Le mensuel Prions en Église du mois de novembre 2002 publie un article du père Marc Sevin, bibliste, coordinateur de la Bible Bayard qui répond à la question : " Jésus savait-il comment il allait mourir ? ".

Ce texte a inspiré une réaction indignée du père Alain Bandelier qui s'est répandue sur la toile. Voici la version intégrale de l'article ; mes commentaires en italique.

" La foi chrétienne proclame que Jésus est le Fils de Dieu. Puisque Dieu sait tout, Jésus, le Fils de Dieu, devait tout savoir et en conséquence connaître la façon dont il allait mourir. Le raisonnement est simple mais insuffisant.

Nous allons un peu compliquer les choses !

 

" Car le " savoir " du Fils de Dieu ne ressemble pas à notre savoir. Notre connaissance est humaine et non divine. Nous ne pouvons donc pas savoir comment fonctionne la connaissance divine. Jésus est vraiment Dieu et vraiment homme.

Première contradiction. Vous sauvez les meubles en précisant que " Jésus est vraiment Dieu et vraiment homme ", mais hormis le péché et cette précision, omise, reste de taille. Est-ce parce que notre connaissance reste humaine et non divine que nous devons éluder tout ce que la révélation nous apporte pour prétendre ne rien connaître de Dieu. Vous évoquer " le fonctionnement " de cette connaissance divine, le problème est-il vraiment là ?

 

" Dieu, nous le connaissons si mal et si peu.

Voici ressurgir le scepticisme chère à l'esprit moderne qui permet de tout remettre en question. Les Écritures et la révélation, l'enseignement de l'Eglise, la Tradition ne représentent plus rien dans ce qui peut nous aider vers une meilleurs connaissance de Dieu. Ne sommes nous pas capable de faire une différence, par exemple, entre le Dieu des chrétiens et ce que les musulmans appellent Dieu ? Nous pouvons toujours dire que notre connaissance de Dieu reste insuffisante, certes, est-ce une raison pour ouvrir la porte aux théories les plus ambiguës ?

" En revanche, nous connaissons mieux l'humain ; nous en faisons partie. Nous savons que les humains ne savent pas de quelle manière ils vont mourir; ils ne peuvent que le pressentir sans aucune sûreté.

Alors, on limite le champ au domaine connu : l'humain, sans préciser que si Jésus est vraiment Dieu ET vraiment homme, il ne connaît pas le péché. Comme Dieu, Il sait tout (cela inclut son avenir en tant qu'homme) et comme homme il connaît la souffrance (qui n'est pas liée au péché mais à notre nature humaine et terrestre). La souffrance que le Christ va connaître durant sa passion, Il va la connaître avec une dimension divine, c'est-à-dire avec une intensité que nous, humains, nous ne sommes en mesure d'évaluer et qui n'a rien à voir avec la plus grande souffrance qu'aurait pu connaître le plus grand des martyrs. Maintenant, oui, nous pouvons dire que nous ne sommes pas en mesure d'évaluer ce qu'a pu être cette souffrance de Jésus qui, en plus de cette souffrance, portait gratuitement tous les péchés du monde !

" Jésus savait que son attitude lui attirerait de l'opposition, de l'opposition forte, et que certains voulaient le supprimer. Il s'y est préparé, l'a accepté. Il a donné sa vie. L'Incarnation du Fils de Dieu n'a aucunement abîmé ou télescopé l'humanité de Jésus..

L'utilisation de ces termes est confuse. Elle est en totale contradiction avec ce qui suit.

 

1/ Jésus fait confiance à son Père

" Jésus donc ne pouvait pas savoir, à moins que son humanité ne soit qu'un leurre, ...

Voici le sophisme dans toute sa dimension : on essaie de nous faire croire qu'il y a une contradiction entre la nature humaine et la nature divine du Christ,

... de quelle manière il allait mourir.

En tout les cas, le Christ savait qu'il allait mourir d'une manière abominable pour les juifs et pour le monde. Parler ici de " manière " est une façon de jouer sur les mots.

" Il n'avait aucune raison de penser qu'il allait mourir sur la croix avant sa condamnation par ses adversaires, car la croix, malédiction d'après la citation du Deutéronome 21, 23 (" maudit soit celui qui pend sur le bois "), était réservée aux bandits, esclaves ou étrangers, pour les punir de mort. Or, Jésus n'était ni bandit, ni esclave, ni étranger.

Ceci augmente d'autant plus la dimension de la souffrance qui attendait le Christ et qu'Il connaissait à l'avance de par sa nature divine.

 

2/ Le troisième jour, une indication chronologique imprécise

Ici, nous entrons en pleine hérésie : le Christ est porté par les évènements. On nous annonce qu'il a dû être surpris de se voir ressusciter ! Le hasard, ou Dieu, qu'importe, a fait que ce fut au troisième jour !

" Jésus n'a pas été à la mort en pensant que trois jours après il serait relevé d'entre les morts. Il croyait comme la majorité de ses compatriotes (les sadducéens ne croyaient pas en la résurrection des morts) que Dieu le ressusciterait " le troisième jour ". L'expression " troisième jour " n'est pas une indication chronologique précise. Au temps de Jésus, elle évoquait pour les croyants le jour de la résurrection des morts.

 

" Bien sûr, après la pâque chrétienne, les chrétiens ont revisité cette expression.

La religion est une invention des hommes et celle-ci des chrétiens bien sûr !

" Elle indique pour eux désormais la Résurrection de Jésus.

Heureusement que les hommes sont là pour nous remettre dans le droit chemin !

 

3/ Les évangélistes écrivent après Pâques

" Les évangélistes qui écrivent après Pâques croient par révélation que Dieu a relevé Jésus d'entre les morts et l'a glorifié près de lui. Ils vont raconter la Passion et la mort de Jésus en faisait percevoir à leurs lecteurs que le Christ est ressuscité. La lumière de la Pâque éclaire les récits de la Passion et de la mort de Jésus, parce que les évangélistes ont vécu les expériences pascales. Le Jésus mis en scène par les Évangiles est aussi le Ressuscité. "

 

Présenté comme ceci, on se demande pourquoi les disciples du Christ sont tous allés jusqu'au martyre pour défendre leur foi. Mais cela devait sans doute faire partie du scénario...

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