Travail du dimanche, travail de nuit, les choses s’accélèrent. Emmanuel Macron a convoqué les journalistes à Bercy mercredi 15 octobre pour présenter son projet de loi pour l’activité. Rappelant de manière cosmétique que « le droit commun, c’est de ne pas travailler le dimanche », le jeune ministre de l’économie a consacré presque dix minutes à la question sur une intervention de cinquante-trois minutes au travail le dimanche (43:19 –50).

Pour « simplifier le zonage qui existe aujourd’hui », des mesures plus lisibles, toutes inspirées par le rapport Bailly, vont donc voir le jour. Laisser aux maires « la main » et leur permettre d’ouvrir non plus cinq dimanches seulement mais douze (forcer au passage les maires qui n’ouvraient pas ces cinq dimanches à ouvrir !), faire en sorte que « des zones commerciales et touristiques », que des  « zones touristiques de dimension internationale à fort potentiel économique » puissent ouvrir les magasins en soirée et le dimanche. Promise également « l’ouverture des commerces d’une dizaine de gares », zones rejoignant les aéroports ayant fait déjà l’objet d’un accord.

« Une respiration » a martelé le ministre pour nos territoires. Étonnante inversion, contestable manipulation des mots : les territoires respireraient quand les salariés n’auraient plus cette respiration hebdomadaire ensemble qu'est le dimanche. Le mot est décidément mal choisi.

Cheval de Troie

Se justifiant en convoquant le géant Amazon où, selon lui, un quart du chiffre d’affaires est fait le dimanche sur l’Internet, Emmanuel Macron s’est félicité de proposer un « régime protecteur où les élus gardent la main », un cadre fixe et clair où la base c’est le volontariat, les compensations, l’accord majoritaire. Et il affirme quant à lui protéger les intérêts des salariés et le dialogue social.

On appréciera quand ce sont les grands groupes qui sont à la manœuvre ! Lors des débats de 2009, certains avaient pointé du doigt le danger de préciser l’article 1er de la loi : « Le repos hebdomadaire est donné le dimanche dans l’intérêt des salariés ». La précédente formulation, plus sobre et plus contraignante, n’aurait jamais dû être abandonnée : « Le repos hebdomadaire doit être donné le dimanche. »

Aujourd’hui, jour néfaste, le cheval de Troie est programmé pour entrer dans la protection séculaire du repos dominical. H.B.

 

 

Extrait de la conférence de presse à Bercy – 15 octobre 2014

« Ce monde, l’Internet, c’est celui d’Amazon. Dans le monde d’Amazon, il y a un quart du chiffre d’affaires qui est fait le dimanche. Alors il ne faut plus regarder la bagarre des commerces de centre-ville et des grands commerces à l’extérieur, il faut juste regarder si l’on veut défendre le commerce et l’emploi en France, ou décider qu’on le laissera à des grands groupes étrangers qui opèrent sur Internet et qui paient moins d’impôts en France que celles et ceux que parfois on n’autorise pas à ouvrir. C’est cela la réalité des choses. Les Français le dimanche, ils vont sur Amazon quand ils ne vont pas dans un magasin. »

 

Pour en savoir plus :
Notre dossier Oui au repos dominical

 

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