[Source : Le Salon Beige]
Jean-Michel Blanquer, préférant la méthode d’apprentissage de la lecture syllabique, annonce le retour du fameux B.-A. BA dans les programmes scolaires. Il mettrait ainsi fin à 15 ans de pratique de la méthode semi-globale, exécutant ainsi la suppression qu’envisageait l’ex-ministre de l’Education Nationale, Gilles de Robien, en 2006, sans toutefois y parvenir. C'est pourquoi il faut être prudent :
Les déclarations initiales du ministre de Robien, comme celles de Blanquer, étaient extrêmement fermes (interdiction de la méthode globale ou assimilée d'apprentissage de la lecture, retour aux méthodes syllabiques) et la circulaire du 5 janvier 2006 allait dans ce sens :
"Apprendre à lire résulte de la découverte du principe alphabétique de notre langue. […] L'apprentissage de la lecture passe par le décodage et l’identification des mots conduisant à leur compréhension. L'identification des mots n'a rien à voir avec une devinette et son apprentissage se construit progressivement. […] L'automatisation de la reconnaissance des mots nécessite des exercices systématiques de liaison entre les lettres et les sons et ne saurait résulter d’une mise en mémoire de la photographie de la forme des mots qui caractérise les approches globales de la lecture : j'attends donc des maîtres qu'ils écartent résolument ces méthodes."
Mais l'arrêté du 24 mars 2006 avait plombé ce voeu. Extrait :
"pour ce faire, on utilise deux types d’approche complémentaires : analyse de mots entiers en unités plus petites référées à des connaissances déjà acquises, synthèse à partir de leurs constituants de syllabes ou de mots réels ou inventés."
Cette phrase décrit exactement les méthodes mixtes (encore appelées à départ global, semi-globales, naturelles, par hypothèses, et depuis peu intégratives) ! Plus ahurissant encore cette phrase interdit juridiquement l’utilisation des méthodes alphabétiques. Courant juin 2006, toutes les écoles avaient reçu du ministère une plaquette destinée aux enseignants et aux parents. A la page 3, on y trouve un texte intitulé "A compter de la rentrée scolaire 2006 les programmes de l’école primaire publiés en 2002 sont modifiés par l’arrêté ministériel du 24 mars 2006 (BO –n°13 du 31 mars 2006)." Curieusement ce texte ne contient pas la phrase clefanalysée ci-dessus ! Ce qui a permis au ministre d'adresser début juillet cette plaquette à tous les parlementaires accompagnée d’une carte de visite sur laquelle on peut lire :
"J’ai le plaisir de vous transmettre la plaquette expliquant les méthodes de lecture applicables dès la rentrée prochaine, abandonnant les méthodes globales et assimilées."
La méthode syllabique associe les lettres de l’alphabet entre elles afin de constituer des syllabes. L’enfant déchiffre d’abord des sons (phonèmes) puis des ensembles de lettres (graphèmes) qu’il reconnaîtra par la suite dans des mots.
La méthode globale invite l’enfant à partir de mots appris d’un bloc sans avoir au préalable étudié leur composition pour ensuite y reconnaître un assemblage de lettres. C’est donc le sens logique de l’assemblage des mots qui monopolise toute l’attention de l’enfant. Il survole ainsi le texte sans pour autant prendre le temps de comprendre la composition de chacun des mots. Cette méthode s’est imposée dans les instituts de formation des maîtres de 1975 à 1985.
La décision de Jean-Michel Blanquer s’appuie sur les recherches des neurosciences
« On s’appuiera sur les découvertes des neurosciences, donc sur une pédagogie explicite, de type syllabique, et non pas sur la méthode globale, dont tout le monde admet qu’elle a des résultats tout sauf probants. »
Le ministre de l’Education Nationale appuie sa réforme sur les recherches de Stanislas Dehaene, neuroscientifique et professeur au Collège de France, qui a démontré pendant les années 1980 l’inefficacité de la méthode globale. La lecture globale active l’hémisphère droit du cerveau alors que l’attention portée aux lettres met en activité une autre région. « Autrement dit, l’apprentissage par la méthode globale mobilisait un circuit inapproprié » conclue le chercheur. Ce phénomène semble avoir des conséquences sur la compréhension écrite des textes étudiés. Selon les statistiques du ministère « de nombreux enfants décodent correctement… sans comprendre ce qu’ils lisent » selon Le Figaro du 24/08.
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