Article rédigé par Antonio Gaspari*, le 18 octobre 2007
Le mouvement international "Chrétiens pour l'environnement" considère l'attribution du prix Nobel de la paix à Al Gore comme un "vrai scandale". Ce n'est pas la première fois que le jury du Nobel fait des choix peu avisés, mais dans le cas de Gore, on a dépassé les limites.
Nous serions curieux de connaître les motivations des votants : nulle part dans le monde, on ne voit ce qu'Al Gore a fait pour la paix. Au contraire, lorsque il était vice-président des États-Unis, il a contribué et soutenu des actes de guerre critiquables, comme à l'occasion du conflit contre la Serbie.
Les "Chrétiens pour l'environnement" sont particulièrement indignés, puisqu'Al Gore représente — et soutient toujours les intérêts — de ce que le pape Jean Paul II a appelé "l'impérialisme contraceptif", qui, dans les trente dernières années, a répandu et pratiqué des mesures en faveur de l'avortement, de la stérilisation, de la contraception abortive, surtout vis-à-vis des populations pauvres des pays en voie de développement.
Les victimes de cette campagne se compte par millions, et à chaque enfant avorté, garçon ou fille, il faut ajouter la douleur des parents. Des familles entières rayées de la carte.
À l'occasion de l'attribution du Nobel de la Paix à Mère Teresa de Calcutta, la bienheureuse expliqua qu'"il n'y aurait pas de paix dans un monde où l'on autorise l'avortement". Le pape Jean Paul II, dans la lettre encyclique Evangelium vitæ, fait référence aux mesures de sélection des naissances comme d'une "guerre des puissants contre les faibles" (n. 12).
Pour toutes ces raisons, nous nous demandons comment il a été possible d'attribuer le Nobel à Al Gore, un homme qui fait partie de ces puissants qui entendent faire pratiquer massivement l'avortement et les stérilisations pour éliminer les pauvres et les faibles.
C'est une honte, parce qu'on donne un prix en faveur de la paix à quelqu'un qui répand la terreur psychologique sous des arguments scientifiques pour faire avaliser la thèse selon laquelle les changements climatiques seraient une menace bien plus grave que le terrorisme islamique, comme il l'a dit plusieurs fois.
La menace la plus grave pour la paix aujourd'hui vient plutôt de ceux qui cherchent à convaincre l'opinion qu'une journée de janvier trop chaude est plus dangereuse qu'une bombe dans le métro, laissant sans défense la population — en premier lieu occidentale — face aux véritables ennemis de l'humanité.
C'est une folie aussi, parce qu'on récompense un mouvement écologiste qui cherche par tous les moyens à bloquer le développement des pays pauvres, en les empêchant — au nom de principes écologiques abstraits — d'accéder à des sources d'énergie utiles et économiques. Et ce n'est pas un hasard si, ces derniers jours, une association proche de Gore et du GIEC-IPCC a proposé Cuba comme l'unique et véritable exemple de développement soutenable.
Enfin, en ce qui concerne l'engagement écologique personnel d'Al Gore, on s'étonne que le jury qui attribue le Nobel n'ait pas tenu compte de l'hypocrisie d'un personnage dont la consommation énergétique personnelle produit du gaz à effet de serre dans des proportions sans commune mesure avec la consommation qu'il reproche à la population [1].
* Antonio Gaspari est président de "Chrétiens pour l'environnement" (www.cristianiambiente.org), un mouvement international engagé à faire connaître la doctrine sociale de l'Église et en particulier à pratiquer les lois de l'écologie humaine et du bien commun, selon l'enseignement des papes.
L'écologie humaine explique le rapport entre l'humanité et la création selon une triple dimension : personne, famille et développement. La dignité et l'unicité de la personne humaine, la famille comme première école de l'amour et l'humanisation du monde en développement sont les véritables conditions d'une transformation sociale par le travail et la liberté d'éducation.
[1] Le Tennessee Center for Policy Research (TCPR) a révélé qu'Al Gore consomme dans sa ville de Nashville vingt fois plus d'électricité et de gaz que l'Américain moyen, et que sa consommation ne cesse d'augmenter. Source :
Svipop, Milan.
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