L’amour de la vérité, itinéraire philosophique - Préambule

 Pour quelqu’un passionné de philosophie, en particulier des auteurs grecs que sont Platon et Aristote, racines de notre identité culturelle occidentale, que signifie la philosophie ? Philo sophia, ami de la sagesse. Où l’homme peut-il accéder à la sagesse ? Dans la recherche de la vérité. D’où l’amour de la vérité ! Et, comme par hasard, amour et vérité s’adressent aux deux composantes de l’esprit humain.

Cet itinéraire philosophique tente de répondre à cette gageure, fil directeur d’un parcours en quatorze étapes successives, dites réalistes, parce que partant de l’expérience réelle que chacun fait chaque jour. 

Deux grandes perspectives marquent l’histoire de la philosophie occidentale : l’idéalisme et le réalisme, fondés par deux maîtres, Platon et Aristote, Aristote élève de Platon au IVe siècle avant J-C. Deux points de départ différents : l’un, les idées dans l’expérience interne, l’immanence de la pensée, l’autre, la réalité dans l’expérience externe, la vie réelle.

Trois expériences humaines fondent la philosophie pratique : le travail ou l’activité artistique, l’amitié ou l’activité éthique et l’activité politique. Le travail repose sur une matière à transformer venant de la nature. D’où la nécessité d’une philosophie de la nature, connaissance préalable à la transformation de la matière. L’amitié repose sur la connaissance humaine, d’où la philosophie du vivant qu’est l’homme, au sens générique du mot bien évidemment. Il en est de même pour l’activité politique dans l’étude de la communauté humaine. Éthique et politique nécessitent une philosophie du vivant, mettant en évidence trois niveaux successifs : vie végétative ou biologique, vie sensible, vie spirituelle. Le philosophe doit découvrir ces deux présupposés que sont la nature pour l’univers physique et le vivant qu’est l’homme.

Dans sa nature-même, l’esprit humain peut se séparer de la matière quand il pense, réfléchit, aime, travaille au-delà de la matière sensible ou quand il contemple. 

Dans son traité de logique, l’Organon, Aristote invente ce qu’il nomme les Catégories, en distinguant ce qui en l’homme change et ne change pas, ce qui demeure au-delà du mouvement. D’ailleurs, parfois ne dit-on pas que ce qui est « substantiel » est ce qui demeure ? Ainsi, Aristote découvre la substance, « ce qui se tient par soi », et le relatif, « ce qui se tient par un autre », que sont la relation, la qualité ou la quantité, toutes relatives à l’être de chacun de nous et qu’il est bon d’étudier. Par exemple, je suis moi-même depuis ma naissance et je le reste même après ma mort ; par contre je me fais des amis et je peux en perdre, j’acquiers des connaissances et des compétences diverses, ma taille et mon poids varient au fil des ans, comme mon lieu de vie ou ce que je possède un jour et pas un autre.

Chacun s’interroge pour se connaître et découvrir le monde qui l’entoure : la nature, les vivants, en réponse à deux questions existentielles : qu’est-ce ? en vue de quoi ? C’est la recherche des causes, des effets à leurs causes. La finalité donne alors sens à la vie, à ce pourquoi les êtres et les choses existent, permettant ainsi à l’homme d’agir « en connaissance de cause », de poser des actes responsables de lui-même et des autres. D’où la question de la vérité, la question du bien, ouvertes à celle de l’un qui est l’unité au-delà du multiple, le simple au-delà du complexe. Telle apparaît la profondeur de l’intelligence, dépassant le sensible, le visible, pour le spirituel, l’invisible, ce qu’aimait enseigner le Compagnonnage du Devoir.

C’est ainsi que de retour à l’homme dans sa vie, le philosophe, que chacun peut être, s’il « aime la vérité », transforme son regard sur lui-même, sur les autres et sur le monde qui l’entoure. 

Enfin, dans son regard sur lui-même et sur l’homme en général, il découvre ce qu’est la personne humaine, ses dimensions réelles, profondes, clé du sens de la vie et de sa relation au monde.

Tel est cet itinéraire que chacun peut parcourir sans grande difficulté, malgré quelques obstacles à franchir. Il incombe d’avoir le désir de chercher la vérité, qui habite tout homme et le conduit au bonheur, dans une alliance d’amour.