Pour une écologie humaine du réchauffement global
Article rédigé par Jérôme Stevenson, le 18 décembre 2009

La conférence de Copenhague va-t-elle accoucher d'une souris ? Ce serait regrettable, mais on peut s'inquiéter. Alors que l'Église appelle à une moralisation de la prise de conscience écologique (dans le Message du pape pour la Journée mondiale de la paix 2010), deux éditorialistes de l'Osservatore romano pointent le décalage entre les appels de Benoît XVI en faveur d'une écologie orientée par la notion de développement intégral de la personne humaine , et l' éco-centrisme qui prétend résoudre les problèmes climatiques – où règne une grande confusion – à travers la dénatalité et la désindustrialisation, plutôt qu'à travers la promotion de valeurs qui rendent sa dignité originelle à l'individu (Tedeschi, 17 décembre). Le climatologue Franco Prodi parle de faux-départ (OR, 7-8 décembre).

Comment la question climatique en est-elle venue a polluer les priorités d'une écologie véritablement humaine ? Entre 1970 et 1998, les températures ont connu une augmentation moyenne réelle et cette augmentation a semblé être parallèle à l'augmentation d'un des gaz à effet de serre, le C02. Intrigué, le G7 a demandé à l'ONU en 1988 de créer le GIEC (IPCC en anglais), le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat.
Cet organisme a publié une série de rapports sur la question du lien entre l'augmentation du CO2 et celles des températures en 1989, 1995, 2001 et 2007, le dernier de ces rapports étant le plus alarmiste. Du 7 au 18 décembre, l'ONU organise une conférence sur le changement climatique à Copenhague dont l'objet initial est d'obtenir un accord global pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Quelques semaines auparavant, on apprenait qu'un hacker avait subtilisé et dévoilé 13 ans d'e-mails échangés entre des chercheurs de l'Université de l'East Anglia, très engagés auprès du GIEC, mettant en cause leurs propres conclusions.
Qu'est-ce que l'écologie ?
Au-delà de l'honnêteté des uns et des autres, l'affaire révélait que sous l'unanimisme officiel, le débat scientifique persistait. Car enfin, qu'est-ce que l'écologie ? Wikipedia nous fournit une réponse intéressante : L'écologie, du grec οίκος : "oikos" (maison) ; et λόγος : "logos" (discours, sciences, connaissance), est l'étude scientifique des interactions qui déterminent la distribution et l'abondance des organismes vivants. Ainsi, l'écologie est une science biologique qui étudie deux grands ensembles : celui des êtres vivants (biocénose) et le milieu physique (biotope), le tout formant l'écosystème (mot inventé par Tansley). L'écologie étudie les flux d'énergie et de matières (réseaux trophiques) circulant dans un écosystème. L'écosystème désigne une communauté biotique et son environnement abiotique.
Nous voila loin du pathos : ours blanc, inondation, tempête, destruction, catastrophe, et de l'ethos : Al Gore, Blair, GIEC, ONU !
Que nous voila loin des complots peu ragoûtants des hackers de l'East Anglia qui révèlent les pratiques tout aussi immorales de ces climatologues du GIEC qui utilisent des tricks , complotent pour interdire des publications, n'utilisent que la partie de bases de données qui convient aux résultats qu'ils cherchent à obtenir, etc.
Existe-t-il encore une écologie scientifique lorsque les phénomènes naturels se trouvent instrumentalisés au service de causes qui lui sont étrangères, même si certaines sont respectables ?
La tête froide
Face à un tel tourbillon d'intérêts cachés, de mensonges, de semi-vérités, de guerres idéologiques, tentons de garder la tête froide et d'approcher au plus près la vérité et commençons par rappeler quelques faits scientifiques incontestés :

 

