tolérance qui mine les sociétés de l’intérieur en les faisant sombrer dans un nihilisme destructeur de leur identité. Les nouvelles pratiques culturelles liées à l'économie numérique en sont l’un des aspects, peu étudiés, qui entretiennent un réel subjectivisme relativiste. L’Internet favorise davantage le communautarisme, l'entre soi, l'endogamie culturelle, que l'ouverture spirituelle à l'universel. Comment répondre aux doutes d’un monde à la fois désorienté et désireux de trouver des raisons d’espérer encore ?
À nos lecteurs Gaudium et Spes, le réalisme de l’espérancePar Philippe de Saint-Germain
Emmanuel Tranchant — Dans un monde en crise, marqué par la peur et la vanité de la toute-puissance de la technique, comment discerner des signes d’espérance ? L’Église répond par sa doctrine sociale et la nouvelle évangélisation.
Matthieu Rougé — La lumière de Gaudium et Spes éclaire avec lucidité les défis mis en lumière par les récits prophétiques du xxe siècle. Si les chrétiens jouent leur partition d’unité, de courage et de lucidité spirituelle, ils pourront témoigner du réalisme de l’espérance.
Mathieu Detchessahar — La crise du lien social s’enracine dans les échecs du projet libéral de société né au xviiie siècle, qui réduit la morale commune aux échanges marchands. Sortir de l’impasse, c’est refaire de la politique autour du bien commun, et pas simplement de l'économie.
Henri Hude — La Grande Crise contemporaine se traduit par un dysfonctionnement massif dans les relations entre les hommes ou les peuples. Une nouvelle alliance de la foi et de la raison peut rétablir un nouvel humanisme, comme redécouverte du bien au sein de la liberté.
DOSSIERS
Charles-Eric de Saint Germain — L’auteur de La Défaite de la raison (Salvator) explique comment l'élitisme républicain est devenu l'ennemi à abattre de ceux qui préfèrent l'égalité dans l'inculture à « l'égalité des chances ».
Gabriel Privat — Les réformes des programmes d’histoire au collège se suivent et se ressemblent, accélérant la déconstruction, selon la logique des thèmes, idéologiquement sélectionnés. « C'est en France une vieille mode que d'utiliser l'histoire à des fins politiques. »
Ralph Weimann — Les trois derniers papes opposent la vérité de l’Évangile à cette fausse tolérance qui mine les sociétés de l’intérieur en les faisant sombrer dans un nihilisme destructeur de leur identité. L’auteur présente des pistes de réflexion pour la nouvelle évangélisation d’un monde à la fois désorienté et désireux de trouver des raisons d’espérer encore.
Jean-Michel Castaing — Les nouvelles pratiques culturelles liées à l'économie numérique entretiennent-elles ou non le subjectivisme relativiste ? L’Internet favorise davantage le communautarisme, l'entre soi, l'endogamie culturelle, que l'ouverture spirituelle à l'universel.
REPÈRES
Stanislas de Larminat — « Tout sur terre doit être ordonné à l’homme comme à son centre et à son sommet. » Quarante ans après le concile Vatican II, le Compendium donne des clés pour comprendre l’écologie chrétienne, alors que paraît l’encyclique Laudato Si’.
Entretien avec l’ambassadeur Hugo Gobbi — Corruption, violence, diversification énergétique, transferts de puissance : quel est le monde du pape François ? Le point de vue d’un diplomate argentin proche du premier pape non-européen de l’histoire.
QUESTIONS DISPUTEES
À propos d’Emmanuel Todd, Qui est Charlie ? Par Roland Hureaux
Une réponse à La Croix? par Bernard du Puy-Montbrun
À propos du projet de loi relatif au renseignement, par Éric Lemaître
À propos de l’exhortation apostolique Evangelii gaudium, par Gérard Thoris
À propos de La Baraque des prêtres, Dachau 1938-1945, par Guillaume Zeller
FEUILLETONS
Le feuilleton politiqueImmigration : l’impasse multiculturelle? Par Michel Pinton
Le feuilleton internationalL’influence des investissements qataris sur la politique étrangère française, par Thomas Flichy de La Neuville
Le feuilleton économiqueLeçons de Piketty : les nouvelles puissances du capital, par Pierre de Lauzun
Le feuilleton bioéthiqueLe Conseil de l’Europe crée un droit à l’identité de genre, par Andrea Popescu
La revue des images« Marie Heurtin » : une transcendance qui affleure, par Bruno de Seguins-Pazzis
REVUE DES LIVRES ET DES IDEES
Avec les critiques de Hélène Bodenez, Guillaume Lenormand, François de Lens, Théophane leroux, Georges Leroy, Valérie Marechal, Laurent Ottavi, Axel Rokvam, Philippe de Saint-Germain, Jean Voisin…
Revue : Cinquante après Gaudium et Spes, le réalisme de l’espérance politique
Prix de la revue seule : 20,00 €