Source [Marianne] : La perspective des JO se résume pour notre chroniqueur Benoît Duteurtre, à une question : où s’enfuir l’été prochain pour ne pas se trouver coincé à Paris ? La réponse : arpenter paisiblement les sentiers, loin du tintamarre sportif, en se répétant intérieurement la bonne règle de vie de Winston Churchill : « No sport ».
Ils ne nous lâcheront plus. Avec un an d’avance, les jeux Olympiques commencent à envahir les médias, la politique et la communication. Les habitants de la région parisienne voient approcher cet horizon radieux comme une promesse d’embêtements auxquels beaucoup se seraient opposés si on leur avait demandé leur avis. Mais rien à faire, le retour des Jeux au pays de Coubertin se présente comme un événement auquel nul ne saurait échapper. D’une baignade ratée dans la Seine (on va la nettoyer) à ces publicités qui vendent la beauté du sport, du handisport, du sport rassembleur des peuples et du sport pour tous, la grand-messe a commencé. Un siècle avant, on préférait les « expositions universelles », qui ont pour une part façonné Paris, de la tour Eiffel au Grand Palais. La richesse des cultures et des nations justifiait un foisonnement de découvertes et de créations architecturales au fil de la Seine. Un siècle plus tard, l’État et la Mairie de Paris ont balayé l’idée d’une exposition, trop ambitieuse et presque inutile en comparaison des JO. Le spectacle sportif est la vraie religion de notre société postmoderne, avec son marché d’images et sa lutte pour les médailles… ultime forme encouragée de nationalisme, au son de la Marseillaise et aux couleurs du drapeau.
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