[Source : Boulevard Voltaire]
Non content d’annoncer son retrait, le Luxembourgeois s’est montré sceptique quant à la capacité des Européens à rester unis.
Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne, a annoncé qu’il ne briguerait pas de second mandat en 2019. Non content d’annoncer son retrait, le Luxembourgeois s’est montré sceptique quant à la capacité des Européens à rester unis :
« Concernant Trump et le Brexit, tout le monde dit : “C’est une grande chance pour l’Europe, l’heure est venue de serrer les rangs et de marcher d’un même pas.” Je souhaite que cela soit le cas, mais est-ce que c’est ce qui va se passer ? J’ai des doutes. Parce que les Britanniques peuvent diviser sans trop d’efforts les vingt-sept autres États membres […] L’Union européenne évolue dans des directions différentes selon les pays, des directions difficilement compatibles entre elles. »”Évincé du poste de Premier ministre luxembourgeois en 2013 par le fringant Xavier Bettel, Juncker revint par le haut en décrochant le Graal européen sous la bannière du PPE. L’Europe de Bruxelles, à bout de souffle, est aussi la sienne, tant il l’incarne jusque dans ses dérives.
L’« idée de l’Europe », au nom de laquelle le premier des Européens – titre qu’il partage avec Donald Tusk – arpente le continent, est celle d’un espace géopolitique fédéraliste, bureaucratisé et, partant de là, à mille lieues des aspirations des peuples.
De son magistère, Juncker n’a pas manqué, à cet égard, d’attaquer les eurosceptiques, particulièrement en verve. Ses cibles favorites : Nigel Farage, héros du Brexit, Viktor Orbán, accueilli lors d’un sommet par un « Salut, dictateur » accompagné d’une baffe, ou Marine Le Pen à propos de laquelle il prétendait, dernièrement, qu’il porterait le deuil si elle devait être élue à la tête de la République française.
Surtout, son comportement désinvolte, fruit peut-être d’un éthylisme qui a inquiété les chefs d’État européens, en aura agacé plus d’un, y compris dans son propre camp. Le personnage dégingandé qui traînait son spleen dans les couloirs européens est en train de se désarticuler, tel un pantin. À l’image de l’Union européenne.
L’heure est aujourd’hui venue pour une autre Europe. Une Europe des peuples. Une Europe des nations. Une Europe sans Juncker. Celui-ci, en annonçant se retirer sur l’Aventin, n’aura fait qu’anticiper un naufrage qu’il ne saurait voir. Courage, fuyons.