Source [Quentin Brot pour Liberté Politique] Les dix premiers jours du mois d’août s’est tenu dans toute la France un festival d’évangélisation : Anuncio. Le thème de l’évènement était « et s’il ne restait que l’Amour ? ». La volonté des organisateurs était d’annoncer le Christ au plus de monde possible en partant du constat que la France est devenue le quatrième pays le plus athée au monde, qu’un tiers de la population française se dit aujourd’hui athée convaincue et que plus de la moitié ne sait pas si Dieu existe.
Comme aux premiers siècles de notre ère il s’agissait donc d’aller annoncer l’Évangile afin que la France reprenne sa place prééminente au sein de l’Église, répondant ainsi à l’invitation de saint Jean-Paul II : « France, fille aînée de l'Église, es-tu fidèle aux promesses de ton baptême ? »
Le principe de l’évangélisation est simple, il s’agit d’aller rencontrer les gens dans la rue pour témoigner du kérygme : Jésus-Christ est le Messie, le Fils de Dieu, le seul Seigneur et Sauveur ; il est mort et il est ressuscité. Il me semble important de préciser que l’évangélisation est toujours précédée et suivie par plusieurs heures de prière et formation, car la contemplation précède toujours l’action. Par ailleurs, ayant été co-organisateur de la mission d’évangélisation au sanctuaire de Lourdes, il me paraît intéressant de faire part de notre expérience au lectorat de Liberté politique.
Pendant une semaine nous avons avec quinze jeunes, accompagnés par un prêtre et une religieuse, navigué dans tout le Sanctuaire afin de rendre compte de notre foi à tous ceux qui étaient disposés à nous écouter.
Nous avons pu constater de façon étonnante qu’au sein même du sanctuaire de Lourdes la majorité des visiteurs n’est pas croyante. Il y a de façon générale presque trois quarts de personnes soit athées, soit en recherche, soit versant dans des spiritualités parallèles. Parmi ces personnes il était presque impossible de trouver quelqu’un capable de nous parler du message de Bernadette Soubirous.
L’autre petit quart se disait catholique, mais même dans cette frange nous avons rencontrés une bonne dose de catholique « zombies », pour reprendre les mots d’Emmanuel Todd. En fait nous avons croisé très peu de catholiques pratiquants et engagés. Cela était vraiment l’exception. Le sanctuaire de Lourdes n’est donc plus d’abord un lieu de pèlerinage, mais plutôt un lieu soit pour y chercher « des énergies » et se ressourcer, soit pour satisfaire une curiosité touristique, soit pour demander quelque chose à la Sainte Vierge mais sans trop connaître le dogme de l’Immaculée Conception ni celui de l’Incarnation. L’impression de « foule perdue sans berger » est très forte à Lourdes et ne peut pas laisser indifférent.
Ce qui ne laisse pas indifférent non plus c’est le « profil » du groupe de jeunes évangélisateurs (entre 18 et 30 ans) que nous avions à charge. En effet, mis à part nos deux accompagnateurs consacrés, il n’y avait que des laïcs. La jeunesse catholique qui compose le groupe Anuncio est animée par une relation à la Foi et au Christ totalement décomplexée et mystique. Cette image d’une jeunesse catholique militante et sûre d’elle-même tranche singulièrement avec la génération précédente.
Sans tomber dans des schémas grossiers, l’impression est forte que les catholiques pratiquants sont moins nombreux mais plus engagés. Comme si en fin de compte, la structure sociale étant antéchristique, ceux qui restent fidèles à l’Église n’ont d’autres choix que la radicalité, sans quoi ils sont voués à la disparition.
Il est saisissant aussi de voir combien le décret sur l’apostolat des laïcs rédigé lors du Concile Vatican II, Apostolicam Actuositatem, correspond à l’intuition d’Anuncio. Parlant de l’apostolat des laïcs il expose que « cet apostolat ne consiste pas dans le seul témoignage de la vie ; le véritable apôtre cherche les occasions d’annoncer le Christ par la parole, soit aux incroyants pour les aider à cheminer vers la foi, soit aux fidèles pour les instruire, les fortifier, les inciter à une vie plus fervente. »
Les dix jours passés à Lourdes avec le groupe Anuncio nous ont donc apporté beaucoup d’espérance dans la mesure où le tableau qui s’offrait était celui d’une très grande soif d’un côté et celui d’une très grande foi de l’autre. Et il m’a semblé évident que l’une des voies de salut de la France passe par l’évangélisation directe.
Ce mode d’action est spirituel, il n’est pas politique à proprement parler, toutefois il me semble faire partie des solutions pour redonner à la France sa vigueur chrétienne. Car toujours selon Apostolicam Actuositatem, « tel est le dessein de Dieu sur le monde : que les hommes, d’un commun accord, construisent l’ordre des réalités temporelles et le rendent sans cesse plus parfait. »