Nicolas Sarkozy

Petit historique des prises de positions de Nicolas Sarkozy et des membres de son gouvernement en faveur de la religion et des valeurs chrétiennes.

1. Heritage chrétien, valeurs chrétiennes

- Décembre 2007 : Lors de sa visite à Rome, dans son « discours du Latran », Sarkozy affirme que « L’instituteur ne pourra jamais remplacer le curé ou le pasteur » et prône une « laicité positive ». Le Père Guy Gilbert fait partie de la délégation présidentielle.

- Tribune dans Le Monde du 9 décembre 2009 : non à tout ce qui pourrait apparaître comme « un défi (...) à l’héritage (...) de la civilisation chrétienne et des valeurs de la République ».

- 30 septembre 2010 : Sarkozy à Vézelay, où il célèbre « l’héritage chrétien ».

- 8 octobre 2010 : Visite de Sarkozy au Vatican ; le président assiste à Saint-Pierre de Rome, dans la chapelle Ste-Pétronille, à une prière pour la France et se joint au « Notre-Père ». Recevant un chapelet des mains du Pape, il lui en demande un second que le Pape lui remet volontiers.

- 13 janvier 2011 : Le ministre chargé des Affaires européennes, Laurent Wauquiez, dénonce l’absence de mention des fêtes chrétiennes dans un agenda distribué par la Commission européenne à plus de trois millions de lycéens et étudiants européens, alors que des fêtes juives, hindoues, sikhes et musulmanes sont évoquées : « Cet oubli est l’illustration d’une Europe qui n’assume pas ses racines chrétiennes et, ce faisant, se renie. On ne doit pas avoir honte de l’Europe des clochers, qui est constitutive de notre identité. Rien n’obligeait à évoquer les fêtes religieuses. Si on choisit de le faire, alors faisons-le jusqu’au bout ». La Commission a reconnu son erreur.

- 07 février 2011 : Dans une tribune publiée dans Le Figaro, Laurent Wauquiez défend "l'Europe des clochers" et l' "identité chrétienne" de l'Europe. Il réitère sa vision dans la Croix du 16 février.

- 4 mars 2011 : Au Puy-en-Velay, Sarkozy célèbre l’héritage chrétien : « La chrétienté nous a laissé un magnifique héritage. (…) Nous sommes obligés par cet héritage. Nous devons non seulement le transmettre, mais l’assumer sans complexes » ; « Je le dis aux tenants de la diversité, il n’y a pas de diversité sans identité ». Le Président a ensuite déjeuné avec Mgr Brincard, évêque du Puy, chez les soeurs de Saint-Jean. Le président s’est vu confier un bâton de pèlerin, « peut-être pour que je sois à mon tour le pèlerin de cette Europe qui puise si profondément ses racines dans l’histoire ». Laurent Wauquiez, qui l’accueillait en tant que maire du Puy, avait affirmé : « Une identité refoulée est une identité qui se venge et nourrit l’intolérance ».

- 12 janvier 2012 : Répondant à la suggestion de la candidate écologiste, Eva Joly, d’accorder des jours fériés aux juifs et aux musulmans pour Kippour et l’Aïd, Luc Chatel, ministre de l’Education, évoque l’héritage chrétien de la France : « Je pense qu’il y a beaucoup trop de jours fériés. En plus, on a un héritage chrétien qu’il faut assumer dans notre pays. J’invite Mme Joly à sillonner la France et à se rendre compte de cet héritage », a-t-il dit en soulignant que les religions concernées ne demandaient pas ces jours fériés.

- 10 février 2012 : Sarkozy, exposant ses « valeurs pour la France » au Figaro Magazine, répond à la question « Regrettez-vous le discours du Latran où vous mettiez en avant les racines chrétiennes de la France ? » : « Mais enfin, la France a des racines chrétiennes, et même judéo-chrétiennes, c’est une réalité historique qu’il serait absurde de nier ! Voyez le long manteau d’églises et de cathédrales qui recouvre notre pays. La France est née de la rencontre entre la volonté des rois et celle de l’Eglise. Jeanne d’Arc, dont on vient de fêter le 600ème anniversaire de la naissance, est au carrefour de cette double volonté. Dire cela ne signifie pas qu’on appartient à une Eglise, ni qu’on adhère moins aux valeurs de la République ou au principe de laïcité. N’amputons pas la France d’une partie de son histoire ».

- 1er mai 2012 : Place du Trocadéro, Sarkozy évoque « les racines chrétiennes de la France ».

2. Chrétiens d’Orient

- 15 novembre 2006 : au cours de son voyage en Algérie, Sarkozy se rend avec sa délégation au monastère de Tibéhirine. Confronté à l’opposition du président Bouteflika, Sarkozy avait répondu à ce dernier : « je compte m’y rendre, s’il le faut sans journalistes et avec un de vos collaborateurs ».

