Article rédigé par Thierry Boutet, le 06 septembre 2007
À en jugez par les réactions qu'elle a suscitées, et malgré les critiques d'usage, la Lettre aux éducateurs de Nicolas Sarkozy est plutôt bien passée auprès des "instits", des "profs" et de leurs syndicats.
Une initiative originale, qui ne laisse pas indifférent. Il s'agit plutôt d'une lettre d'intention, le temps de la refondation est venu écrit Nicolas Sarkozy. Rien de fondamentalement nouveau cependant par rapport aux propos de la campagne : même diagnostic et mêmes projets en filigrane, sans que le contenu de ceux-ci soit défini très concrètement. Par exemple, que signifie ce souhait : Nul ne doit entrer en sixième s'il n'a pas fait la preuve qu'il était capable de suivre l'enseignement du collège , lorsque par ailleurs on a déjà officiellement renoncé à l'examen d'entrée dans le secondaire ?
L'intérêt de ce courrier réside donc plus dans son esprit général que dans le détail des réformes qu'il préconise. Le monde a besoin d'une nouvelle Renaissance, qui n'adviendra que grâce à l'éducation. À nous de reprendre le fil qui court depuis l'humanisme de la Renaissance jusqu'à l'école de Jules Ferry, en passant par le projet des Lumières conclut le chef de l'État.
Un vœu pieusement républicain ? Pas tout à fait. Nicolas Sarkozy ne quitte pas la posture réformatrice. Il continue d'affirmer que la génération contestataire issue de 68, plus attachée à la spontanéité et à la créativité qu'à la transmission des valeurs et des savoirs, a fait son temps. Il évite aussi d'annoncer, dans l'immédiat, les réformes attendues par la très grande majorité des Français mais qui dérange les syndicats enseignants.
Sur l'organisation des savoirs fondamentaux, sur la réforme des méthodes d'apprentissage, comme la méthode syllabique pour la lecture, le par cœur, la connaissance des quatre opérations dés le cours préparatoire, le calcul mental, le Président demeure très vague.
Qu'elle est donc sa stratégie ? Veut-il, avec son ministre Xavier Darcos, préparer peu à peu les mentalités aux réformes nécessaires sans prendre de front le monde enseignant ou bien, comme d'autres le pensent, "enfumer l'opinion" et chercher à rassurer ceux qui l'ont élu sur un programme de réformes profondes et qu'ils attendent ? La réponse tient en partie à la capacité des Français, et de nous mêmes, à exiger que les orientations prises soient effectivement traduites en acte le plus rapidement possible.
Pour en savoir plus :
■ La Lettre aux éducateurs du Président Sarkozy
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