[Source: Politique Magazine]
Tribun non dénué de talents oratoires, Mélenchon a certes conservé le sens de la formule. Mais quant à la plèbe, il en est loin. Il ne suffit pas de se prétendre Spartacus moderne pour l’être….
Sénateur de l’Essonne, puis député européen, élu en 2009 et réélu en 2014, il goûte plutôt les douceurs de la Rome Bruxelloise qui n’est pas avare, comme on le sait, de gratifications en tous genres – sauf du temps de parole au Parlement. Qu’on se rassure donc : le sort de l’esclave révolté, crucifié pour sa rébellion, lui sera épargné !
Révolutionnaire en peau de lapin, il concentre sur sa personne et dans ses idées l’archaïsme français dans ce qu’il de plus ringard même s’il peut avoir quelques éclairs de lucidité (apprentissage, euro, constitution européenne). En dépit des apparences, Mélenchon voudrait que rien ne change. Posture et imposture !
Bien au chaud dans le système
Ancien militant trotskyste de l’OCI (tendance lambertiste) sous le pseudonyme de Santerre, le chef de la garde nationale qui conduisit Louis XVI à l’échaffaud, Mélenchon est en effet du côté bourreau, voire du côté bourgeois de la barrière sociale : membre du Grand-Orient de France et à de ligue des droits de l’homme, entré au parti socialiste comme la plupart des Trotskystes, il incarne l’aile gauche du PS. Il anime la Nouvelle Ecole Socialiste puis la Gauche Socialiste (1991) avec Julien Dray et Marie Noëlle Lienemann (il y aurait donc une gauche non socialiste !).
A ce titre, il s’opposa à la volonté de Mitterrand d’intervenir en Irak en 1991 et fut blâmé par la direction du PS pour n’avoir pas voté en faveur de l’Euro. De même, en 2005, il vota « non » au référendum sur la constitution européenne, rejoignant ainsi Fabius qu’il avait combattu. Entré au gouvernement de Jospin comme ministre de la formation professionnelle (2000), il se prononça pour l’interdiction pure et simple du FN. Il quitta le PS en 2008 et fonda le Parti de Gauche. Aux élections de 2012, il réalise un score plus qu’honorable de 11,1%, en quatrième position derrière le PS, l’UMP et le FN.
L’archaïsme français partagé au-delà de ses électeurs
Le voilà qui remet ça aujourd’hui comme candidat de la « France insoumise ». L’ennui pour lui est que les insoumis, certes de plus en plus nombreux, ce sont les français eux-mêmes qui ne supportent plus la classe politique. Leur nombre dépasse d’ailleurs largement le nombre de ceux qui voteraient pour lui.
» Soyez des révolutionnaires pour changer la société de fond en comble « … A l’entendre, on découvre surtout qu’il veut enrayer les évolutions en cours. Exemple : sa proposition de remettre 100 milliards d’euros dans les services publics (Philippot fait moins bien). La bureaucratie française, sa sous-productivité chronique, a de beaux jours devant elle ! Voilà qui n’est pas très révolutionnaire, mais sordidement soviétoïde (quand un trotskyste parle de pouvoir, il redevient stalinien, logique !). Révolutionnaire, Méluche demande à ses électeurs de rêver place Stalingrad. Et de quatre millions qu’ils étaient en 2012, de devenir Huit Millions !
En fait de rêve, celui de Mélenchon est très simple : dépasser Hollande s’il est candidat. Pour cela, il acceptera les votes des bobos qui se donnent le frisson prolétarien mais, plus secrètement, il rêve aussi de ravir ceux du FN, assez logiquement d’ailleurs tant certaines propositions de ce parti regardent à gauche. Parions même que l’habile homme mettra sous le boisseau son immigrationisme, hérité de l’internationalisme trotskyste. Il ratisse large le Méluche : intermittants, profs ,taxi, chômeurs, agriculteurs écolo, cheminots. Pour l’heure, les sondages lui donnent sensiblement le même score qu’en 2012 – autour de 12%. Pas négligeable, mais insuffisant, surtout si, demain, Montebourg et Duflot sont candidats à leur tour.
Cela fera beaucoup de monde sur le créneau du conservatisme archaïsant ! D’autant qu’il part sans l’appui du Front de Gauche et du PC. Annonciateur de l’élimination de la gauche au premier tour ? Peu importe. Mélenchon pense déjà à l’après 2017, où le champ de bataille sera passablement couvert de cadavres à gauche.
Méluche l’imposteur, une modalité du mal français
PME en ruine, grandes entreprises voguant au large, entrepreneurs et jeunes diplômés quittant la France… Silence radio de Mélenchon : restons bien au chaud entre nous autour de la flamme de la pseudo révolution, flamme pauvre en carburant ! La haine du chef d’entreprise et des entrepreneurs, des supérieurs hiérarchiques, le mépris pour l’innovation et l’initiative privée sont le vrai carburant du mélenchonisme, alimenté par la passion de l’égalité, la détestation de la richesse, surtout celle des autres, 75% de pénalité sur les salaires des cadres la plus brillants… Voilà un programme qui plaît mais qui nuit, y compris à ceux à qui ça plait.
Que dit Mélenchon de ce sondage, pourtant de 2013: 51% des 25/35 ans quitteraient la France s’ils le pouvaient ? Pendant ce temps-là, à l’étranger, on recrute les plus qualifiés, les plus dynamiques, qui ne veulent pas vivre dans un univers de fonctionnaires indolents, la France des URSSAF du RSI, de l’ISF de l’IR, de la CAF, des la SS, qui font fuir les employeurs et les futurs employés que Mélenchon recyclera dans les nouveaux emplois créés par les 100 milliards pour les Sévices publics (l’oubli du r est volontaire). N’en jetez plus! Une vision du monde, d’un homme qui, comme tous les politiques, n’entend rien à l’entreprise, qui s’imagine que les revenus sont toujours fixes et non liés à l’activité… Avec Mélenchon, c’est la décadence à grande vitesse. Avec les autres, c’est plus lent mais, à terme, ce serait faire de la France un grand service public, gris, triste comme un jour sans pain, morne comme un guichet d’assurance sociale.
Ce qui est révolutionnaire en France aujourd’hui, c’est de vouloir respirer politiquement et économiquement, sans la pensée unique et son clergé, sans la religion des droits de l’homme et ses juges prêtres, sans les journalistes à la plume serve, sans le show-biz qui rit de tout et méprise les français , même s’il est vrai, Mélenchon bouscule un peu des petit monde de la presse aplatie. C’est enfin disposer librement des fruits de son travail sans une armée de ponctionnaires et de taxateurs dont l’inventivité n’a d’égale que leur stérilité. Monsieur Mélenchon les français veulent la liberté. Vous leur vendez l’égalité. Vous roulez à contresens : je vous conseille la sortie ou la bande d’arrêt d’urgence.
Olivier Pichon