- 2008 : Un programme d’accueil aux Irakiens persécutés, pour la plupart chrétiens, est mis en place ; le but de Sarkozy est d’accueillir des Irakiens « appartenant à ces minorités religieuses vulnérables ».

- 8 novembre 2010 : 37 Irakiens chrétiens blessés dans l’attaque de la cathédrale syriaque catholique de Bagdad, sont acheminés par la France par avion médicalisé spécialement affrété par le ministère des Affaires étrangères, pour y recevoir des soins.

- 5 janvier 2011 : dans un entretien à 20 minutes, Michèle Alliot-Marie, ministre des Affaires étrangères, déclare : « C’est pour moi une préoccupation majeure que dans certaines parties du monde, on ne puisse pas exercer librement ses croyances (...). C’est la raison pour laquelle je vais prendre un certain nombre d’initiatives avec mes collègues européens pour assurer la protection des chrétiens d’Orient ». Idem dans Le Figaro Magazine du 08.01.2011.

- 5 janvier 2011 : lettre co-signée par Michèle Alliot-Marie et trois de ses homologues européens, demandant à C. Ashton d’inscrire la question des chrétiens d’Orient à l’ordre du jour du conseil des Affaires étrangères de l’UE, de faire des « propositions concrètes » et de réfléchir aux moyens d’apporter « secours et protection » aux personnes menacées.

- 7 janvier 2011 : en présentant ses vœux aux autorités religieuses, le Président de la République dénonce « un plan particulièrement pervers d’épuration religieuse du Moyen-Orient » ; « ; « si je pouvais, ici, utiliser le mot de martyr, alors je dirais que les martyrs d’Alexandrie ou de Bagdad (…) sont collectivement nos martyrs ».

- 7 janvier 2011 : dans un entretien à La Croix, Laurent Wauquiez, ministre chargé des Affaires européennes, déclare : « J’ai vécu en Egypte, un des lieux que j’aimais beaucoup en Egypte est l’église copte située au sud du Caire. S’il y a bien un enseignement que j’ai retenu dans mon engagement auprès de Soeur Emmanuelle, c’est l’importance de la diversité religieuse. L’Orient a une tradition de brassage des cultures religieuses. Cette liberté religieuse est inscrite dans ses racines. Ce n’est pas une terre monocolore religieusement, elle ne l’a jamais été et n’a aucun intérêt à le devenir. La défense de cette diversité religieuse, qui passe notamment par les chrétiens d’Orient, est une chose que nous souhaitons voir, avec Michèle Alliot-Marie, fortement défendue par la politique européenne qui va se mettre en place ».

- 24 mai 2011 : De retour d’une mission au Liban, l’ancien premier ministre J.-P. Raffarin attire l’attention d’Alain Juppé sur la situation des chrétiens arabes, au cours d’une réunion du groupe UMP au Sénat.

- 8 juillet 2011 : Sarkozy reçoit à l’Elysée le nouveau patriarche maronite du Liban, Mgr Bechara Raï.

- 22 décembre 2011 : Alain Juppé reçoit des parlementaires dans le but d’évoquer avec eux la situation des chrétiens d’Orient dans le contexte des printemps arabes. 

- 28 février 2012 : Alain Juppé publie une tribune dans La Croix sur « Les chrétiens d’Orient et les printemps arabes ». Il conclut en disant : « Le message que je souhaitais leur adresser est simple : la France a été, est et restera à vos côtés ».

- 8 mars 2012 : Entretien d’Henri de Raincourt, ministre chargé de la Coopération, avec le Patriarche grec-catholique d’Antioche et de tout l’Orient, d’Alexandrie et de Jérusalem, Gregorios III Laham.

3. Questions morales : un exemple, l’euthanasie

- 25 janvier 2011 : François Fillon s’oppose à une légalisation de l’euthanasie. Dans une tribune au Monde, le Premier ministre affirme : « La question est de savoir si la société est en mesure de légiférer pour s’accorder le droit de donner la mort. J’estime que cette limite ne doit pas être franchie ». Dans la nuit du 25 au 26 janvier, le Sénat vide de sa substance la proposition de loi visant à instaurer un « droit à demander une assistance médicale pour mourir ».

- 7 septembre 2011 : Sarkozy, recevant la famille de Eddy de Somer, redit son opposition à un « droit de mourir ».

- 10 février 2012 : Sarkozy, exposant ses « valeurs pour la France » au Figaro Magazine, redit son opposition à une loi sur l’euthanasie : « L’euthanasie légalisée risquerait de nous entraîner vers des débordements dangereux et serait contraire à notre conception de la dignité de l’être humain. La loi Léonetti est parfaitement équilibrée, elle fixe un principe, celui du respect de la vie ». 

4. Politique familiale

- 10  janvier 2012 : Sarkozy qualifie de « folie » l’idée de supprimer le quotient familial, évoqué par F. Hollande. Le chef de l’Etat estime qu’ « abroger le quotient familial aurait des conséquences absolument dramatiques pour notre politique familiale et pour toutes les familles françaises. Jamais je n’accepterai qu’on remette notre politique familiale en cause » (vœux au monde la santé, à Mulhouse). Plusieurs membres du gouvernement et de l’UMP abondent dans ce sens (Copé, Pécresse, Jacob, Méhaignerie, Lachaud).

