Attention à la dynamite du dimanche

"Valeurs actuelles" tape dans le mille ! Le dessin de la semaine de Jean Hin représente le ministre Emmanuel Macron dynamiter le dimanche devant un président Hollande passif, mais complice. A droite comme à gauche, les artificiers feraient bien de se méfier…

On ne sait pas encore trop bien ce que manigancent MM. Hollande et Macron sur la première vignette. À la manœuvre, le ministre de l’Économie s’essaie à ouvrir une serrure récalcitrante avec une énorme clé. Deuxième vignette : la clé n’ayant rien ouvert, on passe à des moyens moins honnêtes, à l’effraction, et c’est un pied-de-biche qu’Emmanuel Macron manie désormais pour forcer cette porte close qui décidément ne se rend pas. Qu’ouvre donc cette porte ? Pourquoi est-elle si difficile ?

La troisième vignette au plan plus large donne la réponse, bien sentie.

Après la clé, après le pied-de-biche, l’explosif ! Le ministre s’apprête à allumer lui-même la mèche. Sur la porte s’affiche désormais le mot DIMANCHE. À l’étage, Martine Aubry et Benoît Hamon fâchés se plaignent en chœur : « On peut plus dormir ! »

Le lecteur sait enfin de quel déverrouillage il est question. Celui du repos dominical. Il s’agit de forcer le travail le dimanche et d’autoriser l’ouverture des magasins ce jour-là ; faire travailler ces paresseux de « sans-dents » comme nous y invitent à penser le dentier dans la deuxième vignette. Tout le monde en prend pour son grade : ceux qui veulent imposer le travail le dimanche coûte que coûte, et ceux qui défendent en ridicules endormis le repos dominical.

Association de malfaiteurs

Quelle leçon tirer de cette mini BD esquissant à gros traits les enjeux de la discussion qui se profile fin janvier à l’Assemblée nationale ?

D’abord qu’il y a grande entente entre le ministre de l’Économie et le président, jusqu’à l’association de malfaiteurs sur un dossier miné. L’ancien accompagne le jeune de sa hauteur, peut-être même de son doute. Le duo relève davantage des pieds-nickelés que des cambrioleurs d’un hold-up de haut vol.

Le dossier complexe du travail le dimanche, nous le savons depuis 2008, divise profondément la société française. Le gouvernement socialiste a-t-il mesuré comment tenir sa position à contre-emploi comme l’ont fait justement remarqué et Natacha Polony dans le Grand Journal de CANAL + et Catherine Nay pour Valeurs actuelles dans « Le cactus du dimanche » ? Contre-emploi oui, car c’est le socialiste François Hollande qui applique avec ce projet de loi Macron une politique pensée pour l’UMP Nicolas Sarkozy. Tous les coups seront-ils de fait permis comme le suggère le caricaturiste ?

Ensuite, que l’autre entente de l’autre duo, Aubry/Hamon, en position de censeurs, n’est pas davantage défendue. À la fenêtre, voyant les exactions des deux grands de l’État, ces deux anciens ministres de gauche n’apparaissent pas bien aptes à contrer l’attentat qui se prépare. « On peut plus dormir » regrettent-ils seulement. Les voilà, campés en travailleurs ensommeillés défendant le jour où l’on peut se reposer. L’explosion vient dire d’ailleurs qu’il en sera fini du silence exigé dans la loi pendant tout le dimanche chômé.

La ligne de Valeurs actuelles ?

Enfin que l’humoriste de Valeurs actuelles donnerait ainsi une ligne partagée dans l’hebdomadaire. Catherine Nay ne termine-t-elle pas sa chronique en louant les cinquante-deux dimanches ouverts désormais dans les zones touristiques à Nice ? À Marseille, Bordeaux, Biarritz, dit-elle, c’est en route, « villes dirigées par des maires de droite ». Ce qu’elle reprocherait au fond c’est que la loi Macron marche sur les plates-bandes de la droite. La journaliste prend d’ailleurs un malin plaisir à tacler en réalité l’incohérence de ce gouvernement et présente son projet de loi comme un « vaste salmigondis » pensé pour la droite.

Que ce soit l’explosif, que ce soit le cactus, les images en tout cas annoncent que ça va faire mal. Nul doute que le dossier blessera la majorité présidentielle en janvier. M’est avis que Martine Aubry et Benoît Hamon pourraient même dormir moins qu’on ne le croit. En tout cas, nous espérons leur réveil. C’est la limite de Catherine Nay : elle ne veut ni ne peut reconnaître à ces deux-là la moindre idée juste.

Entende qui pourra

Ajoutons encore que cette planche humoristique participe volens nolens au plan de communication qui cherche à minimiser par tous les moyens le sujet de l’ouverture des magasins le dimanche au regard d’autres thèmes jugés plus importants. Ainsi Jean d’Ormesson dans Le Figaro cite-t-il ce dossier « mineur » à côté du dossier « majeur » du terrorisme qui vient, comme le rappelle l’actualité tragique de ces derniers jours.

Ridicule la défense du repos dominical, vraiment ? Erreur de perspective en réalité : c’est notre oubli de Dieu, sa mise à la porte de l’horizon humain, notre égo-grégarisme qui sont la cause d’un désordre inouï si prêt à se métamorphoser en guerre. Brader le dimanche en est comme le signal ! Entende qui pourra ! H.B.

 

Sur ce sujet :
 Notre dossier Oui au repos dominical

 

Illustration : « La semaine de Jean Hin », Valeurs actuelles du 18 décembre 2014.

 

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