Le président de la Fondation Jérôme-Lejeune condamne la une de Charlie Hebdo représentant Nadine Morano « enfant trisomique du général de Gaulle ». Le Général était le père d’une petite Anne, porteuse de la trisomie 21, dont il disait qu’« elle était une grâce [qui l]’a aidé à dépasser tous les échecs et tous les hommes, à voir plus haut ». Pour Jean-Marie Le Méné, le journal satirique blesse les personnes trisomiques et les familles.

« Au lieu de condamner le racisme, déclare Jean-Marie Le Méné, Charlie Hebdo le nourrit. Il n’a pas compris la tragédie de la trisomie. Les trisomiques sont discriminés sur la base d’un vieux préjugé raciste. On a longtemps considéré qu’ils étaient le fruit d’une dégénérescence de la race blanche vers la race jaune, d’où le nom de « mongoliens » qui leur était donné autrefois.

« Mais l’eugénisme moderne a pris le relais du racisme historique d’autrefois et le résultat est pire qu’avant puisqu’il est admis que leur vie ne mérite pas d’être vécue : en France les enfants trisomiques sont éradiqués avant leur naissance (96 % des fœtus détectés trisomiques sont éliminés).

Pour en découdre avec le supposé racisme de Nadine Morano, Charlie utilise donc une rhétorique explicitement eugéniste, c’est-à-dire raciste, d’un racisme chromosomique aussi détestable que les autres. Se faire le complice d’un racisme pour en prétendre en abattre un autre apparait d’une efficacité douteuse » (Extrait d’une tribune publiée par Valeurs Actuelles).

Des parents d’enfants trisomiques s’indignent

La Fondation Jérôme-Lejeune se fait l’écho de nombreux parents d’enfants atteints de trisomie :

« Représenter un bébé trisomique qui crache et qui est méchant, d'où cela sort-il ? M. Riss, vous plaquez vos propres peurs que vous avez de l'enfant différent. C'est vous le handicapé finalement ; complètement bloqué dans vos peurs et vos représentations que vous en faites... Mais tout cela est fini depuis bien longtemps ! Les enfants trisomiques ont un nouveau visage ! Aujourd'hui les enfants trisomiques font des défilés de mode, écrivent des poèmes, jouent au théâtre, au cinéma, font du sport de haut niveau... Et j'en passe ! Il est temps de les découvrir comme ils sont, je vous invite à parcourir Tombée du nid. » (Clotilde Noël, qui vient de publier le livre Tombée du Nid (Terramare))

« Je veux dire mon “ras-le-bol” de ces atteintes à la dignité et de ces stigmatisations aussi méchantes que bêtes. La méchanceté visait Madame Morano, mais par bêtise et intérêt, ce sont toutes les personnes atteintes par cette maladie qui sont victimes » (François-Xavier).

« Je ressens en tout premier de l'indignation à voir employer le mot "trisomique" comme une insulte, un motif de culpabilité, une information à cacher de l'opinion publique. Ensuite, l'emploi de ce terme dénote une absence totale de connaissance de la maladie, du terme même, comme les enfants qui se traite de triso, de mongol, etc. sans avoir aucune idée de la signification du mot » (Brigitte).

« En tant que parents, je suis en colère contre autant de vulgarité et de méchanceté facile envers des personnes qui n'ont que leur bonté à exposer » (Robin).

« Se servir de la liberté d’expression comme paravent à toutes les outrances dont les personnes les plus vulnérables font les frais (ainsi que leurs parents et entourage) reste insupportable » (Emmanuel).

« Comme mère d'enfant différent, je me sens bafouée » (Axelle).

 

 

Source :
Fondation Jérôme-Lejeune

 

 

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