[Source : Boulevard Voltaire]
Laurent Dandrieu : Sur les migrants, le pape et Hidalgo partagent de “bonnes ondes”
Anne Hidalgo a participé à un colloque sur l’aide aux migrants organisé par l’Académie pontificale des sciences : comment expliquer sa participation ?
La volonté de l’Académie pontificale des sciences était de réunir des maires pour, écrit le correspondant à Rome du quotidien La Croix, Nicolas Senèze, « donner corps à un réseau de maires européens capable, face à la crise migratoire, de faire bouger l’Europe et les gouvernements. Des gouvernements que nombre de maires présents regrettent de voir paralysés par la montée des populismes. » Dans cette optique très militante, c’est l’absence du maire de Paris qui aurait été étonnante, tant Anne Hidalgo se veut en pointe dans l’accueil inconditionnel des migrants, sujet sur lequel, en dépit de désaccords sur bien d’autres points – et notamment sur les questions de morale naturelle -, elle est absolument en phase avec le pape François. Il faut noter que, sur un autre thème cher au pape – la lutte contre le changement climatique -, Anne Hidalgo est depuis le mois d’août dernier présidente de C40, un réseau de grandes villes mobilisées sur ce sujet. Anne Hidalgo est donc au cœur de cette logique de villes organisées en réseau international pour constituer un contre-pouvoir aux États nationaux, que semble vouloir promouvoir l’Académie pontificale des sciences.
Le pape François lui a envoyé une lettre dans laquelle il lui exprime sa « gratitude pour [son] action avisée ».
Est-ce un message politique ?
Il faut bien préciser que, contrairement à ce que la presse a indiqué en vertu du sempiternel narcissisme national des médias – et peut-être en vertu d’une ambiguïté soigneusement entretenue par l’intéressée elle-même -, le pape n’a pas écrit spécifiquement à Anne Hidalgo, mais à tous les maires présents, et il n’y a pas de raison de penser que cette lettre ait été personnalisée. Sachant que les maires qui ont participé à ce colloque intitulé « Les migrants sont nos frères et nos sœurs » ont voulu poser les bases d’un réseau d’accueil des réfugiés, le chaud soutien que le pape a voulu apporter à leurs travaux – « Je souhaite vous exprimer mon admiration et ma gratitude pour votre action avisée et votre persévérance en faveur de nos frères et sœurs réfugiés » – est évidemment politique. Dans le cas particulier d’Hidalgo, quand on connaît l’irresponsabilité de sa politique, qui consiste à ouvrir toutes grandes les portes aux migrants sans organiser le moins du monde leur intégration autrement que par des paroles pieuses – politique qui consiste à ajouter de la misère à la misère et du chaos au chaos, sans le moindre souci du bien de la population parisienne ; comme, d’ailleurs, le pape ne se soucie guère des populations européennes dans ses appels répétés à l’accueil -, la phrase, si elle ne vise pas expressément cette politique, paraît pour le moins surréaliste.
À la fin du courrier, le pape demande de bien vouloir « prier » ou de penser à lui et de lui « envoyer une onde positive »… Normal ?
Dans son souci de se rendre acceptable à ceux qui ne partagent pas sa foi en Dieu, et à qui, donc, il ne pouvait demander une véritable prière, le pape a employé une expression pour le moins étrange, très « new age ». On peut considérer que c’est un détail sans importance ; on peut aussi (c’est une autre lecture) trouver pour le moins déplacé dans la bouche d’un pape un propos aussi radicalement étranger à la spiritualité catholique. Il est vrai que ce pape nous a habitués à entendre des propos qui sonnent étrangement dans la bouche d’un pape.