L’affaire est venue de la Réunion. Un député socialiste de l’île, Mme Ericka Bareigts, a fait voter le 14 février un amendement au projet de loi Macron en vue de remplacer outre-mer les jours fériés chrétiens par des « jours fériés locaux », sur décision préfectorale. Le secrétaire général de la Conférence des évêques a vigoureusement protesté.
Argument de Mme Bareigt : la République laïque ne peut pas donner « un statut légal aux seules fêtes d'une religion ». Certains jours fériés traditionnels devraient être remplacés par des fêtes hindoues ou musulmanes. Il s’agit de « respecter la diversité culturelle et religieuse ».
L’amendement initial souhaitait supprimer le lundi de Pâques, l'Ascension, le lundi de Pentecôte, l'Assomption et la Toussaint. Le texte voté ne mentionne plus de jours particuliers, mais sanctuarise les jours fériés républicains : 1er et 8 mai, 14 juillet et 11 novembre. Autrement dit, la laïcité républicaine a tous les pouvoirs : tout ce qui est d’origine chrétienne est négociable, tout ce qui est laïque est intouchable.
Mgr Olivier Ribadeau-Dumas, secrétaire général et porte-parole de la Conférence des évêques de France, a fermement réagi contre ce texte qui constitue « une attaque forte contre la religion catholique ».
Boîte de Pandore
« Nous n'avons pas intérêt à ouvrir cette ligne de front qui pourrait être une boîte de Pandore. Il est illusoire en effet de penser que cela resterait cantonné à l'Outre-mer », a-t-il indiqué à l'AFP. « C'est une mauvaise interprétation de la laïcité » précise-t-il, d’autant plus qu’il n’a « entendu ni le Consistoire ni le conseil français du culte musulman demander quoi que ce soit ».
Dans « une France marquée par le christianisme […], une histoire qui se vit paisiblement », il s’interroge : « Noël et Pâques ne sont pas fêtés que par les chrétiens : veut-on supprimer un socle commun à la société française ? » « On cherche par des biais divers à réduire la place des religieux, sans concertation », a-t-il déploré. Il y voit une « preuve de plus que nous n'arrivons pas en France à parler avec sérénité de laïcité ».
Cette intervention de Mgr Olivier Ribadeau-Dumas intervient alors que, dans un premier temps, la Conférence des évêques de France n'avait pas souhaité réagir, préférant s'en remettre aux avis des évêques locaux concernés. Or Mgr Aubry pour la Réunion et Mgr Emmanuel Lafont, l'évêque de Guyane, avaient très clairement pris position en faveur du projet. Mgr Aubry s’était rangé à l’avis d’un comité de dialogue interreligieux local à l’origine de l’idée.
Pour l’évêque de la Réunion, « l’Assomption et la Toussaint sont non-négociables », mais ni le lundi de Pâques, ni le lundi de Pentecôte, ne sont des fêtes religieuses. Ce qu’a confirmé Mgr Jean-Pierre Batut qui ne voit pas dans le calendrier des jours fériés une « institution divine ». Le nouvel évêque de Blois, qui critique par ailleurs vertement l’extension du travail dominical, en qui il voit « le triomphe d’une conception laïciste, mercantile et matérialiste de la vie sociale », pense que l’introduction d’autres fêtes religieuses « consacrerait la dimension spirituelle de l’homme ».
Risque constitutionnel
Au micro de Radio Outre-mer 1e, Mgr Olivier Ribadeau-Dumas, a quant à lui précisé sa pensée, cité par le site Aleteia :
"« Il ne semble pas qu'aucun des diocèse d'Outre-mer ait été consulté sur cette question-là, à part peut-être la Réunion. Il ne s'agit pas, me semble-t-il, pour honorer la laïcité, de prendre ce qui est à Pierre et constitue le socle commun et de retirer l'une de ces fêtes pour la donner à une autre religion. Noël n'appartient pas qu'aux chrétiens, c'est une réalité pour tous. Il faut trouver un autre moyen d'honorer cette dimension-là, sachant qu'en métropole, à ma connaissance, les musulmans et les juifs ne font pas de demande de cet ordre. »
"
Le gouvernement pour sa part n’a pas caché ses réticences, redoutant des surenchères préjudiciables à son texte initial, et une forte opposition populaire, sans compter le risque de censure du Conseil constitutionnel.
Un pouvoir sans limite
L’affaire n’engage aucun avantage particulier de telle ou telle confession religieuse. Les parlementaires socialistes qui ont voté l’amendement s’en prenne moins aux catholiques qu’au socle culturel de l’unité française, ce que l’épiscopat ne peut pas ignorer.
Accorder localement un jour férié à tous les habitants le jour d’une fête religieuse particulière ouvrirait la porte à toutes les revendications communautaristes : pourquoi pas un jour férié le jour du vote de la loi Taubira sur le pseudo « mariage » pour tous ?
