Source [Atlantico] : Derrière les tensions entre le gouvernement français et celui de Giorgia Meloni se cacheraient aussi des calculs politiques sur les futurs équilibres au sein du Parlement européen. Et sur l’impact qu’ils pourraient avoir en retour en France.
Atlantico : Le président Italien est à Paris, dans un contexte de tensions entre la France et l’Italie, dans la foulée des critiques de Gérald Darmanin sur la politique migratoire de Rome. A quel point la manière dont Meloni incarne le pouvoir en Italie représente-t-elle une menace politique pour Emmanuel Macron (à la fois sur le plan européen et sur la scène nationale) ?
Rodrigo Ballester : Les tensions en matière de migration entre Paris et Rome ne datent pas d'hier et n’ont pas commencé avec l’arrivée de Meloni, elles sont récurrentes et ont eu lieu sous différents gouvernements de part et d’autre. De ce point de vue-là, ne cherchons pas midi à quatorze heures, la migration n’est pas un prétexte, c’est un vrai problème entre ces deux poids lourds de l’Union qui n’ont pas fini leurs désaccords sur ce sujet.
Ceci dit, l’arrivée de Meloni au pouvoir et ses premiers succès depuis qu’elle siège au palais Chigi changent en effet la donne sur l’échiquier européen. Pendant son ascension au pouvoir et surtout pendant la campagne électorale, l’establishment européen a crié au loup fasciste contre Meloni, l’a affublée de toutes les phobies possibles et imaginables, en a fait la caricature d’une soi-disant peste brune et la réincarnation des fantômes du passé, et… il n’en est rien, absolument rien. Meloni mène tranquilement sa barque, continue de gagner des élections locales et a insufflé un vent de stabilité politique dans un pays chroniquement instable. Et même si elle se montre conciliante et pragmatique à Bruxelles, elle déroule une grande partie du programme sur lequel elle s’est faite élire sans complexes et sans se laisser désarçonner.
En somme, elle incarne une sorte de droite tranquille, mûre, de gouvernement et qui s’engage dans les batailles culturelles. Une droite qui dit et agit, sans pour autant faire trop de vagues. Elle est donc le visage d’une alternative crédible qui dément tous les préjugés à son encontre et qui « fait le boulot ». A ce titre, elle a de quoi inquiéter les autres forces politiques plus usées, dont le centre macronien si présent dans les cercles européens.
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