A Nantes, le coupable a été identifié mais l'affaire n'est pas close

Source [La Nuova Bussola Quotidiana] Traduction de Claudio Forti pour Liberté Politique  

https://www.lanuovabq.it/it/a-nantes-ce-un-colpevole-ma-il-caso-non-e-chiuso

Le réfugié rwandais avoue le bûcher de la cathédrale de Nantes: il était exaspéré par l'expiration du visa. Mais il y a trop d'incohérences pour une attaque très grave causée par un petit accident: la facilité d'action, la nervosité comme alibi, son statut: réfugié, demandeur, travailleur ou volontaire?

Il y a un coupable. C'est la première vraie nouvelle de l'histoire surréaliste de la cathédrale de Nantes. Après des années d'églises et de lieux sacrés en auto-combustion mystérieuse, il n'y a finalement pas qu'une "piste à suivre". Pour incendier l'église catholique de Nantes, samedi 18 juillet, c'était Emmanuel A., réfugié rwandais de 39 ans, en France depuis 2012. Et il y a même une confession.

Après une première libération, l'homme fait l'objet d'une enquête judiciaire. En détention provisoire, il encourt 10 ans et une amende de 150 000 €.

Le vendredi 17 juillet, Emmanuel a fermé l'église et est rentré chez lui, un appartement mis à disposition par le diocèse. C'est lui qui avait les clés et la tâche de fermer la cathédrale: l'incendie s'est déclaré à 7h45 le lendemain matin. Trois déclencheurs distincts, deux au rez-de-chaussée, sur les côtés de l'autel, et l'autre à des dizaines de mètres de haut, au niveau de l'orgue de la fin des années 1600 - qui a été complètement détruit, ayant même survécu au limogeage jacobin du Révolution française. Pour les enquêteurs, le mail de colère que l'homme aurait envoyé au diocèse pour le visa manqué et pour l'injonction administrative de quitter le territoire français, qu'il aurait reçu quelques jours auparavant, a été fondamental dans les enquêtes.

Lors de la libération d'Emmanuel A. le dimanche 19, le procureur Pierre Sennes a aussitôt déclaré: "il n'y a aucun élément qui puisse le faire se sentir impliqué dans l'incendie". Pendant dix jours, la presse internationale a suivi le scénario habituel. Ce qui n'a pas changé même après les menottes: "L'immigré était sous pression, la réaction d'incendier une cathédrale était légitime et presque normale, mais la théorie du dysfonctionnement du panneau électrique reste toujours en place". Quand une église brûle et que le suspect est un immigré, il y en a toujours un juste à cause du geste fou. Ou il n'y en a jamais, mais ce sont des détails.

Le récit qui a suivi l'attaque de la cathédrale dès le premier instant a mis fin à l'enquête: un accident! Preuve? Les trois incendies étaient tous placés à proximité de systèmes électriques défectueux. Mais rien de ce qui a été donné avec certitude n'a jamais été confirmé, en effet. Avant-hier, il est apparu que des traces claires d'essence avaient été trouvées dans la cathédrale.

Pour la première fois depuis des années, cependant, la piste criminelle a été immédiatement suivie par la justice. Probablement les preuves des mouvements et les vidéos du circuit de surveillance ont laissé trop peu de place aux théories.

Pourtant, les éléments restent flous et qui semblent ne pas intéresser même les nouvelles: comment a été la facilité avec laquelle un tel incendie a été allumé qui a dévasté la cathédrale des Saints Pierre et Paul?; la nervosité sur les problèmes de documents peut-elle être passée comme un alibi avec une telle normalité? comment est-il possible qu'un homme ayant un emploi dans un diocèse et un appartement ait des problèmes avec un visa?; Était-il vraiment un demandeur d'asile?; pourquoi parle-t-on de bénévolat?; Un volontaire - ce n'est certainement pas un chrétien - peut-il être sacristain et servir la messe dans la cathédrale sans titre?

Trop d'incohérences, pour ainsi dire, qui entretiennent une histoire très sérieuse. Une attaque faite pour passer par un petit accident dans un champ de pommes de terre abandonné.

Le procureur a déclaré avoir écouté plus d'une trentaine de personnes, mais seul le volontaire rwandais a été placé en garde à vue avant d'être "libéré", pour être à nouveau arrêté samedi.

Les images vidéo récupérées, même à l'extérieur de la cathédrale, étaient trop claires pour le magistrat qui suit l'affaire et qui a également été entendu par l'AFP.

Neutre est la position du diocèse qui, dans un communiqué de presse quelques heures après l'arrestation, et la défense à l'épée des Rwandais par le recteur de la cathédrale, le père Hubert Champenois, écrivait: «Le diocèse veut que toute la lumière soit projetée sur les causes de ce feu, c'est pourquoi il fait confiance à la justice. Afin de ne pas interférer avec l'enquête, il ne commentera pas ses progrès. "

L'Etat français était également responsable, coupable de ne pas avoir équipé les 87 cathédrales de détecteurs d'incendie: à Nantes ce sont les passants qui ont prévenu les pompiers.

Une chose est sûre: l'histoire n'est pas terminée ici. Et bientôt d'autres vérités émergeront. Mais le vrai motif restera peut-être comme l'incendie de Notre-Dame: mystérieux.

Les attaques contre le christianisme ont augmenté de 285% entre 2008 et 2019. En à peine un mois, avant la cathédrale Saint-Pierre et Paul de Nantes, un incendie ravageait la cathédrale Saint-Pierre de Rennes, un autre ha détruit le toit et la sacristie de l'église Saint-Paul de Corbeil-Essonnes, près de Paris, une autre encore a enveloppé l'abbaye de Ligugé à Vienne dans les flammes. Triste chronique d'un mois ordinaire en France.

À Nantes, les flammes dévastèrent trois immenses héritages mondiaux: le grand orgue construit en 1619, les vitraux offerts par Anne de Bretagne et un chef-d'œuvre du peintre Hippolyte Flandrin.

En 2019, l'Observatoire du patrimoine religieux (OPR) a enregistré 16 incendies: deux cathédrales, 13 églises et une abbaye. Au cours des sept premiers mois de 2020, 9 bâtiments catholiques ont déjà été engloutis par les flammes. Une attaque après l'autre, sans coupables, sans trop de larmes.

«En France, il y a une destruction silencieuse des racines chrétiennes», a déclaré le philosophe Michel Onfray. "Il y a environ un ou deux actes anti-chrétiens par jour et il faut une cathédrale en feu pour commencer à en parler."

Peut être.

L'affaire Nantes dénonce toute l'incapacité du christianisme à réagir et à s'imposer face à la dégradation culturelle et à la mortification de ses racines communes. Et cela découle, tout d'abord, de l'incapacité de penser l'Occident comme un espace de civilisation. Comme si nous n'attendions rien d'autre que de nous retirer. Le christianisme brûle, personne ne pleure, personne ne s'inquiète.

Retrouvez l'intégralité de l'article en cliquant ici

Traduction de Claudio Forti pour Liberté Politique