Le candidat Éric Ciotti devient président des Républicains ! L’emportant dans un scrutin interne avec 53,7 % des voix contre 46,3 % pour son adversaire Bruno Retailleau, cette élection marque la victoire d’une ligne droitière mais aussi celle d’un personnage assez limité qui devra faire face à des échéances complexes. Le choix Ciotti est celui des militants et pas de cadres du parti qui portaient plutôt leur préférence en direction du président du groupe des sénateurs LR Bruno Retailleau.

La victoire d’une ligne d’apparence droitière

 

Élu par la base militante des Républicains, Éric Ciotti revendique un ancrage à droite, lui qui entend vouloir rassembler sur des idées de droite. Concurrent malheureux de Valérie Pécresse à la primaire de la droite et du centre pour l’élection présidentielle, il l’emporte cette fois d’une courte-tête dans un scrutin qui aura rassemblé environ 70 000 votants au premier comme au second tour. Une victoire qui consacre la politique de la petite phrase : adepte des slogans à l’emporte-pièce et volontiers provocateur, Éric Ciotti est obnubilé par la sécurité et préconise des solutions analogues à son alter ego parti dans la majorité présidentielle Christian Estrosi - à savoir plus de caméras et de contrôles, sans parler d’un effacement des libertés publiques. Il avait par exemple appelé à l’adoption de lois analogues au Patriot Act américain et prôné la création d’un « Guantanamo » à la française.
Ardent défenseur du service militaire dont il a lui-même été exempté, il apparaît comme fort en gueule mais finalement peu téméraire.

 

La victoire du moins pensant

 

Sur une ligne sensiblement similaire à celle du gouvernement concernant la gestion de la crise sanitaire, il apparaît comme un personnage limité et changeant. Insistant sur sa sympathie pour Éric Zemmour avant la campagne présidentielle, il a plus récemment hurlé avec les loups contre le député RN Grégoire de Fournas, accusé à tort de racisme après une manipulation de l’extrême-gauche. Moins fort en gueule, l’autre candidat à la présidence LR Bruno Retailleau avait, lui, souligné la malhonnêteté des accusations portées contre cet adversaire politique.

Proche de François-Xavier Bellamy dont la ligne tant sur le Covid que l’immigration a été d’une rectitude déconcertante, le patron des sénateurs de la droite parlementaire ne subit cependant pas une défaire écrasante et il faudra compter sur lui pour les combats à venir.

La victoire d’Éric Ciotti s’inscrit dans une période politique durant laquelle l’outrance et la provocation l’emportent souvent sur les idées.

 

Des lendemains qui déchantent ?

 

La victoire d’Éric Ciotti est censée propulser la candidature Wauquiez ; mais la précipitation est mauvaise conseillère et la prochaine élection présidentielle aura lieu dans seulement quatre ans et demi. Laurent Wauquiez le sait, lui qui fut président du parti pendant moins d’un an et demi et qui dut s’en aller après la défaite des européennes de 2019. Il sera d’ailleurs rapidement question de scrutin européen pour Éric Ciotti, qui devra faire face à une double menace pour l’élection de 2024 avec le Rassemblement National qui a fait de ces élections une spécialité - l’emportant en 2014 et 2019. La formation d’Éric Zemmour, Reconquête, sera aussi de la partie et jouera son va-tout en plaçant des têtes d’affiche et en essayant de siphonner des voix aux LR comme à la présidentielle. Or, aux européennes, les électeurs ont tendance à voter pour se « faire plaisir » (RN, EELV) et LR pourrait connaître une nouvelle déconvenue.

Les électeurs de droite pourront toujours se consoler de ce scrutin en regardant à gauche. Samedi, l’Insoumis Manuel Bompard était nommé arbitrairement chef du parti mélenchoniste... Comme quoi, quelle que soit la méthode, la médiocrité a toutes ses chances !

 

Olivier Frèrejacques