- Février 2012 : Claude Greff, secrétaire d’Etat à la Famille, annonce son intention de revaloriser le mariage. Hervé Mariton, député de la Drôme et promoteur de l’idée de « famille durable », confirme : « Ce n’est pas notre rôle d’obliger des gens à vivre ensemble, mais nous pouvons dire que la stabilité, la durée, et la politique familiale sont de bonnes choses. Nous devons cesser d’être sur la défensive sur ces questions ».

- 7 février 2012 : En déplacement dans le Tarn, Sarkozy fait l’éloge de la politique familiale : « L’honneur de la France, c’est d’avoir construit, depuis des décennies, une politique familiale qui permette aux femmes de compter sur un cadre institutionnel stable et protecteur » ; le Président juge par ailleurs « fascinant l’acharnement que mettent certains à vouloir détruire ce qui marche », allusion à l’intention de F. Hollande, entre autres mesures, de moduler le quotient familial pour les plus riches.

5. « Petits signaux »

- 2 octobre 2010 : Sarkozy se fait projeter « Des Dieux et des hommes ».

- 5 décembre 2010 : en marge de la visite présidentielle en Inde, Valérie Pécresse, ministre de l’Enseignement supérieur, visite à Calcutta l’ancien couvent de Mère Teresa.

- 1er mai 2011 : F. Fillon et son épouse, A. Juppé et C. Guéant, soit « le triumvirat du Gouvernement », comme ironise Le Nouvel observateur, assistent à la béatification de Jean-Paul II. La France est le seul pays de poids, en dehors de l’Italie, à avoir envoyé à Rome son chef de gouvernement. 

- 26 juillet 2011 : Le Père Guy Gilbert est désigné par le président de l’Assemblée nationale, B. Accoyer, et par le président du Sénat, G. Larcher, pour assister Dominique Baudis, le Défenseur des droits. 

- 11 novembre 2011 : Après avoir inauguré le musée de la Grande guerre à Meaux, Sarkozy se recueille devant la stèle rendant hommage à Charles Péguy, à Villeroy, en Seine-et-Marne.

- 7 décembre 2011 : Pierre Lellouche, secrétaire d’Etat chargé du Commerce extérieur et conseiller UMP de Paris, juge « choquant » que la mairie de Paris finance, « même indirectement, des spectacles tels que Golgota Picnic ».

- 22 décembre 2011 : Sarkozy reçoit une dizaine de jeunes prêtres à dîner à l’Elysée : un aumônier de prison, un aumônier militaire, des curés de campagnes et de banlieue, l’aumônier de l’Assemblée nationale, le père Rougé, ainsi que le fondateur du cercle Léon XIII, le père Grosjean. « Au nom de quoi faudrait-il ignorer ce que vous représentez ? Vous offrez une espérance. Les gens ont besoin d’espérance », leur dit le chef de l’Etat. Il redit son attachement aux racines chrétiennes de la France, déplore la disparition des « grandes voix catholiques » et enjoint les prêtres à « sortir des catacombes » : « Dites ce que vous avez à dire à la société, pas seulement à vos fidèles. A l’heure où l’on écoute des experts en tout, pourquoi ceux qui défendent une religion n’auraient-ils pas le droit à la parole ? ».

- 6 janvier 2012 : Sarkozy se rend en Lorraine (Domrémy-la-Pucelle (Vosges) puis Vaucouleurs (Meuse)), pour célébrer le 600ème anniversaire de la naissance de Jeanne d’Arc, le 6 janvier 1412. Cette étape du chemin johannique n’avait pas reçu la visite d’un chef de l’Etat depuis celle du général de Gaulle, en 1961. A Domrémy, le Président s’est recueilli dans la petite chapelle et dans la maison de Jeanne d’Arc. A Vaucouleurs, il a affirmé : « Pour l’Eglise, Jeanne est une sainte, pour la république, elle est l’incarnation des plus grandes vertus françaises ». En 2008, Sarkozy avait déjà envoyé sur place Rachida Dati, qui y avait reçu un accueil chaleureux.

- 9 janvier 2012 : Sarkozy remet à l’Elysée les insignes d’officier de la Légion d’honneur au cardinal Vingt-Trois. 

6. Position personnelle

 - 2003, Sarkozy publie La République, les religions, l’espérance, avec Thibaud Collin et le RP Philippe Verdin (Pocket).

- 23-30 décembre 2010 : Article du Point sur la foi de Sarkozy (« Quand le président parle à Dieu ») ; Sarkozy « voue une admiration sans limite aux moines, aux missionnaires, aux moniales, ces petites mains qui assurent un témoignage chrétien partout dans le monde, en dépit parfois du danger » (n° 1997).

 

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