Source [Boulevard Voltaire] Connaissez-vous ces trois jours qui précèdent l’Ascension au cours desquels sont organisées des messes, des bénédictions ou des processions ? Il y a de fortes chances que les rogations ne parlent plus qu’à certaines personnes vivant à la campagne ou attachées aux traditions catholiques. Pour les autres, ce mot désuet n’évoquera rien, si ce n’est un souvenir lointain peut-être aperçu un jour dans un missel romain… Et pourtant, cet héritage est à transmettre aux futures générations.
Du latin rogatio, qui signifie « prière » ou « supplication », les rogations consistent à demander à Dieu sa bénédiction sur les récoltes à venir. « Accordez, Dieu tout-puissant, à ceux qui se confient en votre bonté au milieu de leur affliction, de trouver toujours contre toutes les adversités, un rempart dans votre protection », implore l’Église. Une tradition qui remonte au Ve siècle avec l’évêque de Vienne pour faire face à des calamités publiques. Éprouvée par des incendies, tremblements de terre, bêtes féroces, la ville se tourne vers le Ciel sur les recommandations de saint Mamert. Il est le premier à proposer ces trois jours de pénitence, de prières et de procession publique pour invoquer la miséricorde divine. Un réflexe chrétien qui s’étend progressivement dans toute la France et, en 816, le pape Léon III instaure cette tradition dans toute l’Église.
« L’esprit est très simple, c’est l’espérance chrétienne vraie. Intégrale. On demande à Dieu, d’abord, les biens spirituels. Le salut, la conversion des hommes. Puis on demande aussi, parce que c’est sur la route du Ciel et que c’est une nécessité pour nous autres incarnés, les fruits de la terre, et la préservation des fléaux climatiques, maladies… », explique l’abbé Garnier. Des traditions peu à peu tombées en désuétude car certains « ont cru bon de débarrasser la religion de ses traditions. Parce que le soupçon de superstition, l’illusion d’une pureté et d’une spiritualité plus haute ont fait dédaigner cet usage bienfaisant. »
Si nos routes de campagnes parsemées de calvaires ne sont plus autant traversées de ces processions chantées pour bénir les vignes ou les blés, chaque évêque veille à ce que dans son diocèse, et selon les coutumes locales, soit célébrée cette belle liturgie des rogations, au cours de ces trois jours des 10, 11 et 12 mai.
Les récents épisodes de gel ou l’épidémie pourraient être une invitation à se rappeler ou découvrir « que l’Église est une Mère ! Sa préoccupation spirituelle touche les choses les plus incarnées, les nécessités les plus humbles », souligne l’abbé Garnier. Une tradition à remettre à l’honneur plus que jamais en ces temps difficiles, donc, pour « réinjecter de l’esprit chrétien dans l’attitude et la réaction aux aléas climatiques » et se souvenir que « Dieu n’est pas une curiosité que l’on s’offre le dimanche, il est le Créateur, le Seigneur est le maître de toute chose ».
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