Le Premier ministre israélien Ehud Olmert a été reçu ce mercredi 13 décembre par le pape Benoît XVI au Vatican. L'entretien qui a duré trente-cinq minutes a été qualifié de bon par le bureau du Premier ministre.
Il fut seulement bon... ni excellent, ni chaleureux, ni fraternel.
Ehud Olmert a la mauvaise habitude, depuis qu'il est à la tête du gouvernement, de réclamer au pape des gestes ou des déclarations sans jamais vraiment rien donner en retour. Déjà, il y a quelques mois, il avait envoyé Shimon Pérès pour demander à Benoît XVI de bien vouloir condamner le Hamas.
Aujourd'hui, il réclame du pape une intervention personnelle et publique pour protester contre la négation de la Shoah suite à la conférence de Téhéran. M. Olmert ne comprend pas grand chose au fonctionnement des institutions de l'Eglise catholique et on ne serait lui en tenir rigueur, mais au moins il aurait pu remercier le pape pour le communiqué publié le 12 décembre (cf . infra) par la salle de presse du Saint Siège, condamnant avec fermeté le négationnisme !
Olmert a invité le pape à se rendre en Terre Sainte. Le pape lui a répondu avec beaucoup d'affabilité que le temps n'était pas venu et qu'il préférait attendre que la situation soit plus calme. Le Saint Père a également exprimé sa satisfaction pour le cessez-le-feu dans la Bande de Gaza.
De son côté, le Premier ministre israélien s'est engagé à accélérer le rythme des négociations entre le Saint-Siège et Israël, concernant le statut fiscal des propriétés de l'Église catholique en Israël et des questions juridiques qui y sont liées. La visite d'Ehud Olmert au Vatican a eu lieu alors que les travaux de la commission bilatérale entre le Saint-Siège et Israël ont repris à Jérusalem pour finaliser l'accord fondamental entre les deux États conclu en 1993. Les travaux avancent lentement, trop lentement aux yeux de l'Eglise. Israël n'a jamais appliqué les accords déjà signés entre les deux parties et l'accord sur la personnalité juridique de l'Église et des congrégations religieuses en Israël signé le 10 novembre 1997 n'a toujours pas été présenté à la Knesset !
Les demandes répétées de la part des diplomates du Saint-Siège pour améliorer la situation du personnel ecclésiastique en Terre Sainte ne sont que peu prises en compte, particulièrement les questions des visas, du droit de passage aux frontières et de la liberté de mouvement des chrétiens au moment des fêtes. Un prélat impliqué dans les relations entre Israël et le Vatican nous a confié que le pape aimerait venir en Terre Sainte mais qu'il ne viendrait pas tant que les relations entre les deux parties ne s'amélioreraient pas.
* Jean-Marie Allafort vit en Israël depuis 1990 ; a étudié le judaïsme à Ratisbonne et à l'Université hébraïque de Jérusalem. Actuellement, journaliste et correspondant pour plusieurs médias. Chroniqueur du site chrétien Un-echo-Israel.net
Communiqué de la Salle-de-Presse du Vatican, 12 décembre 2006
L'EVIDENCE DE LA SHOAH
"A propos de la conférence en cours à Téhéran (Iran) sur la Shoah, le Saint-Siège rappelle la position de l'Eglise exposée dans le document de la Commission pour les rapports religieux avec le Judaïsme, intitulé Nous nous souvenons, une réflexion sur la Shoah.
Le siècle dernier a connu une tentative d'extermination du peuple juif qui a entraîné la mort de millions de Juifs, de tout âge et catégorie, du seul fait de cette identité. La Shoah a été une épouvantable tragédie, face à laquelle on ne peut rester indifférent.
L'Eglise regarde avec respect et compassion l'expérience vécue par le peuple juif durant la seconde guerre mondiale. Le souvenir de ces choses terribles doit rester un avertissement pour les consciences, si l'on veut éliminer les conflits, respecter les droits légitimes de chaque peuple, tendre à la paix dans la vérité et la justice.
Cette position a été rappelée par Jean-Paul II le 23 mars 2000 à Jérusalem, lors de sa visite au mémorial Yad Vashem, et encore par Benoît XVI lors de sa visite au camp d'extermination d'Auschwitz, le 28 mai dernier."
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