Article rédigé par Jean Flouriot, le 01 décembre 2006
La République démocratique du Congo (ex Zaïre) s'apprête à mettre fin à un long et chaotique processus de transition en proclamant élu au deuxième tour de scrutin le président sortant Joseph Kabila.
En fait, celui-ci détient le pouvoir depuis déjà cinq ans, à la suite de l'assassinat de son père, Laurent Désiré Kabila. Il y a dix ans Kabila père avait été mis en place par le Rwanda mais il s'était débarrassé de ses protecteurs étrangers que ne supportait pas la population congolaise. Le Rwanda et l'Ouganda étaient alors intervenus contre Kabila en suscitant des rebellions internes. Il a fallu de longues négociations et une lourde intervention des Nations-unies (16 000 casques bleus) pour ramener un certain calme dans le pays. Une combinaison politique complexe (un président et quatre vice-présidents dont les chefs des rebellions) a finalement débouché sur une nouvelle Constitution et des élections (présidentielles, législatives, provinciales).
Des trente-trois candidats du premier tour de la présidentielle, ont émergé Joseph Kabila, le président sortant, et Jean-Pierre Bemba, un ancien chef de guerre. Kabila est plébiscité dans l'est du pays qui a subi les conséquences les plus graves des rebellions tandis que Bemba est majoritaire à l'Ouest et, particulièrement, dans la capitale Kinshasa. La violence reste très présente dans tout le pays et s'est invitée dans le processus électoral : lors de la proclamation des résultats du premier tour qui mettaient en ballottage Kabila, deux jours de combats entre les miliciens de Jean-Pierre Bemba et la garde de Kabila ont fait vingt-trois morts dans les rues de Kinshasa.
Kabila sort vainqueur du second tour (58% des voix) mais, bien évidemment, Bemba conteste ce résultat. La tension est très grande dans la capitale d'où le nouvel élu veut faire sortir les miliciens de son rival. La présence des casques bleus et d'une force européenne (EUFOR) bloque, pour le moment, des réactions trop violentes. Qu'en sera-t-il dans quelques semaines lorsque le nouveau président aura été officiellement intronisé et que la force européenne se sera retirée ?
Trente années de prédation
La plus riche des colonies européennes d'Afrique (ancien Congo belge) est devenue l'un des pays les plus pauvres d'Afrique, dévasté par les trente années de prédation de Mobutu et de son entourage et les pillages des envahisseurs et des alliés de Kinshasa. Tout est à reconstruire : l'État, les infrastructures, l'université, les écoles, le système de santé, etc. Que seront les nouveaux gouvernants face à l'appétit de matières premières des dragons asiatiques et autres maîtres de l'économie mondiale ?
La R D Congo est un enjeu important pour la Francophonie : 60 millions d'habitants et un potentiel minier, agricole et forestier considérable, le seul grand pays francophone d'Afrique. Face à la dégradation de la situation au Tchad et en Centrafrique sur lesquels déborde la guerre du Darfour soudanais, la R D Congo sera-t-elle un facteur de stabilité ? On peut en douter ...
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