Dans une semaine, les Américains seront appelés à élire leur président via les grands électeurs, mais aussi à renouveler les 435 élus de la Chambre des représentants et un tiers du Sénat. Ces élections auront probablement plus d’importance pour le Vieux Continent et le Proche-Orient que n’importe quel vote ayant eu lieu en Occident au cours des quatre dernières années.
L’élection du président des États-Unis d’Amérique passionne. De ce scrutin pourrait dépendre le sort de millions, voire de centaines de millions de personnes aux États-Unis, mais aussi très loin de l’Amérique du Nord : en Ukraine et donc en Europe, ainsi qu’en Palestine et dans tout le Proche-Orient. Notre intérêt pour ce scrutin s’explique peut-être aussi par le niveau atterrant des élites américaines. Nous observons ce spectacle avec une certaine forme de voyeurisme. Entre les soutiens « people » folkloriques des uns et des autres et les déclarations à l’emporte-pièce des candidats, on peine à déceler un brin d’intelligence dans la campagne vue de France. Ainsi, Donald Trump a-t-il cru malin d’affirmer que Porto Rico était une « île flottante d’ordures » quand sa concurrente le qualifie de « fasciste ». Le niveau du débat politique outre-Atlantique s’avère affligeant, nous faisant presque oublier notre propre déclin en la matière et préfigurant probablement ce à quoi nous aurons droit dans quelques années…
Une puissance paradoxale
Cette élection est aussi celle d’une puissance paradoxale. Ce pays est toujours la première puissance économique mondiale, mais aussi un super-État qui demeure culturellement le vaisseau amiral de l’ensemble du bloc occidental. Aucune autre puissance n’est parvenue à obtenir un tel niveau d’attraction et d’influence. En revanche, les États-Unis constituent une nation profondément divisée entre des populations qui semblent irréconciliables. Entre conservateurs et progressistes d’une part, mais aussi à un niveau plus haut entre interventionnistes et isolationnistes. Ces clivages, très schématisés ici, renouvellent les frontières partisanes entre Républicains et Démocrates. Le soutien de l’ancien démocrate Robert F. Kennedy à Donald Trump illustre ce phénomène côté droit, celui de la républicaine Liz Cheney, ancienne représentante des États-Unis et réputée très conservatrice, à Kamala Harris le montre côté gauche…
L’avenir d’un monde et l’avenir du monde
Dans une semaine se déroulera donc un scrutin intéressant à plusieurs titres : tout d’abord pour tenter de déceler, à travers cette campagne, ce qui constituera nos clivages politiques de demain. D’un point de vue culturel, une défaite de Kamala Harris, véritable porte-voix du « wokisme » anglo-saxon, pourrait marquer un nouveau coup dur pour ces idéologies déjà un peu en recul.
En matière de relations internationales, l’arrivée aux manettes de Donald Trump pourrait permettre de trouver une issue à la guerre en Ukraine, ce qui ne serait pas le cas avec sa concurrente. En revanche, le retour de l’ancien président Trump ne devrait pas être déterminant pour mettre fin aux guerres menées par Israël, tandis que Kamala Harris pourrait, elle, être poussée par une partie de sa gauche à tenter de calmer le jeu dans cette région du monde.
L’élection du président des États-Unis sera ainsi déterminante autant pour Washington que pour le reste du monde. Il conviendra, pour bien comprendre les conséquences du scrutin, de s’intéresser aussi aux élections à la Chambre des représentants et au Sénat, qui détermineront la marge de manœuvre de l’heureux élu…
Olivier Frèrejacques
Président de Liberté politique
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