Fondamentalement, c’est l’omnipotence totalitaire de la laïcité qui est en cause, au mépris de l’histoire, de la société civile et des limites objectives que tout régime politique modéré se reconnaît pour que soient préservées les libertés fondamentales. Un pays libre est un pays dont la politique n’a pas tous les droits. L’Église ne peut pas renoncer à parler quand le législateur s’attribue tous les pouvoirs.
Ph. de St-G.
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Je travaille depuis 30 ans dans la fonction publique et, chaque année un calendrier des fêtes religieuses juives et musulmanes est publié pour permettre aux personnes se revendiquant de l'une ou l'autre de ces deux religions de prendre des congés à ces occasions. Ces personnes peuvent donc ajouter ces congés aux fêtes chrétiennes chômées, et elles ne s'en privent pas. Cet amendement n'ouvre donc pas un droit à congés (il existe déjà et favorise les croyants non-chrétiens en leur donnant des jours supplémentaires, tant mieux pour eux) mais il tend clairement à supprimer, faire disparaître, des fêtes chrétiennes. Dans l'esprit c'est un peu comme les djihadistes qui détruisent les témoignages des civilisations non musulmanes.
Non au communautarisme ! Non à la suppression des fêtes religieuses, comme le souhaite une députée de la Réunion !
Voir le commentaire en entierIl faut partager comme on partage Noël, et non supprimer : Noël était une fête païenne, un culte de la lumière à un moment où les jours allongent, un culte au dieu Mithra ; les chrétiens en ont profité pour célébrer Jésus dans sa crèche, future lumière du monde. Le syncrétisme met tout le monde d’accord, païens et chrétiens. Pas le moindre conflit ! Et les pieux laïcs ont aussi, ce jour-là, une petite place pour eux, une place honorable pour leur père Noël bien grassouillet... et les commerçants ne sont pas les dindons de la farce : ils savent faire leur marché... de Noël. Tout le monde est aux anges avec les rues illuminées sans qu'on sache clairement qui on honore, le petit Jésus ou le gros Père Noël ! Qu'importe ! la concorde règne ! Alléluia !
Alors rien n’interdit à une communauté religieuse autre que chrétienne de greffer, par exemple à l’Ascension, une fête qui lui soit propre. Ajoutons aux jours fériés légaux ! Ne supprimons pas ! Ainsi un bon laïcard peut de son côté décider qu’au lieu de l’Ascension il va honorer la séparation de l’Eglise et de l’Etat ou quelque chose d’autre en phase avec ses aspirations personnelles. Et rien ne saurait interdire d’y consacrer la fête du parent 1, titre astucieusement inventé par dame Taubira ! La communauté tamoule, quant à elle, peut en profiter pour y glisser un de ses dieux ! Entre nous soit dit, il sera difficile de caser chacun d’eux dans le calendrier, tant ils sont nombreux !
Il ne s’agit pas de déshabiller Pierre pour habiller Paul. Les chrétiens ont leur histoire ; ils n’ont aucune raison de la jeter aux orties pour complaire à des mécréants qui ont pour veau d’or, le père Noël, assis paresseusement sur son traîneau que tirent à hue et à dia de nobles rennes, les forçats de Noël !
Et ainsi il n’y aurait pas lieu de revoir le... Concordat ! Et donc de faire rugir le Conseil d’Etat, qui doit concilier la loi avec le Concordat !
Non, n’arrachons pas du spirituel à une communauté religieuse pour le verser dans le bénitier d’une autre communauté ! Ajoutons des commémorations aux divers jours fériés actuels, comme on a fait pour Noël ! Et la messe sera dite, et bien dite ! Alléluia !
Jetons aux gémonies ce diabolique article de la loi Macron.
Bien sûr que l' Eglise catholique n'a pas à renoncer à parler quand le législateur s'exprime. Mais elle doit admettre que les autres religions peuvent avoir la même attitude, même si l'Histoire ne leur donne pas le même poids, localement ou globalement parlant.
Voir le commentaire en entierSinon, nous courrons, nationalement et internationalement, vers de très graves problèmes.
Il y a aussi à prendre en compte, très sérieusement, les questions de la vie sociale et du monde du travail !.
Tous ces aspects ayant une importance majeure, il y a gros à parier que, s'il n'y a pas un débat exemplaire avant toute décision, nous courons tous à de très graves conséquences.
L'attitude initiale réunionnaise me parait être l'exemple de ce qu'il ne faut pas faire : il est vrai que chacun-e d'entre nos comportements est toujours l'exemple de ce qu'il faudrait faire ou ne pas faire !...
Dernière remarque, les très graves évènements récents nous montrent d'une manière éclatante, que la laïcité bien comprise est notre seule planche de salut.