Source [tvmag.lefigaro.fr] Le grand classique La vie est belle sur Arte ce mardi suivi d’un documentaire inédit sur son réalisateur d’origine sicilienne sont au menu d’une soirée de fêtes idéale.
Dans un monde parfait, le film aurait été diffusé la semaine dernière: La vie est belle se passe une nuit de Noël. Mais les mondes parfaits n’existent que chez Frank Capra. C’est pour ça qu’on l’aime. La bonté triomphe toujours de la corruption. L’individu gagne contre les foules. Pour mériter leurs ailes, les anges gardiens doivent faire leurs preuves, c’est-à-dire sauver James Stewart qui veut se jeter dans le fleuve. Le héros aura la chance de voir ce qu’aurait été le monde s’il n’avait pas existé. Le nombre de malheureux qu’il y aurait eu! Stewart est sourd d’une oreille. Il danse le charleston et rêve de décrocher la lune au lasso. Cela finit bien. L’ange laisse derrière lui un exemplaire des Aventures de Tom Sawyer. Alors qu’il fut un échec commercial à sa sortie, en 1946, La vie est belle est devenu un classique, au même titre que le roman de Mark Twain. La télévision américaine l’inscrit immanquablement à ses programmes pour les fêtes de fin d’année. Quant à la bourgade de Seneca Falls, ses habitants sont persuadés qu’elle a inspiré le décor de ce conte merveilleux en noir et blanc.
Derrière ces miracles sur pellicule œuvrait un immigrant sicilien baptisé Francesco Rosario Capra que nous présente un documentaire français un brin hagiographique, diffusé à 23 heures. Un film inédit signé Dimitri Kourtchine intitulé Frank Capra, il était une fois l’Amérique. Le futur cinéaste déboule aux États-Unis à 6 ans, commence par détester son pays d’accueil. Il se rattrapera par la suite. Sa carrière débute comme gagman pour Mack Sennett, avant de diriger Harry Langdon. Un coup de fil de la Columbia change son destin. Devant sa caméra s’agitent Barbara Stanwyck (avec laquelle il aura une liaison) et Jean Harlow. En 1934, New York-Miami obtient cinq Oscars. Cela permet à Capra d’inscrire sur les affiches son nom au-dessus du titre. Tirer la couverture à lui ne l’effrayait pas, ce que lui reprochèrent certains de ses collaborateurs. L’homme pratiquait le golf et portait des pantalons jaunes. Chez lui, des innocents affrontent des banquiers, des hommes politiques. En 1938, le magazine Time lui consacre sa une.
Capra était patriote. Il croyait à la liberté et votait républicain. Dans un de ses discours, Ronald Reagan cita longuement le Gary Cooper de L’Extravagant Mr Deeds, poète qui jouait du tuba et hérita de vingt millions de dollars. Le réalisateur aux trente-six longs-métrages préférait les petites villes aux grandes métropoles, le bon sens au snobisme. Sa devise était simple: «Un homme, un film».
Il a inventé une Amérique de légende, où les enfants de financiers renoncent à leur fortune pour épouser des demoiselles pures et désargentées. On reconnaît sa touche dans la moindre séquence: cette légèreté, la sereine évidence du talent. Quand son autobiographie, parue en 1971, se vit couronnée livre du mois, il se saoula avec sa femme dès 9 heures du matin. Ce jour-là, il vit ses Oscars en double. Il n’arrivait sûrement pas à les compter. Il les avait pourtant bien mérités. C’étaient ses ailes à lui.
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