Source [Elements] : Avec « Reprise en main », farce sociale qui fait revivre l’espace d’un film l’esprit combatif des Gilets jaunes, Gilles Perret prouve qu’un documentariste de gauche peut aussi être un grand cinéaste de droite.
Ne dites pas à Gilles Perret qu’il est un grand cinéaste de droite, il pense être encore un documentariste de gauche ! Indissociablement lié à la vallée d’Arve, en Haute-Savoie, ce réalisateur bien connu pour ses excellents documentaires engagés oscille depuis une dizaine d’années entre réussite incontestable – « Je veux du soleil » (2019) –, sans doute un des plus beaux et des plus émouvants documentaires jamais tournés sur le mouvement des Gilets jaunes et des œuvres de commande plus politiques, moins intéressantes, comme « L’Insoumis », chronique inutilement béate de la campagne présidentielle 2017 de Jean-Luc Mélenchon ou « Debout les femmes » (2021), avec son complice et député journaliste François Ruffin. Avec « Reprise en main », son premier long métrage, co-écrit avec sa compagne Marion Richoux, le voilà désormais seul à la barre.
Documentariste de gauche ou cinéaste de droite ?
Avec « Reprise en main », le « spécialiste des luttes sociales » montre un tout autre visage ; celui d’un grand cinéaste de droite, enracinant son cinéma dans sa vallée natale, et ses spectaculaires paysages de la vallée de l’Arve, faisant l’éloge de l’honneur et de l’amitié, du travail bien fait et du dépassement de soi. Une ode au courage comme le cinéma français n’en a plus produit depuis des décennies. Cette vertu qu’on imagine cardinale pour le réalisateur illumine littéralement tout le film, et notamment Pierre Deladonchamps alias Cédric, ouvrier décolleteur chez Berthier, à Marnaz, en Haute-Savoie qui escalade en solitaire et sans corde les falaises du Bargy, dans le Massif des Bornes. Ce dernier, pourtant fils de syndicaliste rejette les politiques comme les syndicats, la figure paternelle, impressionnant Rufus, mais ose imaginer l’impensable : racheter son entreprise promise à un fonds vautour en se faisant passer pour des spéculateurs cyniques. C’est tout le paradoxe de cette comédie sociale pleine de vie qui commence sur le ton d’un documentaire militant, dont on craint d’abord le didactisme, mais qui se déride fort heureusement après une mémorable cuite entre copains. Mieux, le film se débride. Fous rires et engueulades se succèdent, chantages et extorsions s’enchaînent dans la joie et la bonne humeur. On n’a jamais vu trois ouvriers lors d’une fête d’école soutirer avec autant de délicatesse et de fermeté 5 millions d’euros à une mère de famille bourgeoise qui trahissant l’héritage de ses ancêtres a vendu ses parts de l’usine familiale pour les placer dans un paradis fiscal ! C’est l’avantage d’une vallée et du monde rural : tout le monde se connait depuis l’enfance. La nationalisation des biens de production peut se faire sans haine ni violence !
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