Nous avons évoqué plusieurs fois ici la question du conflit de générations. Un phénomène ancien mais revenu sur le devant de la scène à la faveur des débats entourant la question des retraites. La critique des plus jeunes générations visant leurs anciens partis trop tôt à la retraite peut être entendue mais elle est aussi à double tranchant puisqu’elle favorise l’absence de mobilité dans les entreprises et les structures professionnelles, et crée un conflit appuyé sur le ressentiment et une certaine forme de victimisation.
« Il faut baisser les retraites géantes des boomers ». Le slogan est volontiers provocateur et très repris sur les réseaux sociaux. Dans un monde qui a vu l’espérance de vie s’accroître considérablement, les départs en retraite de jeunes sexagénaires pèsent lourd et cela est d’autant plus remarqué en période de disette économique.
Si les jeunes retraités coûtent cher longtemps, ceux qui restent en activité en entreprise jusqu’à 70 ans et plus à des postes à responsabilité sont aussi brocardés car empêcheraient des plus jeunes (pas toujours très jeunes) de prendre des responsabilités. Les retardataires de la retraite, mieux payés car en fin de carrière, sont parfois aussi mal vus que les « privilégiés » qui partent trop tôt, ce qui illustre un problème qui peut sembler insoluble.
Dans une société fracturée, cette petite guerre de générations ajoute une division superficielle à toutes sortes de luttes identitaires et sociales plus ou moins légitimes. Il est cependant ici question d’argent et d’avenir d’où l’aspect très polémique.
Une génération dite « boomer » aurait profiter d’une situation économique plus propice et s’opposerait à une génération sinistrée par les actions de ses aînés. Cette analyse procède d’une propension à la victimisation très en vogue et tout à fait stérile, mais aussi d’une généralisation un peu légère. Est ici placée une ligne de démarcation entre des classes d’âges. En réalité les divergences entre personnes relèvent souvent plus de leur mode de vie, de leur appartenance sociale, communautaire voire idéologique.
Certes les plus de 60 et plus de 70 ans ont majoritairement voté pour Emmanuel Macron en 2017 et 2022 mais les dernières élections ont montré que les choses ne sont pas figées. Ainsi, au premier tour des élections législatives de l’été, le Rassemblement National a attiré 40 % des votants âgés de 50 à 59 ans et près d’un électeur sur trois âgé d’au moins 70 ans.
Que la génération ciblée, les « boomers » ait eu des grandes difficultés à transmettre un héritage culturel à leurs enfants est indéniable, il convient néanmoins de rappeler que cette génération est elle-même le fruit d’une autre génération qui a peut-être manqué à ses devoirs… Appartenir à une nation c’est être le maillon d’une chaîne ininterrompue et devoir assumer la grandeur de nos ancêtres mais aussi certains de leurs échecs. Le manque de confiance crasse dans l’avenir qui traverse notre époque et le manque d’humilité semblent aujourd’hui pousser certains à rejeter la faute sur les plus anciens, accusés de tous les maux… Une fois n’est pas coutume, il conviendra de citer Jean-Luc Mélenchon ou plutôt le titre de son dernier livre : « Faites-mieux » au lieu de se lamenter sur son sort, la génération qui se sent lésée doit apprendre des erreurs de ses aïeux et en tirer les leçons nécessaires avec l’humilité nécessaire pour admettre, qu’elle aussi fera probablement des erreurs.
Olivier Frèrejacques
Président de Liberté politique
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