La réconciliation officielle entre les États-Unis et Cuba a été saluée hier par le pape François avec une « grande satisfaction » comme une « décision historique ».
Il est vrai que le Saint-Père est loin d’être étranger à ce rétablissement de relations diplomatiques entre Washington et La Havane : le Vatican a confirmé publiquement l’envoi de deux lettres aux présidents Barack Obama et Raul Castro et de plusieurs démarches de bons offices effectuées vis-à-vis des deux pays.
En octobre dernier, le Saint-Siège avait encore reçu des délégations de ces pays. Selon le quotidien La Croix, le processus de rapprochement diplomatique avait commencé dans la plus grande discrétion au printemps 2013 sous l’égide du Canada, et il s’est accéléré après l’intervention personnelle du pape François l’été dernier.
Hier, le président des États-Unis a tenu à souligner le rôle du chef de l’Église catholique en adressant ses remerciements personnels au pape François, « dont l’exemple moral nous montre l’importance de rechercher un monde tel qu’il devrait être, plutôt que de se contenter du monde tel qu’il est ».
Une médiation décisive
Le président Obama et le Pape se sont rencontrés en mars dernier à Rome, alors que les discussions bilatérales étaient en cours, et les deux hommes ont discuté de la question de Cuba. Barack Obama a souligné à ce sujet l’importance de l’origine sud-américaine du Pape argentin Jorge Mario Bergoglio. D’après Washington, bien au-delà du fait de l’hospitalité diplomatique canadienne, le Vatican a été « le seul gouvernement à participer aux discussions ».
Deux événements ecclésiaux antérieurs ont formé des étapes dans l’évolution du régime cubain vers davantage d’ouverture : les visites pastorales successives des papes Jean-Paul II et Benoît XVI à Cuba, en 1998 et en 2012, occasions de dialogue avec Fidel Castro, avant la passation de pouvoir à son frère Raul Castro et le relatif assouplissement effectué graduellement.
Enfin, très en amont de ces visites historiques de ces deux papes, on peut rappeler l’intervention pacificatrice et salutaire d’un autre pontife, Jean XXIII, au moment périlleux de la crise des missiles de Cuba en 1962, à l’heure dramatique où l’on pointait la menace d’une guerre nucléaire avec les États-Unis. Aujourd’hui, alors que le spectre de la guerre se manifeste ailleurs sur la planète encore brûlante, c’est de nouveau le chemin de la paix que la papauté indique au monde. Non sans difficultés, certes, mais non sans espérance.
Denis Lensel
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