Source [L'incorrect] Gladden Pappin est professeur de politique à l'Université de Dallas, rédacteur en chef adjoint des Affaires américaines, chercheur et conseiller principal du Center for Ethics and Culture de l'Université de Notre Dame. Selon lui, les évènements de mercredi dernier reflètent des conservateurs remontés, un régime fragile et un pouvoir médiatique de plus en plus important.
Pouvez-vous nous résumer ce qui s'est passé mercredi soir à Washington ?
Il y a eu deux évènements importants ces derniers jours dans la vie politique américaine. Mardi 5 janvier se tenait le second tour des élections en Géorgie, qui ont vu les Démocrates gagner le siège dont ils avaient besoin pour contrôler le Sénat. Cela a accru la tension avec les partisans de Donald Trump, lesquels se sont réunis à Washington. Le lendemain 6, le Congrès devait ouvrir les bulletins de vote de chacun des cinquante États, et c’est alors que les événements que tout le monde a vu se sont produits. La sécurité au Capitole des États-Unis ne s'attendait pas à une foule agressive : dans l'ensemble, les partisans de Trump sont des partisans de l'ordre et manifestent pacifiquement. Cependant, certains dans la foule ont souhaité faire un plus grand spectacle.
Ils ont rapidement submergé le périmètre du Capitole, et la police ne savait pas comment répondre. Ce qui était en train de se dérouler n’était pas clair, et les membres des forces de l’ordre pouvaient tout à fait supposer que c’était un mouvement violent, raison pour laquelle il y a eu des coups de feu tirés. Mais ensuite, il est devenu clair que ça n’était pas le cas, lorsque des personnes déguisées sont entrées dans l’hémicycle du Sénat pour prendre des photos. Le résultat, c’est une scène terrible pour la politique américaine, et très étrange. Plutôt qu’une insurrection violente ou une émeute, c’était comme un spectacle pour réseaux sociaux, avec ces gens qui traversaient la Chambre du Congrès et se prenaient en photos. C’était à la fois un acte terrifiant et un divertissement pour les réseaux sociaux. [...]
Pourquoi sont-ils entrés dans la Capitole ? Était-ce un coup d’État, comme le disent de nombreux commentateurs ?Non, ce n’était pas un coup d’État, parce qu’ils n’avaient aucun plan. Je pense qu’ils ne pensaient pas réussir à entrer, mais le périmètre de sécurité s’est effondré beaucoup plus rapidement que prévu. La sécurité du Capitole ne s’attendait pas à un nombre aussi important de manifestants. C’est un acte qui était évidemment dangereux : une femme a été tuée et trois autres personnes se trouvent dans des situations d’urgence. Pour autant, ce n’était pas une tentative de coup d’État : ils n’avaient pas vraiment l’intention de faire quoi que ce soit, mis à part faire une scène et de produire du contenu pour les médias sociaux. En définitive, c’était un événement de type très postmoderne.Peut-on dire que la démocratie américaine a été mise en danger ? La deuxième constitution la plus ancienne du monde et son calendrier ont presque plié devant la légitimité charismatique d’un dirigeant politique et de ses partisans.Non, je pense que les actions de mercredi, bien que visuellement choquantes, n’ont pas représenté en elles-mêmes une menace fondamentale pour l’ordre politique américain. Cependant, elles ont révélé que l’ordre et la structure du pays sont déjà en train de s’effondrer. Traditionnellement, les conservateurs aux États-Unis acceptent que leurs défaites politiques soient légitimes, à l’inverse de la gauche qui a toujours le sentiment que ses défaites sont illégitimes. Pour la gauche, la victoire de Trump était illégitime dès le premier jour, et les médias ont tout fait pour délégitimer Trump et l’empêcher d’agir.Avec l’expérience de ces quatre dernières années et les changements du système de vote (vote par procuration), les conservateurs en ont conclu que l’élection n’avait pas été juste d’une manière ou d’une autre. Ce sentiment d’injustice s’est manifesté de différentes manières : par exemple, certaines personnes ont prétendu qu’il y a eu des fraudes commises le jour des élections. Je pense que plus généralement, cela signifie simplement que les conservateurs ont estimé que leur défaite n’était pas légitime cette fois-ci. C’est là un changement fondamental dans la politique américaine. La gauche considère les institutions de manière instrumentale et les exploite, alors que la droite a toujours cru en soi à ces institutions. De nombreux conservateurs ordinaires estiment désormais que ces structures les excluent intentionnellement. Cependant, il est assez clair que la scène extraordinaire à laquelle nous avons assisté va rendre la situation des conservateurs pire encore.
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