Les taux d’intérêt ressemblent furieusement à la petite bête qui monte, qui monte, qui monte : sournoisement, vicieusement, ils montent peu à peu, de mois en mois, et ne risquent pas de s’arrêter en si bon chemin.

Prenons simplement l’exemple des taux des emprunts d’État, sorte de baromètre qu’il est toujours intéressant de regarder de près. En France, les taux d’intérêt des emprunts d’État à 10 ans tournaient autour de 0 % à l’automne dernier : ils tournent aujourd’hui autour de 2 %, ce qui est une remontée spectaculaire. En Allemagne, les mêmes taux étaient négatifs il y a six mois : ils sont également aujourd’hui de l’ordre de 2 %. Quant à l’Italie, sur la même période, les taux sont passés de 1 % environ à 4 % environ actuellement, ce qui est explosif. Tout cela montre que la hausse des taux concerne les pays d’Europe dans leur ensemble, et que ce mouvement ne risque pas de s’arrêter ou de s’inverser de sitôt.

 

De leur côté, la BCE et la FED inaugurent une nouvelle politique monétaire, fondée sur le relèvement de leurs taux directeurs. Tiens-tiens, juste après l’élection de Macron, en ce qui concerne la BCE, ce que nous avions prédit il y a 18 mois… 

La première victime de ce phénomène sera l’ensemble des folles dettes publiques amoncelées depuis des décennies par les Etats : leur coût annuel risque de devenir très rapidement insupportable. En ce qui concerne la France, par exemple, des scénarios crédibles prévoient, pour le budget 2023, un coût de notre dette publique pouvant avoisiner les 100 milliards d’euros, contre une quarantaine de milliards d’euros en 2021. Soit, dans de tels scénarios, une soixantaine de milliards d’euros de charges supplémentaires pour le budget public, pour le seul paiement des intérêts d’une dette gigantesque ! Décidément, Macron mérite absolument son titre prestigieux de Mozart de la finance.

Autre victime de cette remontée des taux : les particuliers, qui vont emprunter à des taux de plus en plus élevés, alors qu’il est presque certain que leurs revenus ne suivront pas l’inflation. Et comme les banques se montrent actuellement de plus en plus restrictives, et durcissent considérablement les conditions auxquelles elles accordent leurs prêts, les particuliers, comme d’ailleurs les petites entreprises, risquent de devoir faire face à une situation pour le moins problématique.

Cela dit, terminons tout de même sur une note positive ! Les particuliers et les PME qui, depuis plusieurs années, ont emprunté à des taux particulièrement bas sur des durées particulièrement longues, seront les grands gagnants d’une remontée des taux, désormais accompagnée du redémarrage de l’inflation. Dans quelques années, leurs mensualités ne vaudront plus grand-chose : nous ne pouvons que les en féliciter !

 

François Billot de Lochner