  • Le soleil fournit à la planète Terre toute son énergie et toute sa chaleur.
  • Les changements climatiques sont des phénomènes naturels constants et d'échelles extrêmement variées. Ces changements permanents incluent des variations de température, de niveau de la mer, du niveau des glaces, etc.
  • Le carbone est indispensable à la vie. Il est un puissant facteur de développement de la végétation.
  • La vapeur d'eau (H2O) est le gaz à effet de serre le plus présent dans l'atmosphère ; il est 27 fois plus présent que le carbone. Le méthane, le protoxyde d'azote et l'ozone jouent également un rôle mineur.
  • La quantité de CO2 dans l'atmosphère est passée de 0,0280% à 0.0383% en 50 ans.
  • La quantité de carbone rejeté dans l'air par l'homme est passée de 6 milliards de tonnes en 1995 à 7,9 en 2005, dont chaque année environ 45% sont absorbés par la mer.
  • La mer contient 4000 milliards de tonnes de carbone et l'atmosphère terrestre 750.
  • De 1970 à 1998, les températures moyennes ont connu une croissance incontestable.
  • Depuis 1998, la croissance des températures est quasi nulle.
  • Les glaces de l'Arctique ont connu leur extension contemporaine minimum en 2007. 2008 et 2009 montrent une inversion et une réelle croissance de la glace.
  • La quantité de cyclones dans l'Atlantique nord est revenu à des chiffres comparables à ceux d'il y a 30 ans.
  • Les tâches solaires sont passées par un minimum en 2008. 2009 ne montre aucune reprise avec 74% de jours sans tâches, contrairement aux attentes.

Ceux qui savent et ceux qui cherchent
Inventaire à la Prévert ? Non, multiplicité des interactions, complexité prodigieuse, complexité merveilleuse de la nature. La climatologie (nous voulons dire ici la climatologie scientifique) se trouve aujourd'hui en plein développement. Elle passe par cette phase passionnante ou chaque découverte révèle d'immenses champs à pénétrer. C'est pourquoi ceux qui pensent savoir se trompent et ceux qui doutent cherchent.

Deux exemples seulement. Nous en sommes au tout début de la compréhension des mécanismes d'interaction entre les tâches noires sur le soleil et l'évolution climatique de la Terre. Le rôle des nuages est encore largement incompris et donnent lieu à des publications qui inversent les connaissances.

Il est vraiment temps que dans ce champ de la connaissance climatologique, comme dans celui de la finance ou de la biologie, la société se résolve à entendre ce que nous dit le vieil homme qui voit loin, car il est sur le sommet de la montagne :

Pour préserver la nature, il n'est pas suffisant d'intervenir au moyen d'incitations ou de mesures économiques dissuasives, une éducation appropriée n'y suffit pas non plus [souligné par nous]. Ce sont là des outils importants, mais le point déterminant est la tenue morale de la société dans son ensemble.

Si le droit à la vie et à la mort naturelle n'est pas respecté, si la conception, la gestation et la naissance de l'homme sont rendues artificielles, si des embryons humains sont sacrifiés pour la recherche, la conscience commune finit par perdre le concept d'écologie humaine et, avec lui, celui d'écologie environnementale. Exiger des nouvelles générations le respect du milieu naturel devient une contradiction, quand l'éducation et les lois ne les aident pas à se
respecter elles-mêmes. Benoît XVI, Caritas in veritate (n. 51).

*Jérôme Stevenson vient de publier : Climat, vers un réchauffement du débat ? , Liberté politique n° 47, hiver 2009.

 

 

Pour en savoir plus :

Benoît XVI, Message pour la Journée mondiale de la paix 2010, Génération-BenoitXVI.com
Ettore Gotti Tedeschi, La Conferenza dell'ONU sull'ambiente. Aggiustamento mercantile o accordo mondiale ?, Osservatore romano, 17 décembre 2009.
Franco Prodi, Incertezze del vertice di Copenaghen. Per chi salvare l'ambiente, Osservatore romano, 7-8 décembre 2009.
Sandro Magister, Cultivez la Création : la révolution verte de Benoît XVI, Chiesa.espresso.repubblica.it, 17 décembre 2009

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