Aimez-vous le théâtre, miroir de la société, et surtout, miroir de soi-même, à travers l’autre, le frère humain si proche, et si mystérieux ? Pour cela, nul besoin de subventions publiques, et de décors flamboyants.

L’intelligence et le talent suffisent. Et la ténacité de l’esprit qui perce les saisons. De l’esprit vous en trouverez au théâtre du Nord-Ouest, dont la programmation vient de changer. Vous y goûterez un peu ce poids des " mots seuls " qui rappelle cette appréhension du théâtre cher à l’acteur et dramaturge Karol Wojtyla.

Après une saison de création autour du thème " La Mort et le Passage ", et l‘intégrale Claudel en 2003, la compagnie de l’Elan dirigée par Jean-Luc Jeener, présente jusqu’au 31 décembre 2004 l’ensemble des pièces de Feydeau. Changement de registre donc, qui sera suivi, en 2005 par un retour au sérieux avec une saison de création sur le thème : Justice et Politique.

À découvrir, ce Théâtre du Nord-Ouest. Théâtre d’art et d’essai, sa programmation a la particularité d’alterner des saisons de six mois, consacrées soit à l’intégrale d’un auteur classique, soit à des pièces de création autour d’un thème de réflexion contemporain. Au cours d’une même saison, vingt à trente spectacles sont présentés en alternance. Après l’intégrale Racine en 1999, l’intégrale Musset en 2000, Corneille en 2001, le TNO proposa l’intégrale Victor Hugo en 2002.

Pilotée par l’auteur de Théâtre, le souffle de l’Esprit (Téqui, 2002), Jean-Luc Jeener, la Compagnie de l’Élan a été créée en 1968. En créant en juin 1998, le Don Juan de Molière, la compagnie de fêtait ses 30 ans par un retour aux sources : Don Juan fut en effet le premier spectacle présenté en 1968 au lycée Janson de Sailly. Une dizaine de spectacles suivront, montés à droite et à gauche avec les moyens du bord, mais avec déjà la rage de créer.

Parmi ceux-ci deux pièces écrites par le futur directeur de la troupe, Jean-Luc Jeener : Histoire de Roi et les Méfaits de Tchekhov.

1976 marque la naissance officielle de la compagnie sous la double direction d'Éric Laborey et de Jean-Luc Jeener. Ceux-ci s'orientent vers la création d'auteurs contemporains. Ils montent à deux reprises — en 1977 Le Sang fort et en 1979 Les Gens des Marais — les pièces du grand dramaturge africain, Wole Soyinka, futur prix Nobel peu connu alors.

L'humanité, devant le mystère du mal

Pendant dix ans, la compagnie alterne les pièces pour enfants comme Le Fils du dragon et La Belle Sarrasine (Théâtre 13) avec des œuvres plus austères comme Le Rachat (Essaïon) ou plus monumentales comme l'An Mil (Cité Internationale) ou Spartacus (Conciergerie), avec pour ces deux-là, plus de 30 comédiens.

Deux thèmes intimement liés hantent la plupart des œuvres créées : la question du mal, et celle du devenir de l'humanité. Une interrogation poussée à l'extrême à travers le personnage d'Erszébeth Bathory, comtesse sanguinaire, pendant féminin de Gilles de Rais, interprétée en 1982 par Elisabeth Tamaris.

On trouve alors parmi les familiers de la compagnie, Yasmina Reza, Pascale Roze, Dominique Economidès et Anne Marbeau.

1986 – 1995, l'épanouissement

L'Élan trouve en 1986, sous l'église Saint-Eustache un lieu à la mesure de son inspiration. La crypte Sainte-Agnès, du XIIIe siècle, avec ses voûtes de pierre, correspond idéalement au théâtre de communion auquel son directeur aspire.

Tout en poursuivant la création de pièces contemporaines, de Jean-Luc Jeener, Patrice Le Cadre ou Claude-Henri Rocquet, la compagnie puise pour la première fois dans le répertoire classique. Phèdre, Bérénice, Bajazet de Racine, Le Misanthrope et Le Tartuffe de Molière, Le Cid de Corneille font six mois par an vibrer les spectateurs.

En abordant ces monstres sacrés, L'Élan ne change nullement de sens : à travers les personnages de Racine ou de Molière, il s'agit toujours de retrouver face à soi, l'autre, c'est-à-dire soi-même, le frère humain. Montherlant, Le Maître de Santiago (1989), et Port-Royal (1995) et Péguy, Le Mystère de la Charité (1990) contribuent également aux succès de la compagnie, à la constitution d'un public de fidèles.

1997 – ..., l'accomplissement

Après quelques spectacles montés à l'Essaïon, la compagnie a le coup de foudre pour un lieu, inoccupé : Le Passage du Nord-Ouest. Comédiens, auteurs, metteurs en scène, éclairagistes, attachés de presse, réunis autour de Jean-Luc Jeener — et ils tiennent souvent plusieurs rôles à la fois — décident de retrousser leur manches pour créer là un vrai théâtre.

En 2003, la compagnie se consacrée à un cycle "Théâtre : miroir du monde" et à la présentation de l’ensemble de l’œuvre théâtrale de Paul Claudel. En six années d’existence, le Nord-Ouest aura produit plus de deux cent cinquante spectacles, dont quarante créations.

> Retrouvez ici le détail de cette programmation ainsi que le programme du jour.

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